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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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cercle : baissez le ton !
    — Vous pourriez au moins soutenir votre
gendre ! » riposta Alice sur un ton accusateur.
    Caris dévisagea sa sœur. À vingt et un ans, la moitié de
l’âge de Pétronille, Alice avait déjà son air pincé et réprobateur. Elle
s’empâtait aussi. Son corsage ressemblait à une voile gonflée par le vent.
    Edmond la regarda sévèrement. « Cette décision ne sera
pas prise sur la base des liens familiaux, ma fille ! Le fait qu’Elfric
soit ton époux ne fera pas mieux tenir le pont debout. »
    En affaires, il avait des opinions très arrêtées. Combien de
fois n’avait-il pas dit à Caris qu’il ne fallait jamais se fonder sur l’amitié
ou la parenté, mais s’adresser au fournisseur le plus digne de confiance et
engager le meilleur ouvrier pour effectuer la tâche requise. L’homme qui a
besoin d’acolytes fidèles pour agir n’a pas vraiment confiance en lui, avait-il
coutume de répéter. Et s’il n’a pas confiance en lui, pourquoi devrais-je lui
faire confiance ?
    « Dans ce cas, sur quelles bases s’établira le
choix ? intervint Pétronille. Tu as une idée sur la question, évidemment,
dit-elle en accompagnant ses paroles d’un regard rusé.
    — Le prieuré et la guilde ne considéreront pas
seulement les projets d’Elfric et de Merthin, mais tous ceux qui seront
proposés, répondit Edmond sur un ton sans réplique. Tous les projets devront
être assortis de plans et de devis, et les devis vérifiés par d’autres
constructeurs.
    — On n’a jamais vu ça ! marmonna Alice. On se
croirait à un concours de tir à l’arc. Elfric est le constructeur attitré du
prieuré, c’est lui qui doit effectuer ce travail ! »
    Son père ne releva même pas. « En dernier ressort, les
auteurs des projets seront interrogés par les notables de la ville au cours
d’une réunion de la guilde de la paroisse. » Il regarda Godwyn. Comprenant
à son air faussement dégagé qu’il lui déplaisait de se voir dépossédé de son
droit de décision, Edmond ajouta : « À la suite de quoi le prieur
Godwyn rendra son verdict. »
    *
    La réunion eut lieu dans la halle de la guilde, tout en haut
de la grand-rue. C’était un bâtiment de bois édifié sur une base en pierre,
avec un toit de tuiles surmonté de deux hautes cheminées de pierre également.
Le sous-sol abritait une imposante cuisine où étaient préparés les banquets,
ainsi qu’une salle de police et une prison. Située à l’étage noble et flanquée
d’une chapelle, la salle d’apparat était aussi vaste qu’une église puisqu’elle
mesurait cent pieds de long sur trente de large. Du fait de sa largeur, mais
aussi de la difficulté à trouver à bon prix les pièces de bois nécessaires à la
fabrication d’une charpente de cette taille, on l’avait divisée en deux par une
rangée de piliers de bois sur lesquels reposaient les solives.
    Ce n’était pas un édifice élevé à la gloire de quelqu’un,
mais un bâtiment sans prétention, construit avec les mêmes matériaux que les
habitations les plus modestes. Comme Edmond aimait à le rappeler, les gens
d’ici avaient employé leur argent à faire bâtir la cathédrale de pierre
blanche, splendide et majestueuse, et fabriquer ses vitraux. Son absence
d’ostentation donnait à la halle de la guilde un côté confortable. Il y avait
des tapisseries aux murs, des vitres aux fenêtres et deux cheminées
monumentales qui chauffaient agréablement la salle en hiver. En période de
prospérité, les plats servis ici étaient dignes de la table d’un roi.
    La guilde de la paroisse avait été fondée des siècles
auparavant, alors que Kingsbridge n’était encore qu’une petite bourgade.
Plusieurs marchands s’étaient réunis pour rassembler les fonds nécessaires à
l’achat d’ornements destinés à la cathédrale. Mais quand des hommes fortunés
mangent et boivent de concert, ils en viennent inévitablement à parler de leurs
soucis communs. Et les débats visant à lever des fonds s’étaient bientôt
transformés en discussions politiques. Dès les origines, la guilde avait été
dominée par les négociants en laine, voilà pourquoi une monumentale balance à
double plateau et un exemplaire du sac de laine en usage à Kingsbridge – d’un
poids de trois cent soixante-quatre livres – trônaient à un bout de la halle.
    Au fil des siècles, à mesure que Kingsbridge se développait,
d’autres guildes s’étaient

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