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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Toutefois, dans cette
confrontation, il avait en main un atout aussi redoutable que la lame dénudée
d’une dague : sa connaissance du honteux secret de Richard et Margerie.
    Le prélat pénétra dans la pièce en affichant une confiance
qu’il était certainement loin d’éprouver. « Voici le marché que je vous
propose, lança-t-il sans préambule. Soyez le sous-prieur de Murdo. Vous serez
chargé de l’organisation de la vie quotidienne au prieuré. De toute façon,
Murdo ne veut pas s’occuper des questions d’administration, il vise seulement
le prestige. Vous aurez donc tous les pouvoirs et mon père sera satisfait.
    — Un instant, que je comprenne bien ! riposta
Godwyn. Murdo s’engage à me nommer son sous-prieur, et, tous les deux, nous
annonçons à la congrégation que vous ne ratifierez personne d’autre que Murdo.
Croyez-vous vraiment que les moines accepteront ?
    — Ils n’ont pas le choix !
    — J’ai une contre-proposition. Dites au comte que les
moines n’accepteront pas d’autre prieur que moi-même et que ma nomination doit
être ratifiée avant le mariage, sans quoi ils ne participeront pas à la
cérémonie, et les religieuses non plus. » Godwyn n’avait aucunement la
certitude d’être suivi sur cette voie par les moines et encore moins par les
religieuses, mais il s’était trop avancé pour reculer.
    « Ils n’oseront pas !
    — Si, je le crains ! »
    Une panique visible s’empara de Richard. « Mon père ne
se laissera pas intimider ! »
    Godwyn éclata de rire. « Je n’en doute pas un instant.
J’espère seulement qu’on saura lui faire entendre raison.
    — Il insiste pour que le mariage ait lieu quoi qu’il
arrive. Je suis évêque, je peux marier le couple. Je n’ai pas besoin des moines
pour cela.
    — Naturellement. Mais en leur absence, la cérémonie se
déroulera sans chants, ni candélabres, sans psaumes, ni encens. L’archidiacre
Lloyd et vous-même en serez les seuls ornements.
    — Ils seront quand même mariés.
    — Que pensera le comte de Monmouth d’offrir à son fils
une telle cérémonie pour son mariage ?
    — Il ragera, mais il sera bien forcé de l’accepter.
L’essentiel, c’est qu’une alliance soit scellée entre nos deux familles. »
    L’argument se tenait, et le froid glacé d’un échec imminent
s’abattit sur Godwyn.
    Le temps était venu pour lui de sortir son arme secrète.
« Vous me devez une faveur », dit-il.
    L’évêque commença par feindre l’incompréhension.
« Moi ? s’étonna-t-il.
    — J’ai gardé par-devers moi la connaissance d’un péché
que vous avez commis. Ne prétendez pas l’avoir oublié, l’affaire ne remonte
qu’à trois mois.
    — Ah, oui. C’était très généreux de votre part.
    — Je vous ai vu de mes propres yeux avec Margerie sur
le lit de la salle d’hôtes.
    — Silence, par pitié !
    — Je vous offre l’occasion de me retourner ma bonté.
Intercédez auprès de votre père. Persuadez-le de ne pas camper sur ses
positions. Arguez du fait que le mariage est d’une importance capitale.
Insistez pour qu’il ratifie ma nomination. »
    Le désespoir de Richard se lisait sur son visage. Il
semblait en proie à une lutte entre des forces contraires. « Je ne peux
pas ! répondit-il et sa peur transparut dans sa voix. Vous connaissez mon
père : il ne supporte pas qu’on lui résiste.
    — Essayez.
    — Je l’ai déjà fait ! Je lui ai arraché la
promesse de vous nommer sous-prieur. »
    Godwyn doutait fortement que Roland s’y soit résolu. À coup
sûr, Richard venait d’inventer ce mensonge en sachant qu’il ne lui serait pas
difficile de rompre pareille promesse. « Je vous en sais gré, mais ce
n’est pas suffisant, insista Godwyn.
    — Réfléchissez-y, supplia Richard. C’est tout ce que je
vous demande.
    — J’y réfléchirai, mais je vous prierai de faire en
sorte que votre père réfléchisse aussi à ma proposition.
    — Oh, Dieu ! se lamenta Richard. Nous courons à la
catastrophe. »
    *
    Le mariage devait être célébré le dimanche suivant. Le
samedi, à l’heure de l’office, Godwyn demanda que l’on procède à une répétition
générale des deux cérémonies, tout d’abord à celle de son intronisation, puis à
celle des noces de la nièce du comte. C’était à nouveau un jour sans
soleil ; le ciel était obscurci par des nuages gris et lourds de pluie qui
maintenaient la cathédrale dans la pénombre.

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