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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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inclinant respectueusement la tête.
    Merthin sentait la nervosité le gagner. Cela faisait des
mois qu’il pensait au nouveau pont, sa construction était un défi à relever.
Tandis qu’il travaillait à la réfection du toit de l’église Saint-Marc,
contrôlant les ouvriers chargés de démolir l’ancienne toiture et ceux qui
posaient la charpente neuve, il n’avait cessé de s’interroger sur la technique
à employer pour le bâtir. Et maintenant, pour la première fois, voilà que ses
idées allaient subir l’examen minutieux d’une tierce personne.
    D’une personne qui était loin, pour l’heure, d’imaginer
qu’un concept aussi novateur allait lui être présenté.
    La rue bourbeuse descendait en serpentant parmi des maisons
et des ateliers. Après deux siècles de paix civile, les remparts de la ville
étaient en piteux état. Par endroits, il n’en restait plus que des monticules
de terre transformés en murets de jardin. Les fabriques et les ateliers établis
le long de la rivière étaient ceux qui employaient de l’eau en grande quantité,
tels que les teintureries et les tanneries.
    Merthin et Edmond débouchèrent sur la rive boueuse entre un
abattoir qui dégageait une forte odeur de sang et une forge d’où s’échappaient
d’assourdissants martèlements. Droit devant eux se dressait l’île aux lépreux.
    « Pourquoi m’emmènes-tu ici, s’étonna Edmond, alors que
le pont est à un quart de mille en amont ?
    — Qu’il était, vous voulez dire. Car le nouveau, dit
Merthin après avoir pris une profonde inspiration, devra s’élever ici, à ce que
je crois.
    — Pour rejoindre l’île ?
    — Et un second, partant de l’île, rejoindra l’autre
bord.
    Deux petits ponts au lieu d’un grand. C’est beaucoup moins
cher.
    — Mais les gens devront aller d’un pont à
l’autre !
    — Et alors ?
    — Mais c’est une colonie de lépreux !
    — Il n’en reste plus qu’un. On peut l’installer
ailleurs. De toute façon, l’épidémie est en voie d’extinction. »
    Edmond avait l’air pensif. « Autrement dit, quiconque
viendra à Kingsbridge passera par cet endroit où nous sommes en ce moment.
    — Il faudra percer une nouvelle rue et abattre certains
de ces bâtiments. Mais il s’agit là de frais minimes, comparés à l’économie
réalisée avec ces deux ponts.
    — De l’autre côté...
    — C’est une pâture qui appartient au prieuré. L’idée
m’est venue pendant que je travaillais à l’église Saint-Marc. Du haut du toit,
j’avais toute la ville à mes pieds.
    — C’est très intelligent, dit Edmond, impressionné. Je
me demande pourquoi le pont n’a pas été construit ici dès le départ.
    — Le tout premier pont a été bâti il y a des centaines
d’années. La rivière devait avoir une forme un peu différente. Je ne serais pas
étonné que les berges se déplacent au fil des siècles. Le chenal entre l’île et
le pâturage était peut-être plus large à l’époque, ce qui retirait tout
avantage à construire le pont ici. »
    Edmond scruta la rive opposée. Merthin suivit son regard. De
la colonie de lépreux, il ne restait plus qu’un amas de bâtiments de bois
vétustes éparpillés sur trois ou quatre acres. L’île était trop rocheuse pour
qu’il y pousse autre chose que des arbres, de l’herbe et des broussailles. Elle
était peuplée de lapins, que les habitants de Kingsbridge refusaient de manger
par superstition, croyant que les lépreux décédés s’étaient réincarnés en eux.
Au temps où les malades relégués là-bas étaient nombreux, ils élevaient des
poules et des cochons. Mais depuis qu’il n’en restait qu’un seul, on lui
apportait sa nourriture du prieuré, c’était plus simple. « Tu as raison,
approuva Edmond. Cela fait bien dix ans qu’il ne s’est pas déclaré un seul cas
de lèpre en ville.
    — Personnellement, je n’ai jamais vu de lépreux, dit
Merthin. Quand j’étais petit, je confondais lépreux et léopard et je
m’imaginais cette île peuplée de lions tachetés. »
    Edmond éclata de rire. Tournant le dos au fleuve, il regarda
les bâtiments alentour. « Déménager les gens qui vivent ici ne se fera pas
sans de longues tractations. Il faudra les convaincre qu’ils ont de la chance,
comparé à leurs voisins, d’être transférés dans des maisons neuves et plus
solides. Et il faudra asperger l’île d’eau bénite pour rassurer la population.
Mais ce n’est

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