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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Juliana, une religieuse de nature simple et chaleureuse.
Elles montèrent l’escalier à la suite l’une de l’autre, tels un petit moineau
sautillant joyeusement de marche en marche et une poule se dandinant à la traîne.
À leur vue, Caris se sentit soudain moins oppressée. L’eau de rose des
religieuses ferait baisser la fièvre de sa mère et son parfum lui redonnerait
courage.
    Tutty apporta des pommes et du fromage. D’un air distrait,
le père se mit à éplucher un fruit. Son geste rappela à Caris l’époque où il
lui donnait la becquée et mangeait toujours la peau de la pomme qu’il pelait
pour elle.
    Sœur Juliana redescendit. Son visage grassouillet exprimait
l’inquiétude. « La mère prieure voudrait que frère Joseph vienne voir dame
Rose », dit-elle. C’était le médecin en titre du monastère, il avait
étudié la médecine à Oxford. « Je vais le chercher, je reviens tout de
suite ! » Elle sortit de la maison en courant.
    Le père reposa sur la table sa pomme épluchée sans en croquer
une bouchée.
    « Qu’est-ce qui va se passer ? demanda Caris.
    — Je ne sais pas, Bouton-d’Or. Pleuvra-t-il ?
Combien de sacs de laine les Florentins achèteront-ils ? Les moutons
attraperont ils une infection ? Le bébé sera-t-il une fille ou un garçon
avec un pied bot ? Comment savoir ces choses à l’avance ?... C’est ce
qui rend parfois la vie si dure, n’est-ce pas ? » acheva-t-il, en
détournant le regard.
    Il donna la pomme à Caris, qui la passa à Gwenda. Celle-ci
la mangea entièrement, chair et pépins.
    Frère Joseph arriva quelques minutes plus tard, accompagné
d’un jeune assistant en qui Caris reconnut Saül Tête-Blanche, ainsi nommé parce
que le peu de cheveux qui restait sur son crâne tonsuré était blond cendré.
    Mère Cécilia et sœur Juliana restèrent au rez-de-chaussée.
Probablement voulaient-elles laisser aux deux hommes un espace suffisant pour
vaquer à leurs occupations, car la chambre de la malade n’était pas grande.
Mère Cécilia s’assit à la table, mais ne mangea pas. Elle avait un petit visage
aux traits aigus : un petit nez pointu, des yeux lumineux, un menton en
saillie comme la proue d’un bateau. « Eh bien, dites-moi, commença-t-elle
avec un grand sourire, qui sont toutes ces petites filles ? Aiment-elles
Jésus et sa Sainte Mère Marie ? »
    Elle avait prononcé ces mots en regardant la plus âgée des
trois, qui se chargea de répondre : « Je m’appelle Alice et voici ma
petite sœur, Caris. Elle, je ne la connais pas.
    — Je m’appelle Gwenda, sainte mère. Je suis une amie de
Caris. » Elle jeta à sa voisine un coup d’œil anxieux, craignant d’avoir
été présomptueuse en se réclamant de son amitié.
    Mais Caris avait d’autres soucis en tête. « Est-ce que
la Vierge Marie va rendre la santé à maman ? »
    Mère Cécilia leva les sourcils. « Voilà quelqu’un qui
ne s’embarrasse pas de préambule. Je suppose que tu es la fille d’Edmond.
    — Tout le monde prie la Sainte Vierge, mais tout le
monde ne voit pas ses vœux exaucés, insista Caris.
    — Et tu sais pourquoi ?
    — Peut-être qu’en vrai, elle n’aide jamais personne.
Que ceux qui sont forts s’en sortent tout seuls et pas les faibles, voilà tout.
    — Allez, allez, ne fais pas ta bête ! intervint le
père. Tout le monde le sait que la Sainte Mère nous aide.
    — Tout va bien, tout va bien, le calma mère Cécilia.
C’est normal que les enfants posent des questions, surtout quand ils sont
intelligents. Vois-tu, Caris, ce qui est en cause, ce n’est pas la puissance
des saints, mais la force de nos prières. Certaines prières sont plus efficaces
que d’autres. Tu comprends cela ? »
    Caris hocha la tête de mauvais gré. Elle n’était pas
convaincue. Elle se sentait seulement prise au piège d’un esprit plus retors.
    « Il faut qu’elle vienne à notre école, déclara mère
Cécilia. Nous avons ouvert une institution pour les filles des gentilshommes et
des citadins les plus fortunés, à l’instar de celle des moines, réservée aux
garçons.
    — Mes deux filles savent lire, Rose leur a appris,
répliqua le père sur un ton obstiné. Caris connaît les chiffres aussi bien que
moi. Elle m’aide déjà dans mon négoce.
    — Ce serait bien qu’elle développe ses connaissances.
Vous n’aimeriez pas qu’elle passe sa vie à vous tenir lieu de domestique, j’en
suis certaine. »
    Pétronille

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