Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
plaît. »
    C’était une proposition intelligente aussi bien que
gentille, songea Merthin. Jouer avec de petits chiots allait la consoler, la
distraire aussi ; de retour chez elle, elle serait moins encline à
raconter ce qui s’était passé dans la forêt.
    Les enfants se séparèrent. Les filles entrèrent dans la
maison. Merthin se surprit à se demander quand il reverrait Caris. Las, des
problèmes bien plus préoccupants lui revinrent à l’esprit. Comment son père
allait-il régler ses dettes ? Suivi de son frère qui portait fièrement
l’arc et le lièvre, son premier trophée de chasse, il se dirigea vers la
cathédrale.
    Alentour, le silence avait repris possession des lieux. Il
ne restait plus que quelques malades à l’hospice. Une religieuse leur annonça
que leur père se trouvait dans la cathédrale, en compagnie du comte de Shiring.
    Les deux garçons pénétrèrent dans le vaste édifice. Leurs
parents se tenaient dans le vestibule. Leur mère était assise au pied d’un
pilier, sur le rebord du socle carré d’où s’élevait le fût cylindrique. Dans la
froide lumière qui entrait par les grandes fenêtres, son visage affichait une
telle expression de paix et de sérénité qu’on aurait pu le croire taillé dans
la même pierre que celle contre laquelle elle appuyait la tête. L’attitude de
leur père, debout près d’elle, les épaules affaissées, trahissait un profond
désespoir. Le comte Roland leur faisait face. Ses cheveux d’un noir de jais et
son maintien assuré lui donnaient l’air plus jeune que sieur Gérald. Le père
prieur se tenait à son côté.
    Apercevant ses deux garçons qui attendaient près du portail,
dame Maud les invita à s’approcher d’un signe du doigt. « Tous nos
problèmes sont réglés. Avec l’aide du comte Roland, nous sommes parvenus à
trouver un accord avec le prieur Anthony. »
    Sieur Gérald émit un grognement. « Ne comptez plus
hériter de mes biens, leur jeta-t-il. Mes terres sont confisquées au profit du
prieuré. » À l’évidence, l’arrangement obtenu le satisfaisait moins que
son épouse.
    « Désormais, nous vivrons à Kingsbridge, continuait
celle-ci sur un ton joyeux. À la charge du prieuré.
    — Qu’est-ce que ça veut dire « à la charge du
prieuré » ? Voulut savoir Merthin.
    — Cela veut dire que les moines s’engagent à nous
fournir un toit et deux repas par jour jusqu’à la fin de notre vie. N’est ce
pas merveilleux ? »
    Mais cet accord ne suscitait pas véritablement son
enthousiasme. Merthin le comprit dans l’instant, de même qu’il perçut
clairement la honte de son père : perdre ses terres était un déshonneur.
Un déshonneur immense.
    « Que dis-tu de mes fils ? » lançait le père
à son cousin Roland. Le comte examina les garçons. « Le grand paraît bien
parti.
    C’est toi qui as tué ce lièvre, jeune homme ?
    — Oui, seigneur, répondit Ralph fièrement. Je l’ai tiré
à l’arc.
    — D’ici un an ou deux, il pourra venir auprès de moi et
servir comme écuyer, conclut le comte. Nous ferons de lui un chevalier. »
    Si la proposition rasséréna le père, elle abasourdit
Merthin. Des décisions importantes étaient prises sans qu’on leur ait accordé
la moindre réflexion. Des décisions, de surcroît, qui favorisaient son
cadet ! Et l’on ne s’inquiétait même pas de mentionner son nom à
lui ! S’estimant outragé, il explosa : « Ce n’est pas
juste ! Moi aussi, je veux être chevalier !
    — Non ! intervint sa mère.
    — Mais c’est moi qui ai fabriqué l’arc ! »
    Le père laissa échapper un soupir exaspéré. Le dégoût se
peignit sur ses traits.
    « C’est toi qui as fabriqué cet arc, petit ?
s’enquit le comte Roland avec un mépris non dissimulé. Eh bien, sois placé en
apprentissage chez un charpentier puisque tu es si adroit de tes
mains ! »

 
3.
    Caris habitait une luxueuse demeure en bois dont le sol
était en pierre tout comme l’imposante cheminée. Le rez-de-chaussée comptait
trois pièces séparées : le vestibule avec la grande table à manger, la
petite salle où son père discutait de ses affaires en toute discrétion et la
cuisine au fond. Quand Caris et Gwenda entrèrent, une alléchante odeur de
jambon mijotant sur le feu parfumait l’atmosphère.
    Caris entraîna son amie vers l’escalier intérieur.
    « Où sont les chiots ? s’enquit Gwenda en montant
les marches.
    — Je veux d’abord

Weitere Kostenlose Bücher