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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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borna-t-elle à dire, et sa phrase
pouvait s’entendre aussi bien comme un compliment que comme un reproche.
    Edmond ne s’en soucia pas. « Monte la voir, dit-il à sa
sœur, et rends-lui un peu sa gaieté. »
    Caris doutait fortement que sa tante y parvienne. Cette
crainte, visiblement, n’effleura pas l’esprit de Pétronille, car elle s’engagea
derechef dans l’escalier.
    Sur ces entrefaites, Alice, la sœur de Caris, entra dans la
maison. « Qui c’est ? demanda-t-elle en se plantant devant Gwenda.
    — Gwenda, ma nouvelle amie, dit Caris. Elle est venue
prendre un chiot.
    — Elle a pris celui que je voulais ! protesta
Alice.
    — Tu n’as jamais dit que tu en voulais un en
particulier, s’emporta Caris. Tu veux seulement faire ta méchante !
    — Pourquoi devrait-elle avoir un de nos chiots,
d’abord ?
    — Allez, allez ! intervint le père. Nous avons
plus de chiots que nécessaire.
    — Caris aurait dû me demander en premier lequel je
voulais !
    — C’est vrai, elle aurait dû, acquiesça le père tout en
voyant parfaitement qu’Alice n’agissait ainsi que pour créer des ennuis. Ne
recommence pas, Caris.
    — Oui, papa. »
    La cuisinière entra avec des cruches et des bols.
« Merci, Tutty ! dit le père, l’appelant par le surnom que lui avait
donné Caris quand elle avait commencé à parler. Asseyez-vous à table, les
filles. » Gwenda hésita, ne sachant pas si elle était conviée ou non. D’un
signe de tête, Caris lui indiqua que l’adresse de son père l’incluait
également. Celui-ci invitait toujours à partager sa table quiconque se trouvait
alors auprès de lui.
    Tutty remplit le bol du père. Les enfants eurent droit à de
la bière coupée d’eau. Voyant Gwenda avaler la sienne d’une lampée, Caris
comprit qu’elle n’avait pas souvent l’occasion d’en boire. Les pauvres, elle le
savait, buvaient généralement du cidre, un breuvage extrait de pommes sauvages.
    La cuisinière plaça ensuite devant chacun des convives une
épaisse tranche de pain de seigle qui faisait bien un pied de long. Voyant
Gwenda saisir la sienne à pleines mains, Caris se dit qu’elle ne devait jamais
avoir mangé à table de sa vie. « Attends », lui souffla-t-elle
gentiment, et Gwenda reposa son pain. Tutty apporta un jambon entier en
équilibre sur une planche, ainsi qu’un plat de chou. Le père, armé d’un grand
couteau, entreprit de découper le jambon et d’empiler des tranches sur le pain
des convives. Les yeux écarquillés, Gwenda considéra la quantité de viande
qu’on lui avait servie. Caris déposa une grosse cuillerée de feuilles de chou
sur le jambon de son amie.
    La femme de chambre, Elaine, descendit l’escalier à toutes
jambes. « La maîtresse est au plus mal, s’exclama-t-elle. Dame Pétronille
dit qu’il faut envoyer chercher mère Cécilia.
    — Cours au prieuré et prie-la de venir », ordonna
le père. La servante s’élança hors de la maison.
    « Mangez, les enfants », dit le père, et il prit
lui-même une tranche de jambon chaud de la pointe de son couteau. Mais ce repas
ne lui procurait plus aucun plaisir, comme Caris le comprit à son regard perdu
dans le vague.
    Gwenda goûta un morceau de chou. « C’est la nourriture
de Dieu ! » murmura-t-elle à son amie. Caris prit une bouchée à son
tour. Le chou avait été cuit avec du gingembre, une épice que Gwenda n’avait
probablement jamais goûtée, car seuls les gens fortunés pouvaient s’en offrir.
    Pétronille redescendit. Ayant déposé un morceau de jambon
sur une planche de bois, elle l’emporta à l’étage à l’intention de la malade.
Quelques instants, plus tard, elle rapportait la nourriture intacte. Elle
s’assit à la table et mangea elle-même la portion de la malade. La cuisinière
lui apporta une tranche de pain. « Quand j’étais petite, nous étions la seule
famille de Kingsbridge à manger de la viande chaque jour, expliqua-t-elle. Sauf
en période de jeûne, naturellement, car notre père était très dévot. Il fut le
premier en ville à entrer en affaires avec les lainiers italiens. À présent,
tout le monde commerce avec eux, mais mon frère demeure leur client
privilégié. »
    Caris avait perdu son appétit. Elle mâchait ses bouchées
sans parvenir à les avaler.
    Enfin, mère Cécilia arriva. C’était une petite femme
autoritaire et pleine de vie, dont l’attitude avait quelque chose de rassurant.
L’accompagnait sœur

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