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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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commis ce à quoi
la moitié de l’armée anglaise s’était adonnée ces dernières semaines.
    « Quand vous arriverez sur la berge, poursuivait
William, que les archers s’écartent à droite et à gauche pour laisser passer
les chevaliers et les hommes en armes. »
    À l’entendre, c’était un jeu d’enfant. Il en allait toujours
ainsi avec les ordres. Mais aujourd’hui, ce serait sanglant, pensa Ralph
par-devers lui. L’ennemi occupait une position parfaite. De la pente où ils
étaient, dominant la rivière, les Français n’auraient qu’à choisir
tranquillement leur cible parmi tous ces Anglais qui pataugeraient dans l’eau.
    Les hommes de Hugh Despenser ouvrirent la marche, arborant
son fameux étendard noir et blanc. Les archers entrèrent dans l’eau, tenant
leurs arcs levés au-dessus des vaguelettes ; les chevaliers et les
fantassins suivirent dans des gerbes d’eau. Puis ce fut au tour des hommes de
Roland. Bientôt Ralph et Alan se retrouvèrent à cheval au milieu du courant.
    Une lieue, ce n’était pas une très grande distance sur la
terre ferme, mais dans la vase et la boue d’un marécage, c’était un long
trajet, même pour un cheval. La profondeur variait. Tantôt l’on marchait sur un
terrain marécageux à fleur d’eau, tantôt l’on s’enfonçait jusqu’au ventre.
Hommes et bêtes fatiguèrent rapidement. Le soleil du mois d’août leur chauffait
impitoyablement le crâne alors qu’ils ne sentaient presque plus leurs pieds
glacés. Et lorsqu’ils relevaient les yeux, c’était pour apercevoir de plus en
plus distinctement l’ennemi massé sur la berge.
    Ralph étudiait les forces opposées avec une trépidation
grandissante. La ligne de front, déployée sur le rivage, était constituée
d’arbalétriers. Ce n’était pas des Français, mais des mercenaires italiens
appelés Génois, d’où qu’ils viennent. Les arbalètes avaient une vitesse de tir
bien moins rapide que les arcs de guerre, mais les Génois disposeraient de tout
le temps voulu pour recharger leur arme pendant que leurs cibles avanceraient,
tant bien que mal, empêtrées dans les algues du marécage. Derrière les archers,
sur la pente verdoyante, les fantassins et les chevaliers montés attendaient,
prêts à charger.
    Regardant derrière lui, Ralph vit des milliers d’hommes
poussant en avant pour se regrouper autour de ceux qui avaient ouvert la voie.
Comment faire demi-tour dans ces conditions ?
    À présent, il apercevait clairement les rangs ennemis et les
lignes de pavois le long du rivage. Derrière chacun de ces lourds boucliers de
bois se cachait un Génois.
    Les arbalétriers commencèrent à tirer, sitôt que les Anglais
furent à portée de leurs flèches. À une distance de quatre cents pas, le tir
manquait de précision et les flèches parvenaient à vitesse ralentie. Néanmoins,
des hommes furent touchés. Ils s’écroulèrent et furent emportés par le courant.
Des chevaux blessés se débattirent dans la vase, colorant l’eau de leur sang.
Le cœur de Ralph battit plus vite.
    À mesure que les Anglais se rapprochaient du rivage, les
tirs génois gagnaient en précision et en puissance. Leurs flèches, munies d’une
pointe en fer inclinée, frappaient avec une violence effrayante. Tout autour de
Ralph, bêtes et hommes tombaient, foudroyés. Certains d’entre eux mouraient
dans l’instant. Saisi d’une crainte grandissante, Ralph comprit qu’il était
sans défense : soit il mourrait lui aussi, soit il aurait de la chance.
Cela ne dépendait pas de lui. L’air résonnait du bruit monstrueux de la
bataille : sifflement sinistre des flèches, jurons des mourants,
hennissements des chevaux blessés.
    Les archers anglais de la première colonne répondirent.
Leurs arcs de guerre qui mesuraient six pieds de long traînaient dans l’eau.
Pour tirer, ils devaient les incliner de façon inhabituelle, et cela tout en
s’ingéniant à ne pas déraper sur le sol glissant.
    En revanche, tirées à courte distance, les flèches des
arbalétriers génois pouvaient pénétrer une armure. Et les Anglais n’en
portaient pas. Hormis leurs casques, quelle protection avaient-ils contre cette
pluie mortelle ?
    S’il l’avait pu, Ralph aurait pris ses jambes à son cou
mais, derrière lui, ils étaient maintenant dix mille hommes et cinq mille
chevaux à pousser en avant. Ils l’auraient piétiné et noyé s’il avait tenté de
repartir dans l’autre sens. Non, une seule issue

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