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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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propre
comportement : avoir imaginé, la connaissant si bien, qu’elle ait pu
passer neuf ans de sa vie à pleurer son absence !
    Néanmoins, la voir aussi dévouée à ses œuvres de religieuse
le stupéfiait. Pour autant qu’il s’en souvienne, elle avait toujours manifesté
une certaine hostilité vis-à-vis de l’Église. Mais peut-être, en raison du
danger qu’il y avait à critiquer la religion, Caris dissimulait-elle son
scepticisme et, l’habitude aidant, n’avait-elle pas fait exception pour lui.
Quoi qu’il en soit, il avait été ébahi de lui découvrir si peu d’enthousiasme à
l’idée d’abandonner son couvent. Qu’elle craigne de voir mise à exécution la
sentence de mort suspendue sur sa tête si elle rompait ses vœux, oui, il
l’avait envisagé, mais pas l’éventualité qu’elle ait trouvé dans son cloître
une vie à ce point enrichissante qu’elle hésite à la quitter pour l’épouser.
    Il était furieux et regrettait de ne pas avoir rétorqué
vertement : « Comment oses-tu me dire que tu n’es pas sûre de vouloir
m’épouser alors que je viens de parcourir près de mille lieues pour te demander
d’être ma femme ? » Mais peut-être était-ce une bonne chose que cette
réplique mordante ne lui soit pas venue aux lèvres sur le moment, car leur
conversation ne s’était pas achevée sur un rejet sans appel, mais sur la
demande de Caris de lui accorder un répit pour se remettre de sa surprise et réfléchir
à son avenir.
    Il y avait consenti, ne pouvant faire autrement, mais cette
attente le crucifiait, le laissait en suspens entre la vie et la mort.
    Il finit par sombrer dans un sommeil agité.
    Lolla le réveilla de bonne heure, selon son habitude. Ils
descendirent dans la grande salle prendre leur gruau du matin. Il réprima son
envie d’aller de ce pas à l’hospice, comprenant que cela n’arrangerait pas son
affaire. De plus, il risquait de se trouver confronté à d’autres désagréments
inattendus. Le mieux, se dit-il, c’est encore de me renseigner sur ce qui s’est
passé à Kingsbridge pendant mon absence. Dans cette intention, il se rendit
chez Marc et Madge dès le petit déjeuner terminé.
    Le couple de tisserands habitait à présent la vaste demeure
qu’ils avaient achetée peu de temps après avoir été engagés par Caris pour
diriger son entreprise de tissu. Merthin se rappelait l’époque où ils vivaient
avec leurs quatre enfants dans une pièce unique à peine plus large que leur
métier à tisser. Située dans la grand-rue, leur nouvelle maison comportait au
rez-de-chaussée une grande salle qui servait d’entrepôt et de magasin. Cette
partie-là était en pierre. L’étage, en revanche, était en bois. Y étaient
regroupées les pièces d’habitation. Merthin découvrit Madge dans le magasin,
occupée à vérifier la qualité d’un chargement de tissu écarlate qui venait de
lui être livré d’un des moulins qu’ils exploitaient en dehors de la ville. Elle
avait presque quarante ans maintenant et ses cheveux sombres étaient parsemés
de fils d’argent. De rondelette, elle était devenue replète. Sa forte poitrine
et son postérieur imposant évoquèrent à Merthin l’image d’un pigeon dodu, mais
aussi batailleur à cause de son menton en saillie et de ses façons
autoritaires.
    Deux personnes s’affairaient à ses côtés, une belle jeune
fille d’environ dix-sept ans et un jeune homme de deux ou trois ans de plus. Ce
devait être ses aînés, Dora et Jean. Se les rappelant enfants, petite fille
maigrichonne dans une robe en loques et gamin tout timide, Merthin eut soudain
l’impression d’être un vieillard avec ses trente-deux ans. Aujourd’hui, Jean
soulevait sans effort de lourdes balles de tissu dont Dora tenait le compte en
traçant des entailles sur un bâton.
    À la vue de son visiteur, Madge poussa un cri de surprise et
de joie. Elle l’étreignit, posa de gros baisers sur ses joues barbues et fit
toute une fête à Lolla. « Je me disais qu’elle pourrait jouer avec tes
enfants, expliqua Merthin, désolé pour sa fille. Mais ils n’ont plus l’âge,
bien sûr.
    — Les deux autres, Denis et Noé, ont treize et onze
ans. En ce moment, ils sont à l’école du prieuré, expliqua Madge. Mais Dora va
s’amuser avec elle, elle adore les enfants. »
    De fait, Dora avait déjà pris Lolla dans ses bras. « La
chatte d’à côté vient d’avoir des petits. Tu veux les voir ? »
    La petite

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