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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pas infaisable.
    — J’ai dessiné les deux ponts avec des voûtes en ogive,
comme dans la cathédrale. Ils seront beaux.
    — Montre-moi tes croquis. »
    Ils quittèrent la rivière et remontèrent jusqu’au prieuré.
Une couche de nuages bas semblables à la fumée qui se dégage des bûches
mouillées quand elles brûlent stagnait au-dessus de la cathédrale ruisselante
de pluie. Merthin, qui n’était pas venu travailler dans la loge des maçons
depuis plus d’une semaine, était tout excité à l’idée de montrer ses croquis à
Edmond. Il avait beaucoup réfléchi à la façon dont le courant avait
progressivement sapé l’ancien pont et à la manière d’éviter au nouvel ouvrage
un destin identique.
    Il fit entrer Edmond par le porche nord et le précéda dans
l’escalier en colimaçon, dérapant sur les marches usées avec ses souliers
crottés de boue. Derrière lui, Edmond soulevait énergiquement sa mauvaise
jambe.
    Des lampes brûlaient dans la loge des maçons. Merthin
commença par s’en réjouir car ses croquis seraient plus lisibles à la lumière.
Puis il aperçut Elfric, occupé à travailler près de la planche à tracer.
    Il en ressentit un vif dépit. L’hostilité n’avait pas
diminué entre son ancien maître et lui, bien au contraire. Si Elfric n’était
pas allé jusqu’à empêcher les habitants de Kingsbridge d’utiliser ses services,
il persistait à faire barrage à son entrée dans la guilde des charpentiers, ce
qui plaçait Merthin dans une situation anormale, illégale mais courante. Cette
attitude injustifiée ne faisait pas honneur au bâtisseur.
    Sa présence allait l’obliger à s’entretenir différemment
avec Edmond. Il se morigéna d’être aussi sensible. C’était à Elfric de se
sentir gêné, pas à lui !
    Il tint la porte pour Edmond et le conduisit à l’autre bout
de la pièce, là où il avait laissé la planche à dessin. En voyant Elfric tracer
des cercles à l’aide d’un compas, il en resta éberlué. Une couche de plâtre
frais recouvrait ses plans.
    « Qu’avez-vous fait ? » s’écria Merthin, n’en
croyant pas ses yeux.
    Elfric le toisa d’un air hautain et s’en revint à ses épures
sans mot dire.
    « Il a effacé tout mon travail ! se lamenta
Merthin.
    — Quelle est votre explication pour ce geste,
Elfric ? » s’enquit Edmond sur un ton autoritaire.
    Elfric ne pouvait se permettre d’ignorer une question posée
par son beau-père. « Il n’y a rien à expliquer. Une planche à dessin doit
être remise à neuf de temps à autre.
    — Mais vous avez recouvert des dessins très
importants !
    — Vraiment ? Que je sache, ce garçon n’a pas été
commissionné par le prieur pour effectuer des plans. Et il n’a pas requis
l’autorisation d’utiliser cette planche. »
    Pour un homme aussi prompt à s’irriter que l’était le
prévôt, la froide insolence d’Elfric n’était pas tolérable. « Ne faites
pas l’imbécile ! C’est moi qui ai demandé à Merthin de faire des plans
pour le nouveau pont.
    — Vous m’excuserez, mais le prieur est seul habilité à
donner de tels ordres.
    — Parbleu, mais c’est la guilde qui fournit les
fonds !
    — Qui les prête. Ils seront remboursés.
    — Cela nous donne quand même un droit de regard sur la
construction.
    — Croyez-vous ? Il faudra en discuter avec le
prieur. Pour ma part, je ne pense pas qu’avoir choisi un apprenti sans
expérience pour concevoir ce projet sera de nature à l’impressionner. »
    Merthin demeurait silencieux. Il regardait les plans
qu’Elfric avaient tracés sur la nouvelle couche de plâtre. « Je suppose, lâcha-t-il
au bout d’un moment, qu’il s’agit là de votre projet de pont.
    — Le prieur Godwyn m’a commissionné pour le construire,
déclara Elfric.
    — Sans nous consulter ? » réagit Edmond,
interloqué.
    À quoi Elfric répliqua avec rancœur : « Qu’est-ce
qui ne vous plaît pas ? Vous ne voulez pas que le travail aille au mari de
votre propre fille ?
    — Des voûtes romanes, marmonna Merthin qui continuait
d’étudier les croquis. Et des ouvertures étroites. Combien de piles
aurez-vous ? »
    Elfric n’était guère disposé à répondre. Cependant, la mine
résolue d’Edmond l’y incita. « Sept, dit-il.
    — Le pont en bois n’en avait que cinq ! fit
remarquer Merthin. Et pourquoi sont-elles aussi épaisses et les ouvertures à ce
point rétrécies ?
    — Pour supporter le

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