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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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gens croient que cette terre n’a pas de valeur parce
que c’est une île. Ils ne comprennent pas qu’avec le pont, cette île deviendra
un quartier de la ville. Ils le traverseront aussi facilement qu’ils descendent
la grand-rue. Ces quatre acres de terre en ville auront alors une grande
valeur. De plus, si j’y construis des maisons, j’en tirerai une fortune en
loyers.
    — Ce n’est pas demain la veille, objecta Gérald. Nous
en reparlerons d’ici quelques années.
    — J’en tire déjà un petit revenu, savez-vous, Jake
Chepstow me loue une demi-acre pour y entreposer le bois qu’on lui livre du
pays de Galles.
    — Pourquoi d’aussi loin ? s’étonna sieur Gérald.
Forêt Neuve est beaucoup plus près. Le bois devrait y être moins cher.
    — En principe, oui. Mais il se trouve que le comte de
Shaftesbury exige qu’on s’acquitte d’un péage ou d’une taxe pour chaque gué ou
pont franchi sur ses terres. »
    Cette pratique était un sujet de plainte constant, car
nombre de seigneurs y souscrivaient.
    Ils commencèrent à manger. « J’ai une nouvelle pour
toi ! lança Ralph à son frère. Le comte veut faire construire un nouveau
palais à Château-le-Comte. »
    Merthin le regarda d’un air soupçonneux. « Et il t’a
envoyé tout exprès pour me demander de le bâtir ?
    — Dame Philippa le réprimandait sur son donjon à la
mode d’antan et je leur ai dit que je connaissais exactement la personne qu’il
fallait pour le rebâtir. J’ai avancé ton nom.
    — Mais c’est merveilleux ! » s’extasia Maud.
    Merthin demeura sceptique. « Et le comte a dit qu’il
voulait m’en confier la construction ?
    — Oui.
    — C’est stupéfiant. Il y a quelques mois, je n’arrivais
à me faire engager par personne et, maintenant, j’ai du travail à ne plus
savoir où donner de la tête. Château-le-Comte est à deux jours de route. Je ne
vois pas comment je pourrais construire en même temps un palais là-bas et un
pont ici.
    — Oh, il faudra que tu laisses tomber le pont !
Précisa Ralph.
    — Pardon ?
    — Un travail pour le comte a la préséance sur tous les
autres, naturellement.
    — Je n’en suis pas si certain.
    — Tu peux m’en croire.
    — C’est lui qui te l’a dit ?
    — Oui, en fait. Il l’a dit.
    — Construire un palais pour un comte, mais c’est une
chance inespérée, Merthin ! s’exclama le père, joignant sa voix au concert
des deux autres.
    — Évidemment, répondit le jeune homme. Mais un pont
pour cette ville, c’est tout aussi important.
    — Ne sois pas bête ! dit le père.
    — Croyez bien que je fais de mon mieux pour ne pas
l’être ! ironisa Merthin.
    — Le comte de Shiring est l’un des personnages les plus
puissants d’Angleterre. En comparaison, le prieur de Kingsbridge n’est que de la
roupie de sansonnet. »
    Ralph se coupa une tranche dans le pilon de l’oie et la
porta à sa bouche. Il put à peine l’avaler. Comme il l’avait craint, Merthin
allait faire son difficile. Leur père aurait beau lui donner l’ordre
d’abandonner le pont, il ne l’écouterait pas. Déjà enfant, il ne savait pas
obéir.
    Au désespoir, Ralph jugea bon d’ajouter : « Le
comte ne veut pas entendre parler de ce nouveau pont qui risque de faire de
l’ombre à sa foire de Shiring.
    — Ah, ça ! s’énerva Gérald. Tu ne vas pas aller à
l’encontre de la volonté du comte, Merthin ? »
    Mais son fils voulait en savoir plus long. « Telle est
donc sa raison, Ralph ? En fait, le comte Roland me propose ce travail
pour que je ne bâtisse pas le pont ?
    — Pas uniquement pour cette raison.
    — Mais c’est la condition qu’il exige de moi pour me
passer commande : que j’abandonne le pont. C’est cela, n’est-ce pas ?
    — Tu n’as pas le choix, Merthin ! lança Gérald,
exaspéré. Le comte ne demande pas, il ordonne. »
    User d’autorité n’était pas le bon moyen pour convaincre
Merthin, même Ralph le savait. Comme il s’y attendait, Merthin rétorqua :
« Je ne pense pas qu’il soit en mesure de donner des ordres au prieur de
Kingsbridge, lequel m’a passé commande pour la construction de ce pont.
    — Il peut te donner des ordres à toi !
    — Vraiment ? Il n’est pas mon seigneur, pourtant.
    — Ne sois pas idiot, gamin. Tu ne peux pas gagner une
dispute avec un comte.
    — Je ne crois pas que cette dispute-là me concerne,
père. Elle se joue entre le comte et le prieur.

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