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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Roland,
comprenant qu’il perdait.
    Godwyn fit de son mieux pour dissimuler son triomphe.
    Quant à sieur Wilbert, il n’appréciait pas qu’on qualifie
ses jugements d’indignes. Plongeant son regard dans celui de Roland, il
déclara : « En envoyant vos hommes d’armes bloquer la carrière du
prieuré, je ne suis pas certain que vous n’ayez pas en tête de saper les
intérêts du roi. » Il fit une pause, attendant la réplique.
    Roland avait détecté le piège ; cependant, une seule
réponse était possible : « Certainement pas !
    — Maintenant qu’il a été clairement établi par la cour
et vous-même que la construction du pont servait les intérêts du roi aussi bien
que ceux du prieuré et ceux de la ville de Kingsbridge, je suppose que vous
accepterez de rouvrir la carrière. »
    Godwyn ne put qu’admirer l’intelligence de sieur Wilbert.
Non seulement le juge forçait Roland à accepter son arrêt, mais encore il lui
rendait presque impossible d’en appeler au roi.
    « Oui, laissa tomber Roland après une longue pause.
    — Et vous acceptez également d’exempter de taxes le
transport des pierres sur votre territoire ? »
    Roland avait perdu et le savait. Et ce fut avec une fureur
contenue qu’il lâcha un second « Oui !
    — Le jugement est rendu », déclara le juge et il
appela l’affaire suivante.
    *
    La victoire était belle, certes, mais elle venait
probablement trop tard.
    Novembre avait fait place à décembre. En temps ordinaire,
c’était l’époque à laquelle on arrêtait les travaux de construction. Toutefois,
en raison des pluies persistantes, il était à croire qu’il ne gèlerait pas
avant longtemps cette année. En tout état de cause, il restait tout au plus
deux semaines de travail effectif. Des centaines de pierres s’empilaient dans
la carrière, déjà taillées et prêtes à être posées. Cela prendrait des mois de
les transporter à Kingsbridge. Si le comte Roland avait perdu en cour de
justice, il avait réussi à retarder la construction de l’ouvrage de presque une
année.
    Caris s’en revint à Kingsbridge d’humeur sombre, tout comme
Edmond et Godwyn. En arrivant à la rivière, elle vit du haut de son cheval que
les batardeaux étaient déjà construits. Dans les deux bras de la rivière
enserrant l’île aux lépreux, des cercles faits de planches de bois posées à la
verticale émergeaient de l’eau d’un bon pied. Elle se rappela le discours de
Merthin dans la grande salle de la guilde, expliquant qu’il commencerait par
enfoncer des pieux dans le lit de la rivière en formant deux anneaux
concentriques et qu’après, il remplirait le vide entre ces anneaux d’un mortier
à base d’argile pour obtenir un joint imperméable. Ensuite, une fois le
batardeau vidé de toute son eau, on édifierait au fond, sur le lit de la
rivière, un socle sur lequel reposeraient les futures piles du pont.
    Un des ouvriers travaillant pour Merthin, Harold Masson, se
trouvait à bord du bac sur lequel leur petit groupe avait embarqué. Pendant la
traversée, Caris lui demanda si les batardeaux avaient été vidés. « Pas
encore, lui apprit-il. Le maître veut laisser les choses en l’état jusqu’au
début de la construction. »
    Caris nota avec plaisir que malgré sa jeunesse, Merthin
était à présent désigné sous le nom de « maître ».
« Pourquoi ? l’interrogea-t-elle. Je croyais qu’on ne voulait pas
perdre une minute.
    — Il dit que le courant fait subir une force plus
grande au batardeau s’il n’y a pas d’eau à l’intérieur. »
    Caris se demanda comment Merthin pouvait connaître tant de
choses. S’il avait appris les bases du métier de son premier patron, Joachim,
le père d’Elfric, il les avait complétées par lui même. Il était vrai qu’il
parlait volontiers aux étrangers qui venaient en ville, notamment à ceux qui
avaient visité Florence et Rome. Il avait également découvert quantité
d’informations dans le Livre de Timothée . Et puis, n’avait-il pas une
intuition remarquable pour tous ces sujets ? Pour sa part, elle n’aurait
jamais imaginé qu’un barrage vide puisse être moins solide que plein.
    Bien qu’exténués par le voyage, ils tinrent à annoncer sur
le champ la bonne nouvelle à Merthin. Ils voulaient aussi savoir ce qui
pourrait être achevé avant l’hiver. Ils ne firent donc qu’une simple halte à
l’écurie. Ayant abandonné leurs montures aux bons soins des

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