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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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robe.
    Mais tel n’était pas l’avenir que Merthin souhaitait pour
lui-même. Il écarta sa main et la baisa. « Sois sans crainte, dit-il. Je
pourvoirai à tes besoins et à ceux de tes enfants.
    — Merci, seigneur. »
    Elle semblait déçue. L’expression qui passa dans son regard
fit comprendre à Merthin que sa proposition ne lui avait pas été dictée par un
simple souci pratique, mais par l’espoir sincère de le voir devenir autre chose
que son nouveau maître. En cela, justement, résidait le problème, car Merthin
ne pouvait envisager de posséder une femme. Cette seule idée lui répugnait.
    Il but son vin à petites gorgées. Ses forces revenaient un
peu. Si la perspective d’une vie facile dans le luxe et l’assouvissement
sensuel ne l’attirait pas, qu’attendait-il donc de l’avenir ? Que lui
restait-il, hormis Lolla ? Certes, il y avait son travail. Actuellement,
trois bâtiments se construisaient en ville selon ses plans. Il n’allait pas
renoncer à un métier qu’il aimait. Il n’avait pas survécu à la grande mort pour
couler ses jours dans l’oisiveté. Il se rappela ses ambitions d’antan :
construire l’édifice le plus haut d’Angleterre. Il allait reprendre son travail
là où il l’avait interrompu. Pour oublier son chagrin, il allait se jeter corps
et âme dans ses projets de construction.
    Il se leva pour partir. Lena se pendit à son cou.
« Merci, dit-elle. Merci d’avoir promis de prendre soin de mes
enfants. »
    Il lui tapota le dos. « Ce sont aussi ceux
d’Alessandro. Quand ils seront grands, ils seront riches », répliqua-t-il,
car, à Florence, les enfants d’esclaves n’étaient pas nécessairement esclaves
eux-mêmes.
    Il détacha gentiment ses bras et descendit l’escalier.
    Dehors, toutes les maisons de Florence avaient portes et
persiennes closes. Çà et là, une forme enveloppée dans un linceul gisait sur un
seuil. De rares silhouettes erraient dans les rues, de pauvres gens pour la
plupart. Une telle désolation ne laissait pas d’être déconcertante. Florence
était la plus grande cité du monde chrétien, une métropole commerciale. Des
milliers d’aunes de lainage y étaient tissées chaque jour ; des sommes
énormes y changeaient de main quotidiennement sur la foi d’une lettre expédiée
d’Anvers ou sur la simple promesse verbale d’un prince. La vue de ces rues
muettes et désertes était aussi incongrue que celle d’un cheval affalé au sol,
incapable de se relever. Elle forçait l’homme à admettre qu’une puissance
colossale pouvait être réduite à néant du jour au lendemain.
    Au cours de ses déambulations, Merthin ne croisa personne de
sa connaissance. Ses amis restaient probablement terrés chez eux, du moins ceux
qui étaient toujours vivants. Il se rendit tout d’abord sur une place de la
vieille ville romaine, non loin de chez les Christi, sur laquelle il
construisait une fontaine à la demande de la municipalité. Cette fontaine
promettait d’être stupéfiante à plus d’un titre. Par sa beauté, d’abord, car il
avait engagé le meilleur tailleur de pierre de la ville pour en sculpter la
pièce maîtresse et lui avait ouvert son atelier, mais également par son mode
d’alimentation, car il avait lui-même mis au point un système de recyclage
grâce auquel presque toute l’eau pourrait être réutilisée, ce qui serait
extrêmement précieux pendant les longs étés torrides.
    Hélas, il n’avait pas atteint la place qu’il put se
convaincre que le chantier était arrêté. Pas un seul ouvrier n’y travaillait.
Les canalisations souterraines avaient été installées et les tranchées
remblayées avant sa maladie, de même le premier niveau du socle en maçonnerie
destiné à recevoir le plan d’eau avait été posé. Mais les pierres qui
jonchaient le terrain çà et là indiquaient que rien d’autre n’avait été
accompli depuis des jours. Une petite pyramide de ciment abandonnée sur une
planche en bois s’était solidifiée au point de devenir incassable. Il s’en
éleva seulement un nuage de poussière quand il y donna un coup de pied. Des
outils traînaient un peu partout. Un miracle qu’ils n’aient pas été
dérobés !
    Face à ce spectacle, Merthin resta pétrifié. Ses maçons
n’étaient quand même pas tous décédés ! Avaient-ils suspendu le travail
dans l’attente de nouvelles sur son état de santé ?
    Pour prestigieux que soit ce projet, ce n’était jamais que
le

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