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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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à
perdre ! » Godwyn mit une sourdine à l’enthousiasme de son oncle.
« Il faudra encore vider toute l’eau à l’intérieur des batardeaux. »
    Merthin hocha la tête. « Oui, et ce n’est pas une mince
affaire. Selon mes estimations, j’avais compté que cela prendrait deux
semaines. Entre-temps, une idée m’est venue. Mais commençons par organiser le
transport. »
    Ils s’avancèrent tous vers la sortie, portés par
l’exaltation. Profitant que Godwyn et Edmond s’engageaient dans l’escalier,
Merthin retint Caris par la manche. Il l’attira contre lui pour l’embrasser,
croyant qu’elle le désirait également. À son grand étonnement, elle le
repoussa. « J’ai des choses à te dire.
    — Sois plus précise !
    — J’attends un enfant », déclara-t-elle en
scrutant son visage. Sa réaction première fut l’ébahissement. Ses sourcils roux
remontèrent sur son front et il se mit à battre des paupières. Puis sa tête
s’inclina sur le côté et il leva les épaules comme pour signifier qu’il fallait
s’y attendre. Son sourire, tout d’abord attristé, exprima le bonheur pur.
L’instant d’après, son visage tout entier rayonnait. « C’est merveilleux !
    — Pas du tout ! réagit-elle brutalement, le
haïssant d’être aussi stupide.
    — Comment ça ?
    — Parce qu’il est hors de question que je sois
l’esclave de qui que ce soit, serait-ce de mon propre enfant.
    — Esclave ? Parce que pour toi une mère est une
esclave ?
    — Exactement ! Tu le sais bien, quand même, que
c’est ainsi que je vois les choses ! »
    À la vue de son air dérouté et blessé, elle eut envie de
retirer ses paroles, mais cela faisait trop longtemps que sa colère couvait.
    « Je le sais, c’est vrai, admit-il. Mais quand on a
commencé à coucher ensemble, j’ai pensé que... que tu savais que ça pouvait
arriver, ajouta-t-il après une hésitation. Que ça arriverait forcément, tôt ou
tard.
    — Bien sûr que je le savais. J’ai fait semblant de
l’ignorer.
    — Oui, je peux comprendre.
    — Oh, arrête un peu de toujours tout comprendre !
On dirait une mauviette. »
    Merthin se figea. Il laissa s’écouler une longue pause.
« Très bien. À partir de maintenant, je ne cherche plus à comprendre.
Dis-moi seulement ce que tu veux faire.
    — Je n’en sais rien, idiot. Je sais seulement que je ne
veux pas d’enfant.
    — Et, n’ayant pas de projet, tu attends quelque chose
de l’idiot et de la mauviette que je suis ?
    — Non !
    — Eh bien alors, que fais-tu ici ?
    — Arrête d’être aussi logique ! »
    Il soupira. « Je n’arrêterai sûrement pas. Pour la
bonne raison que tu déraisonnes complètement. » Il fit le tour de la salle
pour éteindre les lampes. « Pour ma part, je suis heureux que nous ayons
un enfant. J’aimerais que nous nous mariions et que nous nous occupions de cet
enfant ensemble. En supposant, bien sûr, que ton humeur présente est
passagère. » Il rangea ses instruments de dessin dans une musette en cuir
dont il passa la bride sur son épaule. « Mais pour l’heure tu es tellement
revêche que j’aime autant ne plus te parler. D’ailleurs, j’ai du
travail. » Il marcha vers la porte et fit une pause. « D’un autre
côté, nous pourrions nous embrasser et faire la paix.
    — Mais va-t’en ! » hurla-t-elle.
    Il se pencha pour franchir le linteau bas de la porte et
disparut dans la cage d’escalier.
    Caris éclata en sanglots.
    *
    Merthin ne savait pas du tout si les habitants de
Kingsbridge se rallieraient à sa proposition. Ils étaient tous accablés par le
travail et les soucis personnels : considéreraient-ils plus importants d’unir
leurs forces pour construire le pont ? Il en doutait. De sa lecture du Livre
de Timothée , il savait que, dans les temps de crise, le prieur Philippe
avait bien souvent réussi à surmonter la situation en invitant les gens du
commun à unir leurs efforts. Mais lui-même n’était pas prieur. Il n’était
aucunement habilité à conduire les hommes. Il n’était qu’un charpentier.
    Ils établirent la liste de tous ceux qui possédaient des
chars à bœuf et la divisèrent selon les rues où ces gens logeaient. Edmond prit
sur lui de convaincre dix des notables les plus importants. Godwyn désigna dix
moines occupant des fonctions de responsabilité au monastère et les envoya
porter la bonne parole par groupes de deux. Merthin se retrouva à faire

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