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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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pas revu Didi pendant des années. Un jour, alors que j ’ étais avocat à Johannesburg, une jeune femme et sa mère sont entrées dans mon bureau. La jeune femme avait un enfant et son petit ami ne voulait pas l ’ épouser, et elle voulait le poursuivre en justice. Cette jeune femme était Didi, mais une Didi devenue décharnée et vêtue d ’ une robe aux couleurs passées. J ’ étais désespéré de la voir ainsi et je me disais que les choses auraient pu tourner différemment. Finalement, elle a renoncé à son procès et je ne l ’ ai jamais revue.
    Malgré mes faiblesses sur le plan sentimental, je me suis progressivement adapté à la vie dans le township, et j ’ ai commencé à prendre conscience d ’ une certaine force intérieure, à croire que je pouvais très bien me débrouiller en dehors du monde dans lequel j ’ avais grandi. J ’ ai découvert lentement que je ne devais pas compter sur mon appartenance à la famille royale ni sur son soutien pour avancer et j ’ ai noué des relations avec des gens qui ignoraient mon ascendance royale ou que cela n ’ intéressait pas. J ’ avais mon propre chez-moi, aussi humble soit-il, et je sentais naître en moi la confiance et l ’ indépendance nécessaires pour voler de mes propres ailes.
     
    A la fin de 1941, on m ’ a prévenu que le régent se trouvait à Johannesburg et qu ’ il voulait me voir. J ’ étais inquiet mais je savais que je devais le rencontrer et, en fait, j ’ en avais envie. Il habitait au quartier général de la WNLA, la Witwatersrand Native Labor Association, l ’ agence de recrutement des mineurs dans le Reef.
    Le régent m ’ a semblé beaucoup changé, ou peut-être était-ce moi qui avais changé. Il n ’ a pas parlé de ma fuite, du mariage arrangé qui n ’ aurait pas lieu ni de Fort Hare. Il s ’ est montré gentil et attentif, en m ’ interrogeant d ’ un ton paternel sur mes études et mes projets. Il a reconnu que ma vie prenait un bon départ et qu ’ elle serait différente de ce qu ’ il avait imaginé pour moi. Il n ’ a pas essayé de me dissuader et je lui ai été reconnaissant qu ’ il m ’ ait dit de façon implicite que je n ’ étais plus à sa charge.
    Ma rencontre avec le régent a eu un double effet. Je m ’ étais réhabilité à mes propres yeux et en même temps j ’ avais retrouvé l ’ estime que j ’ avais eue pour lui et pour la famille royale thembu. J ’ étais devenu indifférent à mes anciennes relations, une attitude que j ’ avais adoptée en partie pour justifier ma fuite et en partie pour soulager la douleur que me faisait éprouver la séparation avec un monde que j ’ aimais et que j ’ estimais. Il était rassurant de retrouver la chaude étreinte du régent.
    Si le régent semblait satisfait de moi, il était très mécontent de Justice et disait qu ’ il devait retourner à Mqhekezweni. Justice avait une liaison avec une jeune femme et je savais qu ’ il n ’ avait pas l ’ intention de rentrer. Après le départ du régent, Bangindawo, un de ses chefs, avait intenté un procès à Justice, et j ’ ai accepté d ’ aider celui-ci quand il a été convoqué devant le commissaire aux Affaires indigènes. A l ’ audition, j ’ ai fait valoir que Justice était adulte et qu ’ il n ’ était pas dans l ’ obligation de rentrer à Mqhekezweni simplement parce que son père lui en donnait l ’ ordre. Quand Bangindawo a pris la parole, il n ’ a pas répondu à mon argument mais il a essayé de jouer sur ma propre loyauté. Il m ’ a appelé Madiba, mon nom de clan, ce qui était bien calculé pour réveiller mon héritage thembu. « Madiba, a-t-il dit, le roi s ’ est occupé de toi, il t ’ a éduqué et traité comme son propre fils. Maintenant tu veux écarter son fils de lui. C ’ est contraire aux souhaits de l ’ homme qui a été ton tuteur fidèle et contraire au chemin qui a été tracé pour Justice. »
    Le discours de Bangindawo m ’ a profondément touché. Justice avait effectivement une destinée différente de la mienne. C ’ était un fils de chef, et un futur chef lui-même. Après l ’ audience, j ’ ai dit à Justice que j ’ avais changé d ’ avis, et que je pensais qu ’ il devait rentrer. Ma réaction l ’ a dérouté mais il a refusé de m ’ écouter. Il a décidé de rester et a dû parler de mon conseil à sa petite amie parce que ensuite elle ne m ’ a plus jamais adressé la parole.
     
    Au début

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