Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
s’étonna Godwyn. Dire que je ne m’en étais jamais rendu compte
auparavant.
    « Asseyons-nous, dit Philippa.
    — Le comte approuve-t-il la proposition que vous vous
apprêtez à nous soumettre ? s’enquit Pétronille.
    — Non, avoua Philippa avec un geste désabusé de la
main. Il est trop fier pour donner son accord sur un sujet que la partie
adverse risque de rejeter. En revanche, si le frère Godwyn se rallie à ma
proposition, j’ai une chance de convaincre le comte Roland d’accepter le
compromis.
    — C’est bien ce que je pensais.
    — Voulez-vous manger quelque chose, ma
dame ? » intervint Godwyn.
    Philippa rejeta son offre d’une main impatiente. « Au
train où vont les choses, tout le monde y perdra, commença-t-elle. Le mariage
aura bien lieu, mais sans la splendeur ni la cérémonie de mise. De sorte que
l’alliance de Roland avec le comte de Monmouth se sera établie sur de mauvaises
bases dès le départ. Comme l’évêque refusera de vous confirmer au poste de
prieur, nous devrons faire appel à l’archevêque pour résoudre le conflit. Il
vous rejettera tous les deux, Murdo et vous, et nommera une tierce personne,
probablement un membre de sa suite dont il veut se débarrasser. Et personne
n’aura obtenu ce qu’il voulait. N’ai je pas raison ? »
    La question s’adressait à Pétronille, laquelle émit un
grognement qui ne l’engageait à rien.
    « Dans ce cas, ne vaudrait-il pas mieux trouver une
autre solution que d’en référer à l’archevêque ? reprit Philippa. Vous
pourriez présenter un troisième candidat... À la condition, ajouta-t-elle en
pointant le doigt vers Godwyn, que ce candidat soit choisi par vous et qu’il
s’engage à vous nommer son sous-prieur. »
    Godwyn considéra la question. Certes, la proposition de dame
Philippa lui épargnerait un conflit avec le comte ; il n’aurait pas besoin
de le menacer de révéler au grand jour les agissements de son fils. D’un autre
côté, elle le condamnerait à végéter dans la position de sous-prieur pour un
laps de temps indéfini et l’obligerait à livrer une nouvelle bataille à la mort
du prieur pour se faire élire. Bien que la peur le taraude, Godwyn ne se
sentait pas porté à accepter ce compromis.
    Il jeta un coup d’œil à sa mère. Elle secoua la tête d’une
façon quasi imperceptible. Cet arrangement ne lui plaisait pas non plus.
    « Je regrette, répondit-il. Les moines se sont réunis
et m’ont élu. Le résultat du vote doit être respecté. »
    Dame Philippa se leva. « Dans ce cas, je vais vous
transmettre le message qui était la raison officielle de ma venue. Demain
matin, le comte quittera son lit. Il souhaite inspecter la cathédrale et
s’assurer que tout est en place pour le mariage. Vous devrez le retrouver
là-bas à huit heures. Tous les moines et nonnes devront être prêts et les lieux
décorés comme il se doit. »
    Godwyn hocha la tête pour signifier qu’il avait bien compris.
Dame Philippa sortit.
    *
    À l’heure dite, Godwyn était au rendez-vous, seul. Pas un
moine ni une religieuse ne l’assistaient. Il tenait ses mains serrées dans son
dos pour qu’on ne les voie pas trembler. La cathédrale, plongée dans le
silence, était dépouillée de tout ornement. Il n’y avait pas une bougie, pas un
crucifix, pas un calice, pas une fleur. Les stalles du chœur constituaient
l’unique pièce de mobilier. Le soleil brumeux qui avait fait de rares
apparitions entre des nuages de pluie tout au long de l’été jetait dans la nef
une lumière faible et froide.
    Le comte entra dans le sanctuaire.
    L’accompagnaient le seigneur William et dame Philippa,
l’évêque Richard et Lloyd, son auxiliaire, ainsi que le père Jérôme, son
secrétaire particulier. Godwyn se serait volontiers entouré d’un aréopage, mais
il n’avait informé que partiellement les moines de son projet. Les auraient-ils
mis au courant qu’ils n’auraient probablement pas eu le sang-froid nécessaire
pour l’assister dans cette confrontation. Voilà pourquoi il avait décidé
d’affronter seul le comte.
    Roland n’avait plus de bandage autour de la tête. Il
marchait lentement mais d’un pas régulier. Après tant de semaines passées au
lit, il ne devait pas se sentir ferme sur ses jambes, mais il était déterminé à
ne pas le montrer. Si l’on exceptait sa paralysie faciale, il avait une
apparence normale. Visiblement, il tenait à délivrer au monde le message

Weitere Kostenlose Bücher