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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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allé voir la voiture qu ’ il a passée au peigne fin. Sous le tapis de sol, il a trouvé un exemplaire du journal de gauche The Guardian, que j ’ avais caché immédiatement après l ’ accident. (J ’ avais glissé la lettre pour le Dr. Moroka sous ma chemise.) Il a regardé le titre puis il a levé le journal en l ’ air, comme un pirate avec son butin. «  Wragtig ons het ’ n kommunis gevang   ! » (Ma parole, on a attrapé un communiste   !) Tout en brandissant le journal, il est parti en courant. Il est revenu une heure plus tard accompagné d ’ un autre officier. Ce dernier, qui était pourtant lui aussi afrikaner, voulait faire son travail correctement. Il a dit qu ’ il allait prendre des mesures sur les lieux de l ’ accident pour le rapport de police. Je lui ai répondu qu ’ on ne pouvait pas prendre de mesures la nuit alors que l ’ accident avait eu lieu en plein jour. J ’ ai ajouté que j ’ avais l ’ intention de passer la nuit à Thaba ‘ Nchu et que je ne pouvais pas rester à Kroonstad. Le sergent m ’ a regardé avec impatience et m ’ a dit   : « Quel est ton nom   ?
    —  Mandela.
    —  Non, le prénom. » Je le lui ai dit.
    « Nelson, a-t-il continué, comme s ’ il parlait à un enfant, je veux t ’ aider à reprendre ton voyage. Mais si tu commences à me créer des difficultés, je n ’ aurai pas d ’ autre solution que de te boucler pour la nuit. » Cela m ’ a ramené sur terre et j ’ ai accepté qu ’ on prenne les mesures.
    Je suis reparti très tard dans la nuit et le lendemain matin, je traversais le district d ’ Excelsior quand ma voiture est tombée en panne sèche. Je suis allé jusqu ’ à une ferme et j ’ ai expliqué en anglais à une vieille femme blanche que j ’ aimerais lui acheter un peu d ’ essence. Elle a refermé sa porte, en disant   : « Je n ’ ai pas d ’ essence pour toi. » J ’ ai fait deux kilomètres jusqu ’ à la ferme suivante et, échaudé par ma première tentative, je m ’ y suis pris autrement. J ’ ai demandé à voir le fermier et, quand il est apparu, j ’ ai pris une attitude humble. Je lui ai dit   : « Mon baas est tombé en panne d ’ essence. » «  Baas   » est le terme afrikaans qui veut dire « maître   » ou « patron   » et qui indique la soumission. Ce fermier amical et serviable était un parent du Premier ministre Strijdom. Pourtant, je pense qu ’ il m ’ aurait quand même donné de l ’ essence si je lui avais dit la vérité et si je n ’ avais pas employé le mot haï de «  baas   ».
     
    La rencontre avec le Dr. Moroka se révéla moins mouvementée que mon voyage. Il approuva le contenu de la lettre et je suis revenu à Johannesburg sans encombre. Cette lettre adressée au Premier ministre rappelait que l ’ ANC avait épuisé tous les moyens constitutionnels à sa disposition pour obtenir nos droits légitimes et que nous exigions l ’ abrogation des six « lois injustes   » avant le 29 février 1952, sinon nous engagerions des actions extra-constitutionnelles. La réponse de Malan, signée par son secrétaire particulier, affirmait que les Blancs avaient un droit inhérent de prendre des mesures pour préserver leur propre identité en tant que communauté séparée, et il terminait sur une menace   : si nous poursuivions nos actions, le gouvernement n ’ hésiterait pas à utiliser pleinement tout ce qui était à sa disposition pour étouffer les troubles.
    Nous avons considéré la réponse sèche de Malan comme une déclaration de guerre. Nous n ’ avions maintenant plus d ’ autre possibilité que la désobéissance civile, et nous nous sommes lancés sérieusement dans la préparation d ’ actions de masse. Le recrutement et la préparation des volontaires étaient une des tâches essentielles de la campagne et son succès ou son échec en dépendrait en grande partie. Le 6 avril, des manifestations préliminaires ont eu lieu à Johannesburg, Pretoria, Port Elizabeth, Durban et Le Cap. Alors que le Dr. Moroka s ’ adressait à une foule dans Freedom Square à Johannesburg, je parlais à un groupe de volontaires potentiels au Syndicat des travailleurs du vêtement. J ’ ai expliqué à plusieurs centaines d ’ Africains, d ’ Indiens et de métis qu ’ être volontaire était une tâche difficile et même dangereuse car les autorités chercheraient à les intimider, à les emprisonner et peut-être à les agresser. Quoi que

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