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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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lié
d’amitié à Florence, par l’intermédiaire de Buonaventura Caroli. Il était aussi
le premier à lui avoir commandé la construction d’un bâtiment, un simple
entrepôt, cela avant de devenir son meilleur ami et, par la suite, le
grand-père de sa fille.
    Fait rare, la porte en bois du palagetto d’Alessandro était
fermée à clef. Merthin frappa fortement plusieurs coups d’affilée et attendit
un long moment. Ce fut la lingère qui vint lui ouvrir, une servante boulotte et
courte sur pattes répondant au nom d’Elizabetta. Elle le dévisagea avec
ahurissement du haut de sa petite taille et s’écria : « Vous êtes
vivant !
    — Bonjour, Betta, répondit-il. Je suis bien aise de
vous voir saine et sauve, vous aussi. »
    Elle se retourna et cria dans toute la maison :
« Le seigneur anglais est là ! »
    Il avait répété maintes fois aux domestiques qu’il n’était
pas seigneur, mais ils refusaient de le croire. Il fit un pas à l’intérieur.
« Comment va Alessandro ? »
    Elle secoua la tête et se mit à pleurer.
    « Et votre maîtresse ?
    — Ils sont morts tous les deux. »
    Un escalier menait à l’étage noble. Merthin le grimpa
lentement, étonné de se découvrir aussi faible. Entré dans la pièce principale,
il s’assit pour reprendre son souffle. Alessandro était riche, les lieux
abondaient en tentures et tapis, en tableaux et ornements, en livres incrustés
de pierres précieuses.
    « Qui d’autre est encore vivant, ici ? »
demanda-t-il.
    — Uniquement Lena et ses enfants. »
    Lena était une esclave asiatique. Elle avait eu d’Alessandro
deux enfants encore en bas âge, un garçon et une fille, qu’il avait toujours
traités à égalité avec ses descendants légitimes, Gianni et Silvia. Cette
dernière avait d’ailleurs confié à Merthin, non sans dépit, que son père
s’occupait bien plus d’eux qu’il ne s’était intéressé à son frère ou à elle. La
situation, sans être rare à Florence, était toutefois peu fréquente et
considérée parmi les gens appartenant à la haute société comme plus excentrique
que scandaleuse.
    « Et le signor Gianni ? s’enquit Merthin.
    — Mort, de même que sa femme. Leur bébé est ici avec
moi.
    — Mon Dieu !
    — Et chez vous, seigneur ? interrogea Betta d’une
voix hésitante.
    — Mon épouse est morte.
    — J’en suis désolée pour vous.
    — Mais Lolla est vivante.
    — Grâces soient rendues à Dieu !
    — Maria prend soin d’elle.
    — Maria est une femme de cœur. Voulez-vous une boisson
fraîche ? »
    Il hocha la tête, elle s’éclipsa. Les enfants de Lena
entrèrent et se plantèrent devant lui, les yeux écarquillés. Le garçon de sept
ans ressemblait à Alessandro, mis à part ses pupilles noires ; la jolie
petite fille de quatre ans avait les yeux bridés de sa mère. Lena entra à leur
suite, portant un plateau sur lequel étaient posés un gobelet d’argent rempli
de vin rouge de Toscane et une coupelle d’olives et d’amandes. Elle avait le
teint doré et de hautes pommettes. Dans la fraîcheur de ses vingt-cinq ans,
elle était belle.
    Elle dit : « Vous allez vous installer ici,
seigneur ?
    — Je ne pense pas, répondit Merthin, étonné.
Pourquoi ?
    — Cette maison est à vous, maintenant... Tout ce qui
s’y trouve vous appartient », précisa-t-elle en désignant de la main les
richesses de la famille Christi.
    Merthin se rendit compte brusquement qu’elle disait vrai.
Seul adulte encore de ce monde apparenté à Alessandro Christi, il devenait de
facto son héritier et le tuteur de ses trois enfants.
    « Tout », répéta Lena en le regardant droit dans
les yeux. Merthin croisa son regard. Il y lut sans erreur qu’elle s’offrait à
lui.
    Il réfléchit. Ce palais splendide était le cadre de vie de
Lena et de ses enfants. Ils y étaient accoutumés. Ces lieux étaient également
familiers à Lolla ainsi qu’au bébé de Gianni. Oui, tous les enfants de la
famille seraient heureux d’habiter ici. Quant à lui, il se trouvait désormais à
la tête d’une fortune qui lui permettrait de vivre jusqu’à son dernier jour
sans travailler. Lena était une femme intelligente et d’expérience et Merthin
imaginait sans mal les plaisirs qu’il aurait à partager son intimité.
    L’esclave lisait dans ses pensées. Elle saisit sa main et la
pressa contre sa poitrine. Ses seins lui parurent chauds et moelleux sous la
laine légère de sa

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