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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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sûr ?
    — Oui.
    — Eh bien, il me reste encore une question à te poser.
Une question très importante. Si jamais je te soupçonne de mentir, je lui coupe
toute la main. »
    La fille hurla. Et Ralph d’ajouter : « Tu sais que
je ne plaisante pas, n’est-ce pas ?
    — Oui, seigneur. Je vous dirai tout ce que je sais.
    — Demain, à quelle heure la mer sera-t-elle
basse ? »
    La terreur se répandit sur les traits du vacher. « Oui,
oui...
    Laissez-moi calculer...» Il était tellement angoissé qu’il
pouvait à peine réfléchir.
    « Je vais vous le dire, moi, intervint le cordonnier.
Mon frère a pris le gué hier, alors je connais l’heure. Demain matin, c’est
dans le milieu de la matinée que la mer sera basse. Deux heures avant midi.
    — Oui ! lança le vacher. C’est ça ! C’est ce
que j’essayais de calculer. Le milieu de la matinée ou un petit peu plus tard.
Et de nouveau le soir. »
    Ralph tenait toujours fermement la main ensanglantée de la
petite fille. « Tu en es vraiment sûr ?
    — Oh, seigneur ! Aussi sûr que de mon propre nom,
je le jure ! »
    À l’évidence, le paysan aurait été bien en peine de dire son
nom en cet instant tant la terreur bouleversait son esprit. Ralph regarda le
cordonnier. Son visage n’exprimait ni ruse, ni défi, ni volonté de plaire,
uniquement une sorte de honte, comme s’il avait été forcé de faire le mal
contre sa volonté. Ralph exulta intérieurement : l’homme avait dit la
vérité. Tout haut, il répéta les informations obtenues : « La
Blanchetaque, à trois lieues en aval d’Abbeville, au village de Saigneville.
Des pierres blanches au fond de la rivière. La mer sera basse demain dans le
milieu de la matinée.
    — Oui, seigneur. »
    Ralph lâcha le poignet de la fille qui courut vers son père
en sanglotant. Le vacher la serra dans ses bras.
    Une mare de sang maculait l’autel. Une véritable inondation
pour une gamine aussi petite, se dit Ralph et, sur cette considération gardée
par-devers lui, il lança à sa troupe : « C’est bon, les gars. Nous en
avons fini ici ! »
    *
    Aux premières lueurs de l’aube, Ralph fut tiré du sommeil
par une sonnerie de trompette. Il n’avait pas le temps d’allumer un feu ou de
manger quelque chose. L’armée levait le camp immédiatement. Une distance de
trois lieues devait être couverte avant le milieu de la matinée par une armée
de dix mille hommes dont la plupart était à pied. La division du prince de
Galles ouvrait la marche, suivie par celle du roi puis par le train de bagages.
En queue venait l’arrière-garde. Des éclaireurs avaient été envoyés loin devant
sous les ordres du fils du roi, un jeune homme de seize ans qui portait le même
nom que son père : Édouard. Ils avaient pour consigne de découvrir à
quelle distance se trouvaient les Français. Les Anglais espéraient prendre les
Français par surprise en traversant la Somme à gué. Ralph était du nombre.
    La nuit dernière, le roi lui avait dit : « Du beau
travail, Ralph Fitzgerald ! » Mais depuis le temps qu’il
accomplissait toutes sortes de missions dangereuses ou importantes à la demande
du roi Édouard, du comte Roland ou d’autres grands seigneurs, il avait compris
que ces félicitations n’étaient que paroles en l’air dont il ne tirerait aucun
bénéfice. En ces moments-là, il éprouvait un pincement au cœur.
    Aujourd’hui, pourtant, alors que le risque de périr était
plus grand que jamais, sa joie d’avoir découvert une issue à la menace
d’encerclement était telle qu’il ne se souciait pas qu’on lui reconnaisse ou
non l’honneur d’avoir sauvé l’armée entière.
    L’armée se dirigeait donc vers le gué. Elle avançait en
ordre de marche sous la surveillance continue d’une quantité de maréchaux et de
sous-maréchaux qui en remontaient et en redescendaient les colonnes
inlassablement, veillant à suivre la bonne direction, à maintenir les
formations ensemble et les divisions séparées, à faire s’activer les
retardataires. Ces maréchaux étaient tous des nobles, parce qu’il fallait avoir
de l’autorité pour donner des ordres. Et le roi Édouard était intransigeant sur
l’ordre de marche des troupes quand elles se déplaçaient.
    Il avait mis le cap au nord. Le terrain s’élevait en pente
douce jusqu’à une crête d’où l’on pouvait voir scintiller l’estuaire au loin.
Arrivés là, ils redescendirent à travers des

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