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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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passer voir ma mère qui est
souffrante », répondit Caris.
    Les deux petites filles entrèrent dans la chambre à coucher
de la mère de Caris, qui donnait sur l’avant de la maison. La malade était
étendue sur une couche en bois sculpté. Toute frêle, elle n’était pas plus
grande que sa fille. Caris la trouva encore plus pâle que d’habitude. Ses cheveux,
qui n’avaient pas encore été coiffés, collaient à ses joues humides de sueur.
« Comment vous sentez-vous ? demanda Caris.
    — Pas très forte, aujourd’hui. » Ces quelques mots
suffirent à l’essouffler.
    Caris éprouva aussitôt un douloureux mélange d’inquiétude et
de désarroi. Cela faisait toute une année que sa mère était souffrante. Le mal
avait commencé par des douleurs dans les articulations, bientôt suivies
d’ulcères dans la bouche et de bleus sur tout le corps, en nombre incalculable.
Elle n’avait plus la force de rien faire. La semaine dernière, elle avait
attrapé froid. Depuis, sa fièvre ne baissait pas et elle avait du mal à
reprendre son souffle.
    « Avez-vous besoin de quelque chose ? s’enquit
Caris.
    — Non, merci. »
    Cette réponse maintes fois entendue engendrait chez la
petite fille un sentiment d’impuissance qui l’exaspérait autant qu’il la
désolait. « Si j’envoyais chercher mère Cécilia ? » L’abbesse du
couvent de Kingsbridge était la seule personne capable de soulager un peu sa
mère. Son essence de pavot, qu’elle mélangeait avec du miel et du vin chaud,
parvenait à estomper les douleurs un moment. Caris voyait en elle un ange
descendu du ciel.
    « Ce n’est pas la peine, ma chérie. Dis-moi plutôt
comment était l’office de la Toussaint.
    — Terrifiant », répondit la petite fille,
remarquant par-devers elle que les lèvres de sa mère avaient perdu toute
couleur.
    La maman reprit après une pause : « Qu’est-ce que
tu as fait, ce matin ?
    — Je suis allée regarder les garçons s’exercer au tir à
l’arc. »
    Caris retint sa respiration, effrayée. Sa mère avait le don
de deviner ses secrets, mais elle avait posé les yeux sur Gwenda et
demandait : « C’est une amie à toi ?
    — Oui, elle s’appelle Gwenda. Je l’ai fait venir pour
lui montrer les chiots.
    — C’est bien. » Épuisée, la mère ferma les yeux et
tourna la tête.
    Les petites filles quittèrent la pièce sans faire de bruit.
    « Qu’est-ce qu’elle a ? voulut savoir Gwenda, que
le spectacle de la malade avait impressionnée.
    — Un mal qui la ronge. » Caris détestait parler de
la maladie de sa mère. Cela renforçait sa détresse ; cela lui faisait
toucher du doigt que rien n’était certain en ce bas monde, qu’un malheur était
toujours à craindre. Et l’angoisse que suscitait en elle ce sentiment était
bien plus terrifiante que le combat auquel elle venait d’assister dans la
forêt. Lorsqu’elle pensait au pire – au fait que sa mère pouvait mourir –, elle
éprouvait une sorte de flottement dans la poitrine. La peur panique qui
s’emparait d’elle alors lui donnait envie de hurler.
    La pièce du milieu servait de chambre d’amis. En été, elle
accueillait les marchands de laine italiens en provenance de Florence et du
Prato avec lesquels le père de Caris était en affaires. En cette saison, elle
était vide. Les chiots se trouvaient dans une troisième chambre qui donnait sur
l’arrière de la maison : le royaume de Caris et de sa sœur Alice. Avec un
soupir de joie, Gwenda se laissa tomber par terre auprès d’eux. Ils avaient
déjà sept semaines et ils étaient prêts à quitter leur mère qui se montrait impatiente
avec eux.
    Caris attrapa le plus petit de la portée. C’était une petite
femelle débordante de vie que sa curiosité poussait sans relâche à explorer le
monde. « Celle-là, je l’ai appelée Scrap et je vais la garder »,
dit-elle. Tenir ce petit animal et le caresser l’apaisaient et l’aidaient à
oublier ses inquiétudes.
    Les quatre autres petits chiots s’étaient lancés à l’assaut
de Gwenda de tous les côtés à la fois, la reniflant et mordillant sa robe. Elle
en prit un tout laid dans ses mains, un chiot marron avec un long museau et des
yeux trop rapprochés. « Il est mignon, celui-là », dit-elle. Le chiot
se retourna et grimpa sur ses genoux.
    « Tu veux le garder ? demanda Caris.
    — Je peux ? Vraiment ? » Les yeux de
Gwenda s’embuèrent de larmes.
    « On a le droit de les

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