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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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équipe
avec frère Thomas.
    La première porte à laquelle ils frappèrent était celle de
Lib le Rouleur. Elle avait repris les affaires de son mari et engagé un
conducteur. « Vous pouvez avoir mes deux chars à bœuf avec leurs
conducteurs, dit-elle. Tout ce qui plantera une épine dans l’œil de ce comte
maudit me sera une joie. »
    Chez Pierre le Teinturier, qui possédait un chariot pour
livrer les balles de tissu qu’il teignait en jaune, vert et rose, ils
essuyèrent un refus. « Je suis malade, expliqua-t-il, je ne suis pas en
état de voyager. »
    À voir sa bonne mine, il devait plutôt redouter une
confrontation avec les hommes du comte. Pourtant, tout se passerait bien,
Merthin en était convaincu, mais il pouvait comprendre ses réticences. Que se
passerait-il si tous les habitants réagissaient ainsi ?
    La troisième personne à laquelle ils s’adressèrent était
Harold Masson. Espérant se voir engagé pour plusieurs années à la construction
du pont, il accepta sur-le-champ. « Vous pouvez compter aussi sur Jake
Chepstow, dit-il. Il viendra, j’en suis sûr. » Harold et Jake étaient de
bons copains.
    Finalement, presque toutes les personnes sollicitées
donnèrent leur accord sans qu’il soit utile de leur expliquer l’importance du
pont. Quiconque faisait du commerce et possédait un chariot en était d’ores et
déjà convaincu. La promesse d’une indulgence au paradis avait de quoi persuader
quelques indécis, mais ce fut surtout cette proposition de vacances inattendues
qui valut l’adhésion de ceux qui hésitaient encore. Pour la plupart, les gens
voulaient savoir si tel ou tel de leurs voisins ou amis serait de la partie,
pour ne pas en être exclus.
    Quand il eut rendu visite à toutes les personnes de sa
liste, Merthin prit congé de Thomas et descendit à la rivière. Il allait devoir
faire traverser les chars à bœuf durant la nuit, s’il voulait que le convoi
parte au lever du soleil. Le bac ne pouvait embarquer qu’un char à la fois. En
faire traverser deux cents prendrait plusieurs heures. D’où la nécessité du
pont, naturellement.
    Un bœuf était attelé à la grande roue et plusieurs chariots
avaient déjà effectué la traversée. Sur l’autre rive, les conducteurs de char
menaient leurs bêtes au pâturage et reprenaient le bac pour aller se coucher.
Edmond avait demandé à John le Sergent et à la demi-douzaine d’hommes le secondant
de passer la nuit à Villeneuve afin de garder les chars et des bêtes.
    Le bac était toujours en activité quand Merthin rentra chez
lui aux alentours d’une heure du matin. Allongé sur son lit, il pensa à Caris
pendant un moment. Son côté bizarre et imprévisible lui plaisait, mais jusqu’à
un certain point. À n’en pas douter, c’était la personne la plus intelligente
de Kingsbridge et pourtant elle faisait preuve parfois d’une irrationalité
incompréhensible.
    Se faire traiter de mauviette ! Il n’était pas sûr de
lui pardonner un jour ! Cette humiliation lui avait rappelé le jour où le
comte Roland avait décrété qu’il ne pouvait pas devenir écuyer, qu’il n’était
bon qu’à être mis en apprentissage chez un charpentier. Non, il n’était pas une
mauviette. Il l’avait prouvé en osant s’élever contre la tyrannie
d’Elfric ; il avait su mettre en déroute Godwyn et son projet de pont et
il était sur le point de sauver la ville tout entière. Je ne suis peut-être pas
très grand, se dit-il, mais, par Dieu, j’ai de la force à revendre !
    Il s’endormit sans avoir décidé d’une conduite à tenir avec
Caris.
    Edmond le réveilla aux premières lueurs de l’aube. Presque
tous les chars à bœuf de Kingsbridge se trouvaient maintenant sur l’autre rive,
rangés les uns derrière les autres en un convoi désordonné qui s’étirait sur
toute la longueur de Villeneuve et même au-delà, sur un bon quart de lieue sur
la route qui traversait la forêt. Il fallut encore plus de deux heures pour
transporter tous ceux qui participaient au voyage. Le travail d’organisation
que nécessitait la mise en place d’un tel convoi, pour ne pas dire d’un tel
pèlerinage, joint à l’excitation qu’il engendrait, détourna Merthin du problème
de Caris et de sa grossesse. Bientôt le pâturage ne fut plus qu’une kermesse
bon enfant où les gens par douzaines s’affairaient à récupérer leurs chevaux et
leurs bœufs, les conduisaient jusqu’à leur attelage et les

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