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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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« À
Longchamp, mon père est le chirurgien du seigneur.
    — Et tu es ici avec ton seigneur ?
    — Non, il a été capturé par les Anglais. Madame nous a
envoyés, mon frère et moi, négocier sa rançon.
    — Je vois. Tu aurais aussi bien fait d’aller
directement à Londres. S’il n’y est pas encore, il y sera bientôt. Quoi qu’il
en soit, puisque tu es là, tu peux te gagner une place ici pour la nuit en
acceptant de m’aider.
    — Oh, avec plaisir.
    — As-tu déjà vu ton père nettoyer des blessures avec du
vin chaud ? »
    S’il était une chose que Caris pouvait accomplir les yeux
fermés, c’était bien celle-là. Et elle se retrouva bientôt, ainsi que Mair, à
faire la chose au monde qu’elle connaissait le mieux : soigner.
    La plupart des hommes avaient été blessés la veille, dans
une bataille près d’un gué. Les nobles avaient été traités en premier ;
maintenant, c’était au tour des simples soldats. Caris et Mair s’affairèrent
sans relâche plusieurs heures durant. Le long soir d’été se changea en
crépuscule ; des chandelles furent apportées. Enfin, toutes les fractures
furent réduites, tous les membres gravement blessés amputés et toutes les
entailles recousues. Martin le Chirurgien les emmena alors au réfectoire pour
souper.
    Considérées comme appartenant à l’entourage du roi, elles se
virent offrir du ragoût de mouton aux oignons et un vin rouge que Mair but avec
délice. Caris se réjouit de cette viande qui leur redonnait des forces. Elles
n’en avaient pas mangé depuis une semaine. Cependant, elle s’inquiétait. Les
Anglais étaient encore loin. Parviendraient-elles à les rattraper ?
    Un chevalier qui partageait leur table déclara :
« Vous rendez-vous compte que dans la pièce à côté, le réfectoire de
l’abbaye, quatre rois et deux archevêques sont en train de souper ? Les
rois de France, de Bohême, de Rome et de Majorque et les archevêques de Rouen
et de Sens ! »
    La nouvelle piqua la curiosité de Caris. Elle décida d’aller
voir ce qu’il en était. Elle s’esquiva par un passage qui menait aux cuisines,
semblait-il. Comme des servantes quittaient les lieux, chargées de nourriture,
elle profita de ce que la porte s’ouvrait pour jeter un œil dans la salle
voisine.
    Indubitablement, les hommes qui se tenaient assis autour
d’une table croulant sous les volailles rôties, les pièces de bœuf et de
mouton, les tourtes et des pyramides de fruits confits étaient des personnages
de haut rang. Celui qui occupait la place d’honneur devait être le roi de
France, Philippe. Il avait cinquante-trois ans et une barbe blonde parsemée de
poils gris. À son côté se trouvait un homme qui lui ressemblait fort et
affirmait, le visage empourpré par la fureur : « Les Anglais n’ont
aucune noblesse. Ils agissent comme les brigands qui dépouillent les gens la
nuit et s’enfuient ! »
    Martin, qui avait rejoint Caris, lui murmura à
l’oreille : « C’est mon vrai maître, Charles, le comte d’Alençon,
frère du roi. »
    Une autre voix intervenait : « Je ne suis pas
d’accord. » Celui qui avait parlé étant aveugle, Caris en conclut que
c’était le roi Jean de Bohême. « Les Anglais ne pourront pas s’enfuir
longtemps. Ils manquent de vivres et ils sont épuisés.
    — Édouard veut effectuer la jonction avec les forces
flamandes qui ont envahi la France par le nord-est. »
    Jean de Bohême secoua la tête. « Nous avons appris
aujourd’hui que cette armée-là, les Anglo-Flamands, battait en retraite. Je
pense qu’Édouard va établir un camp et attaquer. Et cela le plus tôt possible,
tant que le moral de ses hommes n’est pas trop bas. Car il ne pourra que
baisser encore à mesure que les jours passent.
    — Dans ce cas, s’exclama Charles sur un ton plein
d’excitation, il décidera peut-être de livrer bataille demain. Après le carnage
qu’ils ont fait en Normandie, ils devraient tous mourir jusqu’au dernier,
chevaliers, seigneurs et jusqu’au roi lui-même ! »
    Le roi de France posa une main sur le bras de son frère, qui
se tut. « La colère de notre frère est compréhensible, dit-il. Mais
n’oublions pas une chose : quand nous rencontrerons l’ennemi, le plus
important sera de remiser nos différends, d’oublier nos querelles et nos
rancœurs, de nous faire confiance les uns les autres, même si cela ne doit
durer que le temps des combats. Nous sommes supérieurs en

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