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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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nombre. Nous devrions
remporter la victoire facilement. Pour cela, nous devons combattre ensemble,
comme une seule armée. Levons nos verres à l’union ! »
    Ce vœu était révélateur, songea Caris en se retirant
discrètement. Manifestement, le roi craignait de voir ses alliés agir chacun de
son côté. Toutefois, la nouvelle la plus inquiétante dans cette conversation,
c’était l’imminence d’une bataille, peut-être même le lendemain. Elles
devraient donc veiller, Mair et elle, à ne pas se retrouver prises entre
l’enclume et le marteau.
    Tandis qu’elle retournait au réfectoire avec Martin,
celui-ci lui dit tranquillement : « Comme notre roi, vous avez un
frère difficilement contrôlable. »
    Et, de fait, sous son habit d’homme, la religieuse au visage
angélique avait pris à cœur son rôle de garçon. Assise les jambes écartées et
les coudes sur la table, elle déclarait d’une voix changée par l’ivresse :
« Par tous les saints, c’était un bon ragoût ou je ne m’y connais pas.
Mais il me fait péter comme le démon. Excusez la puanteur, les
gars ! » Elle remplit à nouveau son bol et le lampa d’un coup.
    Les hommes rirent avec indulgence, amusés par le spectacle
de ce jeune garçon qui s’enivrait pour la première fois. Sans doute se
rappelaient-ils des moments embarrassants de leur propre jeunesse.
    Caris la prit par le bras. « Allez, petit frère !
C’est l’heure de faire dodo. »
    Mair la suivit sans se faire trop prier. « Mon grand frère
aime bien jouer les vieilles femmes, dit-elle à la compagnie. Mais il m’aime,
vous savez ? N’est-ce pas que tu m’aimes, Christophe ?
    — Oui, Michel. Je t’aime », répondit Caris et les
hommes rirent encore.
    Caris ramena dans l’église une Mair qui se collait à elle.
Ayant retrouvé l’endroit où elles avaient laissé leurs couvertures, elle aida
Mair à s’allonger et l’enveloppa chaudement.
    « Embrasse-moi pour me souhaiter bonne nuit,
Christophe ! » ordonna Mair.
    Caris déposa un baiser sur ses lèvres et lui dit :
« Dors, tu es saoule ! Nous devons partir très tôt demain
matin. »
    L’inquiétude tint Caris éveillée un certain temps. Quelle
malchance ! Juste au moment où elle allait rattraper l’armée anglaise et
l’évêque Richard, voilà que les Français risquaient de la devancer !
Demain, il lui faudrait veiller à ne pas trop s’approcher du champ de bataille.
D’un autre côté, elle ne pouvait pas rester collée à l’arrière-garde française,
sinon elle ne rattraperait jamais les Anglais ! Tout bien considéré, mieux
valait devancer les Français et prendre la route avant l’aube. Organiser une
armée de cette taille en ordre de marche exigerait plusieurs heures. En se
débrouillant bien, elles parviendraient à conserver leur avance et à rejoindre
les forces de leur pays. L’entreprise était risquée, certes, mais
qu’avaient-elles fait depuis Portsmouth, sinon prendre des risques ?
    Elle finit par glisser dans le sommeil et s’éveilla peu
après trois heures du matin, lorsque la cloche sonna matines. Elle réveilla
Mair et refusa de compatir à son mal de tête. Laissant les moines chanter les
Psaumes, elles se rendirent aux écuries et sellèrent leurs chevaux. Le ciel
était limpide, les étoiles éclairaient le chemin.
    Les boulangers s’étaient échinés toute la nuit de sorte
qu’elles purent s’acheter des miches de pain pour le voyage. Mais les portes de
la ville étaient encore fermées. Elles durent attendre que l’aube se lève.
L’air était frisquet. Elles se réchauffèrent en mangeant leur pain chaud.
    Enfin, sur les coups de quatre heures et demie, elles
quittèrent Abbeville et remontèrent la Somme sur sa rive droite vers le
nord-est, direction prise par l’ennemi à en croire les rumeurs. Caris n’avait
pas perdu l’espoir d’atteindre le camp des Anglais avant les Français. L’armée
du roi de France devrait s’arrêter et se regrouper avant de lancer l’attaque.
Cela lui donnerait le temps de retrouver ses compatriotes, puis de se mettre en
sécurité loin des combats. Elle craignait plus que tout de se faire prendre
entre les deux armées. Elle commençait à se dire que cela avait été une folie
de se lancer dans cette entreprise. Ne sachant rien de la guerre, comment
pouvait-elle en imaginer les dangers et les difficultés ? Hélas, il était
trop tard pour se lamenter. Jusqu’à présent, tout

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