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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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interruption. « Il faut annuler le
marché, affirma-t-elle avec force. C’est ainsi que nous sauverons des
vies !
    — Annuler le marché ? ironisa Godwyn sur un ton
méprisant. Et comment cela ? En envoyant des messagers dans tous les
villages ?
    — En fermant les portes de la ville !
riposta-t-elle. Et en bloquant le pont. Il faut interdire la ville à quiconque
n’est pas de Kingsbridge.
    — Mais la maladie est déjà parmi nous.
    — Il faut fermer les tavernes, annuler les réunions des
guildes, interdire les banquets de mariage.
    — À Florence, intervint Merthin, le conseil municipal
suspendit ses réunions.
    — Mais alors, comment commercera-t-on ? jeta
Elfric.
    — Tenez boutique ouverte, et ce sera la mort pour vous
et tous les vôtres ! répondit Caris. À vous de choisir ! »
    À cela, Betty déclara : « Pour ma part, je n’ai
pas du tout envie de fermer boutique. Pourtant, je n’hésiterai pas à le faire
si cela peut m’aider à garder la vie sauve. Et tant pis si 0je perds de
l’argent ! »
    À ces mots, Caris sentit naître en elle l’espoir d’avoir été
comprise. Hélas, son soulagement fut de courte durée, car la boulangère
ajoutait déjà : « Qu’en pensent les médecins ? Ce sont eux qui
ont la meilleure connaissance de ces choses. »
    Le soupir de Caris fut audible de tous.
    Le prieur Godwyn se chargea de répondre : « La
peste nous est envoyée par le Seigneur en punition de nos péchés. Le monde est
devenu mauvais. L’hérésie, la luxure et l’irrévérence y règnent en maîtres. Les
hommes remettent l’autorité en question ; les femmes affichent leurs
corps ; les enfants désobéissent à leurs parents. Dieu est en colère et
son ire est terrible. Vous aurez beau vous démener pour échapper à sa justice,
son bras vous débusquera où que vous vous cachiez.
    — Que faire, alors ?
    — Allez à l’église ! Confessez vos péchés, priez
et menez meilleure vie ! »
    Toute discussion était inutile, Caris le savait. Néanmoins,
elle ne put s’empêcher d’objecter : « S’il est vrai qu’un homme
affamé doit aller à l’église, il est tout aussi vrai qu’il doit se sustenter.
    — Sœur Caris, vous n’avez pas besoin d’en dire plus,
intervint mère Cécilia.
    — Nous sauverions bien davantage...
    — Cela suffit !
    — Mais c’est une question de vie ou de mort !
    — Peut-être, répondit Cécilia en baissant la voix, mais
personne ne vous écoute. Alors, cessez ! »
    La supérieure avait raison, évidemment ; débattre de la
question des heures durant, arguments à l’appui, ne servait à
rien : le peuple se rallierait toujours au discours des
prêtres ! Contrainte de l’admettre, Caris se mordit les lèvres et n’émit
plus un son.
    Carlus l’aveugle entonna un hymne. Les moines commencèrent à
regagner la cathédrale en procession. Les nonnes les suivirent ; la foule
se dispersa.
    En passant du sanctuaire à la clôture, mère Cécilia éternua.
    Tous les soirs, dans leur chambre particulière à l’auberge
de La Cloche, Merthin chantait une chanson à Lolla au moment de la mettre au
lit. Ou bien il lui récitait un poème ou lui racontait une histoire. C’était
l’heure de la journée où la petite fille se confiait à son père, lui posant les
questions surprenantes que pose un enfant de trois ans et dont certaines sont
enfantines, d’autres comiques et d’autres encore d’une profondeur inattendue.
    Ce soir-là, alors qu’il lui chantait une berceuse, Lolla
fondit en larmes. « Pourquoi est-ce que Dora est morte ? » Elle
s’était prise d’une véritable affection pour la fille de Madge, avec laquelle
elle avait passé de longs moments à jouer à la marchande ou à tresser ses
cheveux. « Elle a attrapé la peste, lui expliqua Merthin.
    — Comme maman, répondit Lolla. C’est la grande moria ajouta-t-elle en italien, n’ayant pas encore complètement oublié cette langue.
    — Moi aussi, je l’ai eue. Mais, tu vois, maintenant je
suis remis.
    — Libia aussi est guérie, déclara Lolla, parlant de la
poupée en bois qu’elle n’avait pas lâchée depuis qu’ils étaient partis de
Florence.
    — Ah, parce que Libia avait attrapé la peste ?
    — Oui. Elle éternuait, elle avait de la fièvre et aussi
des taches sur le corps. Mais une religieuse l’a bien soignée.
    — Tu m’en vois ravi pour elle parce que, maintenant,
elle ne risque plus de retomber malade.

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