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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pieds de large et s’étirait sur un bon
quart de mille. Une rampe menait tout en bas, jusqu’à un campement constitué de
tentes et de huttes en bois. Des carriers, regroupés autour des feux, faisaient
cuire leur petit déjeuner. Certains étaient déjà au travail ; plus loin,
on entendait tambouriner les ouvriers qui enfonçaient au marteau des coins dans
les fissures de la roche afin d’en détacher de larges galettes.
    La carrière se trouvant à un jour de voyage de Kingsbridge,
la plupart des transporteurs arrivaient le soir et repartaient le lendemain
matin. Plusieurs chariots stationnaient déjà au pied du pan de roche. D’autres,
chargés de pierres, entamaient leur lente progression vers la sortie au milieu
des débris. Alertés par le bruit des chevaux, les ouvriers relevèrent les yeux.
Apercevant les hommes en armes, ils demeurèrent au fond de la carrière. Les
ouvriers n’étaient jamais pressés d’entrer en contact avec les forces armées du
seigneur. Ralph attendit donc patiemment. La carrière avait pour unique rampe
d’accès une longue pente de boue qui aboutissait juste à l’endroit où il se
tenait.
    Un premier char à bœuf chargé de quatre blocs de pierre
grossièrement taillés et portant la marque du carrier qui les avait extraits
s’engagea pesamment sur la rampe. Armé d’un fouet, le charretier poussait sa
bête qui posait une patte devant l’autre avec un muet ressentiment. L’homme
était payé à la pierre. Son chargement était compté au départ de la carrière et
ensuite à l’arrivée sur le chantier. De loin, avec son cou épais et ses épaules
massives, il ressemblait à son bœuf. Lorsqu’il se fut rapproché, Ralph reconnut
en lui un habitant de Kingsbridge du nom de Ben le Rouleur. Son visage
exprimait une sourde hostilité et Ralph se dit qu’il pourrait créer des ennuis.
Tout comme il pourrait se soumettre.
    Ben dirigea son bœuf sur la rangée de chevaux bloquant la
route. Au lieu d’arrêter sa bête, il la fit avancer de plus en plus près des
hommes d’armes. Ceux-ci n’avaient pas pour montures des destriers habitués aux
champs de bataille, mais des chevaux de selle qui renâclèrent nerveusement et
reculèrent. Le bœuf s’arrêta de lui-même.
    « Espèce de mufle arrogant ! s’écria Ralph à
l’adresse du charretier.
    — Pourquoi vous tenez-vous au beau milieu de mon
chemin ? rétorqua Ben.
    — Pour récolter l’impôt.
    — Il n’y a pas d’impôt.
    — Vous devez payer un penny par chargement pour être
autorisé à transporter ces pierres sur le territoire du comte de Shiring.
    — Je n’ai pas d’argent.
    — Débrouille-toi pour en trouver !
    — Sinon, vous me barrerez la route ?
    — N’essaie pas de me questionner, répliqua Ralph,
furieux de voir que le manant ne se laissait pas impressionner. Les pierres
resteront ici tant que la taxe n’aura pas été réglée. »
    Ben le dévisagea si longtemps que Ralph se demanda s’il
n’avait pas l’intention de le jeter à bas de son cheval. Mais Ben finit par
dire : « Je n’ai pas d’argent. »
    Ralph l’aurait volontiers passé au fil de son épée.
« Ne te fais pas passer pour plus bête que tu n’es, jeta-t-il avec mépris.
Va trouver le chef de la carrière et dis-lui que les hommes du comte ne
laisseront passer personne. »
    Ben le dévisagea plus longtemps encore, retournant cette
proposition dans sa tête. Puis, sans un mot, il fit demi-tour et redescendit la
rampe, abandonnant son char sur place.
    Ralph attendit en fulminant, les yeux rivés sur le bœuf.
    Arrivé au milieu de la pente, Ben entra dans une hutte en
bois qui se dressait sur le bas-côté. Il en ressortit quelques minutes plus
tard accompagné d’un homme mince, vêtu d’une tunique brune. Le chef de la
carrière, supposa Ralph.
    Jusqu’à ce qu’il se rende compte que cette silhouette qui
s’avançait vers lui était celle de son frère.
    « Ventre saint bleu ! » s’écria-t-il tout
haut.
    S’il était une chose à laquelle il ne s’était pas attendu,
c’était bien à se retrouver nez à nez avec Merthin. Il le regarda grimper la
rampe, torturé par la honte. Sa présence en ce lieu prouvait sa trahison. Il
n’avait pas imaginé que son frère puisse en être le témoin.
    « Bonjour, Ralph ! lui lança celui-ci de loin. Ben
me dit que vous ne le laissez pas passer. »
    Sachant qu’il ne remporterait pas la victoire sur le terrain
de la discussion, Ralph

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