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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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tension.
    Emboîtant le pas à Saül, il traversa la cour, suivi de
Philémon, puis pénétra dans un bâtiment de bois d’un seul étage surmonté d’un
haut toit. Et les visiteurs s’assirent avec bonheur sur un banc rugueux devant
une table récurée avec soin. La pièce s’ornait encore d’une imposante cheminée
en pierre. Saül tira d’un baril de bière anglaise deux bols bien remplis et les
offrit à ses hôtes avant de prendre place en face d’eux.
    Philémon se jeta sur sa boisson, Godwyn n’en prit qu’une
gorgée. Comme Saül ne leur offrait rien à manger, il comprit que rien d’autre
ne leur serait proposé avant l’angélus. De toute façon, il était trop anxieux
pour avaler quoi que ce soit.
    Le moment était délicat, en effet. Devant Roland, il avait
dû s’élever contre la nomination de Murdo au poste de prieur tout en veillant à
ne pas présenter sa candidature comme impossible. Maintenant, il devait exposer
la situation de telle sorte que Saül ne puisse que refuser sa nomination. Il
avait déjà préparé ses arguments. La seule difficulté était de bien les dire.
Au moindre faux pas, Saül se méfierait, et alors Dieu seul sait ce qui se
produirait.
    Saül ne lui laissa pas le loisir de s’inquiéter plus
longtemps.
    « Quel bon vent vous amène parmi nous, mon frère ?
    — Le comte Roland a recouvré ses esprits.
    — J’en remercie le Seigneur.
    — Cela signifie que nous pouvons élire un prieur.
    — Bien. Il n’est pas bon de rester trop longtemps sans
prieur.
    — À votre avis, qui faut-il désigner ? »
    Saül évita la question. « Des noms ont-ils déjà été
avancés ?
    — Celui de frère Thomas, le maître d’ouvrage.
    — Il fera un bon prieur. Quelqu’un d’autre ?
    — Pas de manière formelle, répondit Godwyn, choisissant
d’énoncer une demi-vérité.
    — Et Carlus, le sous-prieur ? Quand je suis venu à
Kingsbridge pour l’enterrement du prieur Anthony, il était le principal
candidat.
    — Il ne se sent pas capable d’assurer ces fonctions.
    — Du fait de sa cécité ?
    — Peut-être. » À l’évidence, Saül n’était pas au
courant de l’incident survenu pendant la fête de saint Adolphe. Godwyn décida
de ne pas l’en informer. « En tout cas, il a pris sa décision après une
mûre réflexion et de longues prières.
    — Le comte n’a nommé personne d’autre ? »
    Godwyn marqua une brève hésitation. « Il a quelqu’un en
tête... vous, et c’est la raison de notre venue, répondit-il, ce qui n’était
pas véritablement un mensonge, plutôt une explication fallacieuse.
    — Je suis honoré.
    — Sa décision n’a pas l’air de vous surprendre »,
énonça Godwyn en scrutant son interlocuteur.
    Saül rougit. « Pardonnez-moi, j’avoue que cette pensée
m’a traversé l’esprit, compte tenu que le grand Philippe et maints autres
prieurs après lui ont dirigé cet ermitage avant d’être à la tête du prieuré de
Kingsbridge. Mais cela ne signifie pas que je sois aussi digne qu’eux de remplir
ces fonctions.
    — Ces réflexions n’ont rien de honteux. Que pensez-vous
d’être pressenti pour ce poste ?
    — Ce que j’en pense ? répéta Saül, quelque peu
mystifié par la question. Mon opinion n’a aucune importance. Si le comte
souhaite me nommer, il me nommera ; et si mes frères me veulent pour
prieur, ils voteront pour moi. Je considérerai alors que Dieu m’a
appelé. »
    Ces atermoiements n’étaient pas du goût de Godwyn, qui
voulait que Saül se désiste. « Tout n’est pas si simple, dit-il. Vous
n’êtes pas obligé d’accepter cette nomination. C’est pourquoi le comte m’a
envoyé ici.
    — Ça ne lui ressemble guère de quérir l’avis de
quelqu’un quand il peut ordonner. »
    Se rappelant que Saül était un homme judicieux, Godwyn se
hâta de faire machine arrière. « En effet. Quoi qu’il en soit, si vous
songez à refuser, il doit le savoir le plus tôt possible de manière à pouvoir
nommer quelqu’un d’autre. » Cette dernière affirmation était certainement
plus proche de la vérité, même si Roland n’en avait pas touché mot.
    « Je n’imaginais pas que les nominations se passaient
de la sorte. »
    Et pour cause ! pensa Godwyn dans son for intérieur.
« La dernière fois qu’un prieur a été élu, mon oncle Anthony, nous
n’étions que des novices, vous et moi, déclara-t-il. Nous ne savons donc pas comment
les choses se sont

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