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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ont besoin de repos,
objecta Henri tranquillement. Le roi est très loin à l’arrière. Il faut lui
laisser une chance de nous rattraper et de voir par lui-même le champ de
bataille. Il pourra prendre ses dispositions pour une attaque demain, quand nos
hommes auront repris des forces.
    — Au diable vos dispositions ! Les Anglais ne sont
que quelques milliers. Nous les aurons défaits en un clin d’œil ! »
    Henri fit un geste montrant son impuissance. « Je n’ai
pas d’ordres à vous donner, mon seigneur. Mais je dois quérir mes instructions
auprès de votre frère le roi.
    — C’est ça ! Allez les lui demander ! »
s’écria Charles, et il donna le signal de reprendre la marche en avant.
    Martin se tourna vers Caris : « Cette intempérance
qui ronge mon maître est une chose que je n’arrive pas à comprendre. »
    À quoi Caris répondit pensivement : « Il doit
vouloir prouver au monde qu’il possède le courage nécessaire pour régner, même si
le hasard a voulu qu’il naisse le second.
    — Tu es bien avisé pour un garçon si
jeune ! » remarqua Martin en posant sur Caris un regard appuyé.
    Elle évita son regard, se jurant de se rappeler à l’avenir
sa fausse identité. La voix de Martin ne recelait aucune hostilité, simplement
un soupçon. De par son métier de chirurgien, il connaissait forcément les
subtiles différences dans l’ossature des hommes et des femmes et il avait
certainement noté la finesse anormale des deux frères Longchamp. Par bonheur, il
n’insista pas.
    Le ciel commençait à se charger de nuages. La chaleur
n’avait pas diminué et l’air était toujours aussi humide. À gauche s’étendait
une région boisée dont Martin apprit à Caris qu’il s’agissait de la forêt de
Crécy. Les Anglais n’étaient donc plus très loin, se dit-elle. Comment quitter
le bataillon français et rejoindre les Anglais sans se faire tuer par l’un ou
l’autre camp ?
    La présence de la forêt eut pour conséquence de resserrer
l’armée en marche sur son flanc gauche. La route sur laquelle Caris chevauchait
fut bientôt envahie par des soldats appartenant à toutes sortes de divisions et
incapables dans la cohue de retrouver leur commandement.
    Des courriers parcoururent les lignes, portant de nouvelles
instructions du roi : l’armée avait ordre de s’arrêter et d’établir un
camp. Caris reprit confiance. L’occasion tant attendue s’offrait enfin :
elles allaient pouvoir s’esquiver. Mais une altercation venait de survenir
entre Charles et un courrier du roi. Martin, qui s’était rapproché du comte
pour en connaître la cause, s’en revint vers Caris et Mair, l’air incrédule.
« Le comte Charles refuse d’obéir aux ordres !
    — Quoi ? s’écria Caris.
    — Il estime la prudence de son frère excessive et
affirme qu’il n’aura pas la couardise de s’arrêter devant un ennemi aussi
faible.
    — Je croyais qu’à la guerre tout le monde devait obéir
aux ordres du roi !
    — En principe, oui. Mais pour les nobles français, rien
ne compte, hors l’honneur. Ils préféreront mourir plutôt que faire acte de
couardise. »
    L’armée poursuivrait donc sa marche sans se préoccuper des
ordres.
    « Je suis content de vous avoir à mes côtés, reprit
Martin. Nous allons avoir du pain sur la planche avant le coucher du soleil,
que nous l’emportions ou que nous perdions. »
    Caris ne réussirait donc pas à s’échapper. Curieusement,
cette nouvelle ne la fâcha pas, mais fit naître en elle une ardeur inattendue.
En un certain sens, elle ne souhaitait plus vraiment quitter ces hommes. S’ils
étaient assez fous pour se mutiler les uns les autres, elle pourrait au moins
secourir les blessés.
    Sur ces entrefaites, Ottone Doria, le chef des arbalétriers,
arriva sur son cheval, non sans avoir franchi péniblement la foule en marche
qui le séparait du comte. « Arrêtez vos hommes ! » hurla-t-il à
Charles d’Alençon.
    Celui-ci le prit de haut. « Qui
es-tu pour me donner des ordres ?
    — Nous devons nous arrêter sur ordre du roi. Mes hommes
ne peuvent pas le faire à cause des vôtres qui poussent par-derrière !
    — Qu’ils avancent, alors !
    — Nous sommes en vue de l’ennemi. Un pas de plus et
nous devrons livrer bataille.
    — Qu’il en soit ainsi !
    — Mes hommes ne sont pas en état de se battre. Ils ont
marché toute la journée, ils ont faim et soif, ils sont fatigués. Et ils

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