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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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la distribution du petit
déjeuner aux invités et aux malades, puis s’assura que les lieux étaient propres
avant d’entamer sa tournée des patients.
    Ces occupations apaisèrent sa détresse. Ensuite, elle lut un
psaume à la vieille Julie. Sa lecture achevée, elle s’étonna que Mair ne soit
pas encore revenue. Elle partit à sa recherche.
    Elle la découvrit dans le dortoir, le visage enfoui dans sa
paillasse. Prise de frayeur, elle s’écria : « Mair ! Ça ne va
pas ? »
    La religieuse roula sur le dos. Elle était pâle et
transpirait.
    Elle toussa, mais ne dit rien.
    Caris s’agenouilla près d’elle et posa la main sur son front.
« Tu as de la fièvre, déclara-t-elle en essayant de juguler la crainte qui
lui tordait le ventre comme une nausée. Depuis combien de temps ?
    — Je toussais déjà hier, mais j’ai très bien dormi
cette nuit et, ce matin en me levant, je me sentais bien. C’est au petit
déjeuner que ça a commencé. J’ai cru que j’allais vomir. Je suis allée aux
latrines et je suis revenue ici pour m’allonger un moment.
    J’ai dû m’endormir... Quelle heure est-il ?
    — La cloche va bientôt sonner tierce. Mais tu es tout
excusée. » Ce n’était peut-être qu’un mal ordinaire, espéra Caris en
posant la main sur le cou de Mair pour abaisser son col.
    « Tu veux regarder mes seins ? demanda Mair avec
un faible sourire.
    — Oui.
    — Les religieuses sont faites sur le même modèle, tu
sais. » Mair n’avait pas de marque sur le corps. Peut-être n’était-ce
qu’un gros rhume. « Des douleurs particulières ?
    — Oui, sous l’aisselle. »
    Ce n’était pas un véritable signe. D’autres maladies
s’accompagnaient d’un gonflement douloureux aux aisselles ou à l’aine.
« Nous allons te descendre à l’hospice », décréta Caris.
    Mais quand Mair souleva la tête et qu’elle découvrit la
paillasse tachée de sang, elle crut recevoir un coup de massue sur le crâne.
    Marc le Tisserand avait craché le sang et Mair était la
toute première personne à s’être occupée de lui. Elle s’était rendue chez lui
la veille du jour où elle-même y était allée.
    Les larmes lui vinrent aux yeux. Elle sut les refouler.
Dissimulant son angoisse, elle aida Mair à se lever. Celle-ci passa le bras
autour de sa taille et posa la tête sur son épaule, incapable de marcher sans
aide. Caris entoura son épaule de son bras et c’est ainsi qu’elles descendirent
l’escalier et gagnèrent l’hospice.
    Caris installa la malade sur un matelas près de l’autel
avant d’aller puiser une tasse d’eau fraîche à la fontaine du cloître.
    Mair la but avidement. Caris lui bassina le visage et le cou
avec de l’eau de rose. Au bout d’un moment, Mair parut s’endormir.
    La cloche sonna tierce. En temps ordinaire, Caris était
dispensée d’y assister. Aujourd’hui, sa soif d’apaisement était telle qu’elle
se joignit à la file des sœurs qui se rendaient à la cathédrale. Les vieilles
pierres grises lui parurent froides et dures. Elle chanta comme un automate. Le
tumulte faisait rage en elle.
    Mair était atteinte de la peste. Elle n’avait pas de taches
sur le corps, mais elle avait de la fièvre, elle avait soif et elle crachait le
sang. Tout laissait à penser qu’elle mourrait bientôt.
    Un sentiment de culpabilité terrible envahissait Caris à la
pensée qu’elle n’avait jamais pu offrir à Mair l’amour que celle-ci lui avait
donné fidèlement et avait tant espéré recevoir en retour. Et maintenant elle se
mourait. Caris regrettait atrocement de n’avoir pas été différente, de ne pas
l’avoir rendue heureuse. Il fallait qu’elle la sauve ! Elle chanta les
Psaumes, le visage baigné de larmes. Peut-être la croirait-on en proie à une
extase religieuse, si d’aventure on remarquait son désarroi.
    À la fin de l’office, une novice l’attendait impatiemment
près du portail sud. « Une dame vous mande de toute urgence à
l’hospice ! »
    Caris découvrit là-bas une Madge au visage blanc de terreur.
    Elle comprit sans même l’interroger. Saisissant sa trousse,
elle quitta le prieuré à la suite de son amie. Elles traversèrent la pelouse
devant la cathédrale dans le vent piquant de novembre. Arrivées chez Madge,
elles montèrent à l’étage. Les enfants étaient rassemblés dans la grande salle,
les deux plus jeunes étendus par terre, les deux aînés assis à table, l’air
épouvanté.
    Caris les

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