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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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opta pour la froideur. La retenue lui permettrait de
mieux dissimuler son émotion, se dit-il. Et puis, en répétant simplement les
instructions qu’il avait reçues, les choses risquaient moins de s’envenimer.
Voilà pourquoi il déclara avec raideur : « Le comte a décidé
d’exercer son droit de lever des impôts et des taxes sur l’utilisation de ses
routes pour le transport de pierres.
    — Tu ne peux pas descendre de ton cheval pour parler à
ton frère ? » s’exclama Merthin.
    Il y avait du défi dans sa voix. Un futur chevalier
pouvait-il ne pas relever le gant ? Ralph obéit donc à contrecœur. Il
aurait préféré rester juché sur sa monture. Dès qu’il eut mis pied à terre, il
se sentit vaincu.
    « Il n’y a pas d’impôt sur ces pierres, répéta Merthin.
    — Si. Dorénavant il y en a un.
    — Les moines exploitent cette carrière depuis des
centaines d’années. C’est avec ces pierres qu’a été construite la cathédrale de
Kingsbridge, et elles n’ont jamais été imposées.
    — Peut-être qu’à l’époque, le comte en exemptait les
bâtisseurs quand ils édifiaient une église, inventa Ralph. Mais cette exemption
ne s’étend pas aux ponts.
    — Non, ce que veut le comte de Shiring, c’est que
Kingsbridge reste sans pont, voilà tout ! D’abord, il t’envoie me
soudoyer ; ensuite, quand il voit que ses manigances ne fonctionnent pas,
il décrète un nouvel impôt... C’est ton idée, n’est-ce pas ? demanda-t-il
après avoir scruté le visage de son frère.
    — Non ! » répliqua Ralph, mortifié. Il se
sentit rougir, ne comprenant pas comment Merthin avait pu le deviner.
    « Oh, que si ! Je le vois à ton visage. Et c’est
même moi qui t’ai donné cette idée, j’en suis sûr ! Quand j’ai raconté que
Jake Chepstow importait ses poutres du pays de Galles pour ne pas avoir à payer
l’impôt qu’exige le comte de Shaftesbury. »
    Se sentant de plus en plus bête, Ralph enrageait. « Ça
n’a rien à voir, répéta-t-il avec obstination.
    — Tu me critiquais de faire passer mon pont avant mon
frère, mais toi, tu es ravi d’anéantir mes espoirs pour le seul plaisir de ton
comte.
    — Qu’importe d’où vient cette idée ! Il n’en
demeure pas moins que le comte a décidé de taxer le transport des pierres.
    — Il n’en a pas le droit. »
    Ben le Rouleur suivait attentivement la conversation, les
mains sur les hanches, solidement planté sur ses deux jambes à côté de Merthin.
« Tu as bien dit que ces hommes n’avaient pas le droit de m’arrêter,
n’est-ce pas ? lui lança-t-il.
    — Exactement », répondit celui-ci.
    Traiter ce manant comme un homme intelligent ne rimait à
rien, pensa Ralph par-devers lui. Maintenant, il allait se croire autorisé à
partir ! Et de fait, Ben caressait déjà de son fouet les épaules de sa
bête. Le bœuf tira sur son collier de bois et prit le départ.
    « Halte ! » hurla Ralph avec colère.
    Ben fouetta son bœuf et l’encouragea de la voix.
    L’animal donna un autre coup de collier. Le chariot
s’ébranla avec une secousse qui effraya les chevaux. La jument de Joseph
Woodstock gémit et se cabra, les yeux fous.
    Joseph tira de toutes ses forces sur les rênes. Ayant repris
le contrôle de sa monture, il dégagea un pieu de son sac de selle. « Reste
à ta place quand on te l’ordonne ! » Poussant son cheval en avant, il
se jeta sur Ben en brandissant son gourdin.
    Ben esquiva le coup. D’une poigne sûre, il bloqua le gourdin
et tira vers lui.
    Dressé sur ses étriers, Joseph, déséquilibré, mordit la
poussière.
    Merthin poussa un cri, consterné. Un homme d’armes ne
supporterait pas semblable humiliation. À présent, il n’était plus possible
d’éviter l’affrontement. Ralph songea sans le moindre regret que son frère
n’aurait jamais dû manquer de respect aux hommes du comte. Tant pis pour
lui ! Qu’il en subisse les conséquences !
    Ben tenait solidement le gourdin des deux mains. Joseph se
releva d’un bond. Comme Ben brandissait son arme, il voulut dégainer. Mais le
charretier fut plus rapide. Il devait déjà s’être battu à la guerre, se dit
Ralph.
    L’homme prenait son élan. Son gourdin s’abattit violemment
sur la tête de Joseph, qui s’écroula au sol, inerte.
    Ralph poussa un cri de rage. Brandissant son glaive, il se
jeta sur Ben.
    « Non ! » hurla Merthin.
    Mais Ralph avait déjà plongé son arme dans la poitrine

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