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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Philippa a dit que le comte ne devait voir
personne. »
    Un sourire entendu, comme peuvent s’en échanger deux hommes
quand il est question des capacités d’une femme, étira les lèvres de Godwyn.
Ralph le lui rendit. Passant la tête à l’intérieur de la pièce, il
demanda : « Et pour frère Godwyn, le sacristain ? »
    Il y eut un silence et dame Philippa sortit dans le couloir.
Ayant refermé la porte sur elle, elle s’écria avec colère : « J’ai
dit : aucune visite ! Le comte Roland n’arrive pas à se reposer.
    — Je le sais, madame, mais frère Godwyn ne se
permettrait pas de tracasser le comte en vain. »
    Le ton employé par Ralph força Godwyn à le regarder.
L’expression d’adoration qu’il lut sur son visage lui fit prendre conscience de
la beauté voluptueuse de dame Philippa. Dans sa robe grenat, dont la ceinture,
enserrant la taille, mettait en valeur les courbes pleines de ses hanches et de
ses seins, elle était une statue dédiée à la tentation. Une fois de plus Godwyn
regretta que les femmes soient autorisées à pénétrer dans l’enceinte du prieuré
et il souhaita ardemment trouver le moyen d’y remédier. Qu’un écuyer tombe
amoureux d’une femme mariée, c’était déjà une mauvaise chose. Que cela
survienne à un moine, ce serait dramatique !
    « Je me trouve dans la situation très regrettable de
devoir déranger le comte, dit Godwyn. Et il Y a en bas un frère lai qui réclame
également de le voir.
    — Je sais, frère Murdo. Son affaire est-elle si
pressante ?
    — Non, au contraire. Mais je dois prévenir le comte de
quoi il retourne.
    — Vous savez donc ce qu’il veut lui dire ?
    — Je le crois.
    — Dans ce cas... le mieux, je pense, serait que vous
voyiez le comte ensemble.
    — Mais...», objecta Godwyn et il feignit de taire une
protestation.
    Se tournant vers Ralph, dame Philippa lui ordonna de faire
monter Murdo. Puis elle introduisit les deux religieux dans la chambre du
comte.
    Roland était sur son lit, habillé de pied en cap comme
lorsque Godwyn l’avait quitté. Cependant il n’était plus étendu mais assis, et
un oreiller de plumes soutenait sa tête bandée. « De quoi s’agit-il, les
moines ? D’une réunion du chapitre ? maugréa-t-il avec sa mauvaise
humeur habituelle. Que me voulez-vous encore ? »
    Godwyn n’avait pas revu le comte de face depuis
l’effondrement du pont. Grande fut sa surprise de découvrir qu’il avait tout le
côté droit du visage paralysé : l’œil caché sous la paupière, la joue
quasiment immobile lorsqu’il parlait et un côté de la bouche relâché et
affaissé. Cette fixité faisait ressortir plus vivement les rides sur la partie
gauche de son front. Le froncement de son sourcil gauche donnait à son œil droit
écarquillé une autorité flamboyante, et ses paroles jaillissaient avec
véhémence de la gauche de sa bouche. Godwyn le regardait avec ébahissement. En
tant que médecin, il savait que les blessures au crâne pouvaient laisser des
séquelles surprenantes, mais il n’avait jamais entendu parler de manifestations
semblables.
    « Énoncez votre affaire, ne restez pas à me dévisager
comme deux vaches qui passent le museau au-dessus de la haie ! »
    Godwyn rassembla ses esprits. Il allait devoir éviter bien
des chausse-trappes au cours des minutes à venir. À l’évidence, Roland
refuserait de nommer Murdo prieur. Il convenait donc de planter dans son esprit
l’idée que Murdo pouvait être une bonne alternative à Saül Tête-Blanche. En
conséquence Godwyn allait devoir à la fois appuyer la requête Murdo et
s’opposer à lui : c’est-à-dire, paradoxalement, faire comprendre à Roland
que Murdo lui ferait allégeance – point crucial aux yeux du comte qui voulait
un prieur à ses ordres – et en même temps ne pas exprimer trop fortement les
objections des moines à sa candidature, pour que le comte ne se rende pas
compte que le frère lai n’avait en réalité aucune chance d’être élu. Telle
était donc la tactique tortueuse que Godwyn s’apprêtait à suivre.
    Murdo prit la parole en premier. « Mon seigneur, dit-il
de sa voix sonore d’orateur, je viens vous demander de considérer ma
candidature au poste de prieur de Kingsbridge. Je crois...
    — Pas si fort, pour l’amour des saints ! »
protesta Roland. Le frère lai reprit, un ton plus bas : « Mon seigneur,
je crois que Je...
    — Pourquoi voulez-vous être prieur ? le

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