Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
s’offrait à lui : baisser
la tête et la tenir tout contre l’encolure de Griff en le suppliant de tenir
bon.
    Les survivants des premières lignes d’archers anglais
atteignirent enfin une eau moins profonde et purent utiliser leurs armes plus
efficacement. Ils tiraient à la file, visant au-dessus des pavois. Une fois
qu’ils étaient lancés, ils pouvaient tirer douze flèches à la minute, des
flèches constituées d’une tige en bois durcie au feu et terminée par une pointe
d’acier. Elles s’abattaient sur l’ennemi en une pluie terrifiante.
    Soudain, le tir ennemi diminua. Certains pavois tombèrent.
Les Génois étaient rappelés en arrière. Les Anglais commençaient à atteindre le
rivage.
    Sitôt que les archers eurent posé le pied sur la terre
ferme, ils se dispersèrent à droite et à gauche pour laisser passer les
chevaliers. Ceux-ci sortirent de l’eau et chargèrent. Ralph, quant à lui,
pataugeait toujours dans la rivière. Ayant participé à bon nombre de batailles,
il devina aisément la réaction des Français. En principe, ils auraient dû
serrer les rangs et laisser les arbalétriers continuer à massacrer les Anglais
sur la plage et dans l’eau. Mais c’était mal connaître les nobles français.
Leur code d’honneur ne leur permettait pas de se cacher derrière des archers
issus du peuple. Ils devaient forcer les rangs et foncer à cheval à la
rencontre des chevaliers anglais pour engager avec eux un combat d’égal à égal,
quitte à perdre de ce fait une grande partie du bénéfice acquis. Cette pensée
fit renaître en Ralph un espoir vacillant.
    Les Génois retirés, ce fut la mêlée sur la plage. Le cœur de
Ralph s’emballa sous l’effet de la peur et de l’excitation. Outre leurs
armures, les Français jouissaient encore d’un avantage : ils chargeaient
en descendant la pente. En un clin d’œil, la troupe de Hugh Despenser fut
taillée en pièces et l’avant-garde française se jeta à l’eau, massacrant les
hommes qui n’avaient pas encore atteint le rivage.
    Les archers du comte Roland atteignirent le bord, juste
devant Ralph et Alan. Les survivants se dispersèrent aussitôt sur le rivage.
Les Anglais allaient subir une défaite tragique. Ralph était convaincu qu’il
n’en sortirait pas vivant. Mais que faire sinon aller de l’avant ? Et il
se retrouva subitement en train de charger droit sur la ligne française, la
tête enfouie dans l’encolure de Griff, l’épée brandie. Esquivant un glaive prêt
à le trancher en deux, il atteignit la terre ferme. Il frappa inutilement un
casque d’acier et Griff percuta un cheval. La monture française, plus grande
mais plus jeune, fit un violent écart, projetant son cavalier dans la boue.
Ralph fit faire demi-tour à Griff et s’en revint, prêt à charger encore.
    Son épée ne lui était pas d’une grande utilité contre des
ennemis en armure. Ses seuls avantages étaient sa haute taille et son cheval
intrépide. Dans ces circonstances, le mieux, le seul espoir, c’était de
renverser les chevaliers français à bas de leurs montures. Il chargea à
nouveau. À ce moment de la bataille, tout effroi l’avait quitté, remplacé par
une fureur grisante qui le poussait à tuer autant d’ennemis qu’il le pourrait.
Quand un combat était engagé, le temps n’existait plus pour lui. Il était
entièrement concentré sur l’instant présent. Ce soir, une fois la bataille
achevée et s’il était encore vivant, il constaterait avec ébahissement que le
soleil était en train de se coucher, qu’une journée entière s’était écoulée.
Pour l’heure, il se lançait contre l’ennemi, encore et encore, esquivant les
coups, frappant chaque fois qu’il en avait l’occasion, sans jamais ralentir son
allure, ce qui lui aurait été fatal.
    Soudain – s’était-il passé quelques minutes ou plusieurs
heures ? – il se rendit compte que les Anglais ne se laissaient plus
massacrer. En fait, ils donnaient même l’impression d’avoir repris espoir et de
gagner du terrain. Haletant, il sortit de la mêlée pour faire une pause afin
d’évaluer la situation.
    La plage était recouverte de cadavres et l’on pouvait
compter parmi les morts autant de Français que d’Anglais. Cette charge
française avait été une folie. Dès que les chevaliers des deux camps avaient
engagé le combat, les Génois avaient cessé de tirer par peur de toucher leurs
camarades. Les Français n’avaient donc plus visé

Weitere Kostenlose Bücher