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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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coupa
Roland pour la seconde fois. Je croyais que, par définition, les frères lais
n’étaient pas rattachés à une congrégation. » Par cette déclaration, le
comte cherchait seulement à provoquer Murdo. Il n’était pas sans savoir que les
frères lais, jadis religieux itinérants très respectueux du vœu de pauvreté, se
regroupaient à présent en congrégations aussi riches que les ordres
traditionnels.
    Murdo lui fit la réponse convenue : « Je crois que
Dieu accepte les deux formes de sacrifice.
    — Autrement dit, vous êtes disposé à retourner votre
manteau.
    — Le temps passant, j’en suis venu à penser que les
talents que Dieu m’a prodigués seraient mieux employés derrière les murs d’un
monastère. Voilà pourquoi, oui, je serais heureux d’embrasser la règle de saint
Benoît.
    — Pour quelle raison devrais je prendre en
considération votre candidature ?
    — Parce que j’ai également été ordonné prêtre.
    — Ce ne sont pas les prêtres qui manquent.
    — Bien des fidèles me suivent, à Kingsbridge et dans
les environs. Je peux donc affirmer en toute modestie être le religieux qui
jouit de la plus grande influence dans la région.
    — Il est exact que le frère lai est extrêmement
populaire », intervint le père Jérôme, prenant la parole pour la première
fois.
    Ce secrétaire était un jeune homme intelligent et sûr de
lui. Certainement ambitieux, estima Godwyn par-devers lui. Mais il se trompait
s’il croyait Murdo aussi populaire auprès des moines. Toutefois, il n’entrait
pas dans les intentions de Godwyn de l’éclairer trop sur ce point.
    Ni dans celles de Murdo, qui hocha la tête et déclara sur un
ton empreint d’onctuosité : « Je vous remercie de tout cœur, père
Jérôme. »
    Godwyn jugea bon d’avancer ses pions : « Le frère
Murdo est populaire auprès de la foule ignorante.
    — Comme l’était Notre Sauveur, riposta l’interpellé.
    — Les moines se doivent de mener une vie de pauvreté et
d’abnégation, insista Godwyn.
    — Si j’en juge à sa soutane, le frère Murdo ne roule
pas sur l’or ! assena le comte. Quant à l’abnégation, les moines de
Kingsbridge me semblent mieux nourris que bien des paysans.
    — Le frère Murdo a été vu ivre dans les tavernes !
Protesta Godwyn.
    — La règle de saint Benoît n’interdit pas aux moines de
boire du vin.
    — Seulement s’ils sont malades ou travaillent dans les
champs.
    — Je prêche dans les champs. »
    River son clou à Murdo n’était pas chose facile, et Godwyn
se réjouit de ne pas vouloir remporter le débat. S’adressant au comte, il
déclara : « Ce que je peux dire à Votre Seigneurie, en ma qualité de
sacristain, c’est que je lui déconseille vivement de nommer Murdo prieur de
Kingsbridge.
    — J’en prends note », laissa tomber Roland
froidement. Surprenant le regard légèrement étonné de dame Philippa, Godwyn se
dit qu’il avait été un peu trop rapide. Le comte Roland, quant à lui, ne
semblait pas l’avoir remarqué, n’étant pas un homme d’une grande finesse.
    Cependant, Murdo avait encore des choses à dire. « Le
prieur de Kingsbridge doit servir Dieu, naturellement. Toutefois, concernant
les questions temporelles, il devrait être guidé par le roi et par les comtes
et les barons qui le servent. »
    Il était difficile d’exposer ses intentions plus clairement,
nota Godwyn. Murdo aurait aussi bien pu jurer au comte qu’il serait son homme.
Quand les moines apprendraient qu’il avait fait une déclaration aussi indigne,
ils seraient horrifiés, et les rares parmi eux qui auraient pu soutenir la
candidature de Murdo changeraient de camp immédiatement.
    Comme Godwyn ne réagissait pas, Roland le regarda d’un air
interrogateur. « Une objection, frère sacristain ?
    — Je suis sûr que le frère Murdo n’a pas voulu dire que
le prieuré de Kingsbridge devait s’en remettre à vous pour tous les sujets,
temporels et autres, n’est-ce pas, frère Murdo ?
    — J’ai dit ce que j’ai dit, rétorqua celui-ci de sa
voix de stentor.
    — Cela suffit, conclut le comte de Shiring que cette
joute oratoire n’amusait plus. Vous perdez votre temps, l’un et l’autre. Je
nommerai Saül Tête-Blanche. Allez-vous-en maintenant ! »
    *
    Le monastère de Saint-Jean-des-Bois était en plus modeste la
copie du prieuré de Kingsbridge. L’église, petite, était en pierre, tout comme
le cloître et le dortoir. Les

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