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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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plus petit des trois sur lesquels il travaillait actuellement. Merthin
reprit donc son chemin pour aller visiter le second, au nord de la ville. En
cours de route, l’inquiétude le saisit. Personne n’était en mesure de lui
fournir d’informations globales sur la situation. Qu’était devenu le
gouvernement, par exemple ? L’épidémie allait-elle empirant ou
régressant ? Que se passait-il dans le reste de l’Italie ?
    Chaque chose en son temps, se dit-il.
    Ce second projet était une commande de Giulielmo Caroli, le
frère aîné de Buonaventura. Ce serait un véritable palazzo de plusieurs étages,
pourvu d’une double entrée se déployant autour d’un escalier monumental, plus
large que bien des ruelles de la ville. Le rez-de-chaussée sortait déjà de
terre. Près du sol, les murs, légèrement inclinés, créaient une impression de
forteresse que venaient alléger d’élégantes fenêtres à double section dont
l’ogive était coiffée d’un trèfle. Par tout son aspect, cette façade
proclamerait qu’une famille puissante et raffinée vivait entre ces murs. Et
c’était exactement le sentiment que les Caroli souhaitaient susciter.
    Pas un seul des cinq maçons censés s’y affairer ne
travaillait sur l’échafaudage érigé en vue de bâtir le second étage !
Seule présence sur le chantier, le vieux gardien dans sa cahute en bois tout au
bout du terrain. Merthin le découvrit faisant griller un poulet, accroupi
devant un âtre bricolé à partir de coûteuses plaques de marbre.
L’imbécile !
    « Où est tout le monde ? » lui lança Merthin
sèchement.
    Le gardien bondit sur ses pieds. « Le signor Caroli est
mort et son fils, Agostino, n’a pas voulu payer les travailleurs. Alors, ils
sont partis. Enfin, ceux qui n’étaient pas déjà décédés. »
    Si les Caroli, l’une des familles les plus fortunées de
Florence, en venaient à reconsidérer la construction de ce palais, la crise
était sérieuse !
    « Je t’ai bien compris ? Agostino est
vivant ?
    — Oui, maître, je l’ai vu ce matin. »
    Moins avisé que son père ou son oncle Buonaventura, le jeune
Agostino compensait son manque d’intelligence par un conservatisme et une
prudence extrêmes. Assurément, tant qu’il ne se serait pas convaincu que tout
danger financier était bel et bien écarté, le chantier serait suspendu.
    Oui, la situation était grave. Néanmoins, elle ne devrait
pas avoir d’incidence sur son troisième projet, le plus grand de tous,
tenta-t-il de se rassurer. La commande en effet émanait d’un ordre monastique
qui jouissait de toutes les faveurs des marchands de Florence. Elle concernait
la construction d’une église sur la rive sud de l’Arno.
    Pour s’y rendre, Merthin emprunta le pont construit deux ans
plus tôt par le peintre Taddeo Gaddi, désigné pour l’occasion bâtisseur en
chef, et sous l’égide duquel il avait conçu certaines parties de l’ouvrage,
notamment des piles qui devaient résister à un courant accru en période de
fonte des neiges. Ce travail lui avait demandé une grande réflexion. Tout en
traversant le pont, il constata que toutes les échoppes d’orfèvres étaient
fermées. Ce n’était pas de bon augure.
    L’église Sant’Anna dei Frari était à ce jour son projet le
plus ambitieux. L’ordre étant riche, le bâtiment aurait les dimensions d’une
cathédrale, mais il ne ressemblerait en rien à celle de Kingsbridge. En Italie,
les cathédrales étaient de style gothique, et celle de Milan était l’une des
plus vastes. Les Italiens n’appréciaient pas les arcs-boutants ni les larges
fenêtres prisées en France ou en Angleterre. À leurs yeux, c’étaient des manies
d’étrangers. Pour eux qui recherchaient avant tout l’ombre et la fraîcheur, la
passion pour la lumière des peuples du nord-ouest de l’Europe était une
perversion. Le style qui parlait à leurs cœurs était celui, classique, de la
Rome antique, dont ils pouvaient voir maints exemples dans les ruines tout
autour de leurs villes. Ils aimaient les pignons et les arches rondes et
n’avaient que mépris pour les sculptures extérieures, leur préférant le jeu de
pierres et de marbres de différentes couleurs.
    Avec cette église, Merthin comptait surprendre les plus
blasés des Florentins. Le plan qu’il avait conçu consistait en une enfilade de
cubes surmontés d’un dôme – cinq pour la nef, deux pour chaque bras du
transept. Ces dômes, dont il avait

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