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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’en retourna à La Cloche.
Bessie leur servit un délicieux ragoût de porc épaissi avec de l’orge. Comme il
n’y avait pas foule, elle put se joindre à eux, apportant un cruchon de son
meilleur vin rouge. À la fin du repas, alors qu’elle lui versait une autre
bolée, Merthin lui fit part de ses idées concernant l’île. « Une route
entre deux ponts, c’est un emplacement idéal pour ouvrir un magasin.
    — Et des tavernes ! renchérit-elle. Tout lieu de
passage est garant d’une bonne clientèle. Prends La Cloche et Le Buisson. Si ce
sont les auberges les plus fréquentées de la ville, c’est parce qu’elles sont
toutes les deux à quelques pas de la cathédrale.
    — Si j’en construisais une sur l’île aux lépreux, tu
t’en occuperais ?
    — On pourrait s’en occuper ensemble, répondit-elle en
plantant ses yeux dans les siens. Toi et moi. »
    Repu après ce bon repas, il répondit par un sourire songeant
par-devers lui que tout homme se serait volontiers laissé tomber sur un lit
avec elle pour jouir de ses rondeurs. Las, son cœur à lui était pris.
« J’aimais beaucoup ma femme, dit-il, mais pas un instant je n’ai cessé de
penser à Caris durant notre vie commune. Et Silvia le savait. »
    Betty détourna les yeux. « C’est triste.
    — Je sais. C’est pourquoi je ne veux pas faire subir ce
tourment à une autre femme. Non pas que je sois d’une bonté admirable, mais je
ne suis pas non plus mauvais à ce point-là. Je ne me remarierai qu’avec Caris.
    — Elle ne t’épousera peut-être jamais.
    — Je sais. »
    Elle se leva et ramassa leurs écuelles. « Si ! Tu
es quelqu’un de très bon. Trop bon, même. » Sur ces mots, elle partit vers
la cuisine.
    Merthin mit Lolla au lit pour une courte sieste et s’en alla
s’asseoir sur le banc devant la taverne. Tout en se chauffant au soleil de
septembre, il se mit à tracer sur une grande ardoise des cartes de l’île aux
lépreux, telle qu’elle lui apparaissait vue d’ici, du haut de la colline. Ses
esquisses n’avançaient guère. À tout moment, un passant l’interrompait pour lui
souhaiter la bienvenue et s’enquérir de sa vie ces neuf dernières années.
    Tard dans l’après-midi, il reconnut la silhouette massive de
Marc le Tisserand gravissant la colline à bord d’un chariot sur lequel se
dressait un baril. Le géant lui parut encore plus volumineux que jadis. Merthin
lui serra la main longuement.
    « Je m’en reviens de Melcombe, expliqua Marc. J’y vais
toutes les deux ou trois semaines.
    — Qu’est-ce qu’il y a dans ton tonneau ?
    — Du vin de Bordeaux, tout juste débarqué d’un bateau
qui a apporté en même temps de bien tristes nouvelles. Tu savais que la
princesse Joan faisait route vers l’Espagne ?
    — Oui. » Quiconque en Europe était un tant soit
peu informé des événements du monde savait que la fille du roi Édouard, âgée de
quinze ans, devait épouser le prince Pedro, héritier du trône de Castille. Ce
mariage, qui scellerait l’alliance entre l’Angleterre et le plus grand des
royaumes ibériques, permettrait à Édouard de se concentrer sur la guerre
interminable qu’il menait contre la France sans la crainte d’un danger venu du
Sud.
    « Eh bien, la princesse Joan est morte de la peste à
Bordeaux.
    — À Bordeaux ? » répéta Merthin, abasourdi.
La nouvelle était doublement mauvaise : en premier lieu, la position du
roi Édouard vis-à-vis de la France n’était plus aussi solide ; en second
lieu, l’épidémie s’était propagée très loin de l’Italie.
    « À en croire les marins français, les cadavres
s’empilent dans les rues ! »
    Merthin en demeura sans voix. Il avait quitté Florence, convaincu
de laisser derrière lui la grande moria , et voilà qu’elle
risquait d’atteindre les rives de l’Angleterre. Oh, ce n’était pas pour sa
fille ni pour lui-même, puisque Lolla appartenait à cette catégorie de gens qui
n’attrapaient jamais cette maladie et que lui-même n’en serait plus atteint,
l’ayant déjà eue. C’était pour tous les autres qu’il était terrifié, à
commencer par Caris.
    Des pensées bien différentes préoccupaient le tisserand.
« Tu rentres au bon moment, dit-il à Merthin. Certains marchands de la
guilde, notamment les plus jeunes, réclament un nouveau prévôt. Ils commencent
à en avoir par-dessus la tête d’Elfric et de ses connivences avec Godwyn. J’ai
décidé de me

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