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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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fille probablement.
    « Je ne suis qu’un pauvre vacher, seigneur.
    — Un vacher ? répéta Ralph en se réjouissant
intérieurement. Et combien de fois par an emmènes-tu ton troupeau de l’autre
côté de la rivière ?
    — Une ou deux fois l’an, seigneur, quand je vais au
marché.
    — Et où se trouve le gué ? »
    Le paysan hésita. « Le gué ? Il n’yen a pas, de
gué. Pour traverser, il faut prendre le pont à Abbeville.
    — C’est bien vrai, ça ?
    — Oui, seigneur. »
    Ralph promena les yeux sur l’assemblée. « Vous tous,
est-ce que c’est vrai ? »
    Ils hochèrent la tête en chœur.
    Ralph scruta leurs visages. Ils étaient effrayés, terrifiés
même, mais ils pouvaient encore mentir. « Si j’envoie chercher le prêtre,
est-ce que vous jurerez tous sur sa bible que votre âme immortelle sera damnée
pour toute l’éternité si jamais il y a un gué pour traverser l’estuaire ?
    — Oui, seigneur. »
    Mais cela prendrait trop longtemps.
    « Viens ici, toi ! » ordonna-t-il à la fille
qu’il avait capturée. Elle se leva, mais au lieu de s’avancer fit un pas en
arrière. Le vacher se laissa tomber à genoux. « Je vous en supplie,
seigneur ! Ne faites pas de mal à une enfant innocente. Elle n’a que
treize ans...»
    Alan Fougère la souleva comme un sac d’oignons et la lança à
Ralph qui la rattrapa et la remit sur ses pieds en la tenant fermement.
    « Vous mentez, tous autant que vous êtes ! Il y a
un gué, j’en suis certain. J’ai juste besoin de savoir où il se trouve.
    — C’est bon, s’écria le vacher. Je vais vous le dire.
Mais lâchez mon enfant.
    — Où se trouve-t-il ?
    — À une demi-lieue en aval d’Abbeville.
    — Le nom du village ? »
    Le vacher hésita. Visiblement, il ne s’était pas attendu à
cette question. Il finit par répondre : « Il n’y a pas de village.
Juste une auberge de l’autre côté. »
    Il mentait. Il n’était jamais sorti de son village, sinon il
aurait su qu’il y avait toujours un village à proximité d’un gué.
    S’emparant de la main de la fille, Ralph la posa sur
l’autel. Puis, d’un mouvement vif, il sortit son couteau. La lourde lame eut
tôt fait de trancher l’os fragile d’un doigt de la petite fille. La captive
poussa un hurlement de douleur. Un jet de sang rouge jaillit de sa main,
éclaboussant le bois blanc de l’autel. Les paysans crièrent d’horreur. Le
vacher fit un pas en avant d’un air menaçant. La pointe de l’épée d’Alan
Fougère stoppa son mouvement.
    Retenant la fille d’une main, Ralph leva en l’air le doigt
tranché, planté sur la pointe de son couteau.
    « Vous êtes le diable en personne ! s’écria le
vacher en tremblant d’émotion.
    — Non, ce n’est pas vrai ! s’exclama Ralph, que
cette accusation si souvent entendue continuait malgré tout d’ébranler. Au
contraire ! En agissant ainsi, je sauve la vie de milliers d’hommes. S’il
le faut je lui couperai tous les doigts des deux mains, un par un !
    — Non ! Non !
    — Alors, dites-moi où se trouve le gué ! ordonna
Ralph en brandissant à nouveau son couteau.
    — La Blanchetaque, s’écria le vacher. Ça s’appelle la
Blanchetaque ! S’il vous plaît, lâchez-la !
    — La Blanchetaque ? » répéta Ralph. Il avait
pris un ton volontairement dubitatif, bien que ce nom, de par sa rareté même,
lui semble prometteur. Il évoquait en effet une sorte de plate-forme blanche.
Ce n’était pas une chose qu’un homme terrifié pouvait inventer sous l’impulsion
du moment.
    « Oui, seigneur. C’est à cause des pierres blanches
qu’il y a au fond de la rivière pour empêcher qu’on s’enfonce dans la
vase. » La panique s’était emparée de lui ; les larmes inondaient ses
joues. Il y avait fort à croire qu’il disait la vérité, pensa Ralph avec
satisfaction. « On raconte que ce sont les Romains qui les ont posées là,
au temps jadis, continuait-il d’une voix hachée. Je vous en prie, lâchez ma
fille !
    — Où est-il situé ?
    — À trois lieues en aval d’Abbeville.
    — Pas à une demi-lieue, alors ?
    — Non. Cette fois, je dis la vérité. Aussi sûr que
j’espère être sauvé !
    — Le nom du village ?
    — Saigneville.
    — Le gué est-il toujours praticable, ou seulement à
marée basse ?
    — Seulement à marée basse, seigneur. Surtout avec du
bétail ou des chariots.
    — Et toi, tu connais les marées, bien

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