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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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manteau écarlate était posé sur un tabouret près de la
table. Ce vêtement venait certainement de l’étranger, se dit Caris, parce qu’en
Angleterre, les teinturiers ne savaient pas donner à leurs rouges un éclat
aussi lumineux. Suivant le regard de sa fille, le père déclara :
« C’est pour ta mère. Elle a toujours voulu un manteau de ce rouge
italien. Espérons que ça lui redonnera l’envie de vivre. »
    Caris passa la main sur le tissu. La laine en était d’une
douceur admirable et tissée serré. Seuls les Italiens possédaient le secret
pour en fabriquer de semblables. « C’est beau », s’exclama-t-elle.
    Sur ce, sa tante Pétronille, sœur de son père, fit son
entrée. Il existait entre eux une ressemblance indubitable, mais autant le père
de Caris était cordial, autant sa tante était pincée. En fait, elle ressemblait
davantage à son autre frère, Anthony, le prieur de Kingsbridge. Comme lui, elle
était de haute taille et imposante alors que le père était tout en torse et
avait le pied bot.
    Caris détestait sa tante, qui alliait intelligence et
mesquinerie, mélange insupportable chez une grande personne. Elle n’arrivait
jamais à lui river son clou. Devinant l’aversion de son amie, Gwenda regarda la
nouvelle venue avec appréhension. Seul le père parut heureux de la voir.
« Entre donc, ma sœur ! Tu peux me dire où sont passés mes
serviteurs ?
    — Comment peux-tu me poser continuellement ce genre de
questions, Edmond ? Ça me dépasse ! Que veux-tu que j’y
réponde ? Je débarque de chez moi, à l’autre bout de la rue. Toutefois, si
tu veux mon avis, je dirai que ta cuisinière est au poulailler en train de
chercher des œufs pour te faire un pudding et que ta bonne est en haut, en
train d’aider ta femme à s’asseoir sur sa chaise percée. En général, c’est ce
que Rose réclame à cette heure du jour, aux alentours de midi. Quant à tes
apprentis, j’espère qu’ils sont tous deux à l’entrepôt de la rivière et qu’ils
veillent attentivement à ce qu’un fêtard pris de boisson n’ait pas l’idée de
faire du feu à proximité du hangar, parce que tes laines risqueraient de partir
en fumée. »
    Telle était l’habitude de Pétronille : débiter tout un
sermon pour répondre à une question simple. Et encore fallait-il supporter son
mépris ! Mais Edmond ne s’offusquait pas de ses manières. Il faisait comme
s’il ne les remarquait pas. « Tu es admirable, ma sœur. C’est bien toi qui
as hérité de la sagesse de notre père. »
    Pétronille se tourna vers les filles. « Notre père
descendait de Tom le Bâtisseur, qui était le beau-père et le mentor de Jack le
Bâtisseur, celui qui conçut les plans de la cathédrale de Kingsbridge,
dit-elle. Il avait promis de consacrer à Dieu son aîné. Malheureusement, c’est
moi qui suis arrivée la première. Il m’a donné ce nom de Pétronille, qui était
la fille de saint Pierre, comme vous le savez certainement. Puis il a prié pour
que lui vienne un garçon, la fois d’après. Hélas, son premier fils, Edmond,
était difforme. Ne voulant pas offrir à Dieu un don qui ne soit pas d’une
absolue perfection, il l’a donc élevé dans le souci de lui transmettre un jour
ses affaires lainières. Par bonheur, son troisième enfant, notre frère Anthony,
était bien fait et craignait Dieu. Entré enfant au monastère de Kingsbridge, il
en est aujourd’hui le père prieur. Pour toute notre famille, c’est la source
d’une grande fierté. »
    Elle-même serait volontiers devenue prêtre, si elle avait
été un homme. À défaut, elle avait fait ce qu’une femme pouvait faire de
mieux : elle avait offert son fils à Dieu, à l’instar du fondateur de la
famille des Lainier. Elle l’avait éduqué dans l’intention d’en faire un moine
de ce même prieuré. En son for intérieur, Caris avait toujours été désolée pour
son cousin Godwyn, plus vieux qu’elle de quelques années, qu’il ait eu pour
mère une femme telle que Pétronille.
    Celle-ci enchaînait, les yeux rivés sur le manteau
rouge :
    « Mais... c’est le tissu italien le plus cher de
tous !
    — C’est pour Rose », expliqua le père.
    Pétronille resta un long moment à dévisager son frère. Et
Caris comprit qu’elle le trouvait bien bête d’acheter un manteau de ce prix
pour une femme qui n’avait pas mis le pied dehors depuis toute une année.
« Tu es très bon envers elle », se

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