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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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moi. »
    La réponse laissa Merthin perplexe. Si Thurstan n’avait que
dix-sept ans et Griselda déjà vingt, elle n’était pas très mûre pour son âge.
Non, pensa-t-il, Thurstan n’avait pas dû lui sembler digne d’elle. Débarqué à
Kingsbridge deux ans auparavant, venant d’on ne sait où, il avait travaillé
auprès de différents artisans. Il était à croire qu’il en avait eu assez de
Griselda ou de sa vie à Kingsbridge et qu’il avait décidé de reprendre la
route.
    « Où est-il allé ? s’intéressa-t-il.
    — Je l’ignore et j’en suis ravie. De toute façon, il me
faut un garçon de mon âge, quelqu’un de responsable, qui puisse prendre la
suite de mon père à la tête de l’atelier. »
    L’idée qu’elle ait pu arrêter son choix sur lui traversa
l’esprit de Merthin. Il la chassa aussitôt, se rappelant le mépris dans lequel
elle le tenait. Mais voilà qu’elle se leva de son tabouret et vint s’asseoir à
côté de lui sur le banc.
    « Je trouve que mon père ne te traite pas comme il
faut, dit-elle. Je l’ai toujours pensé.
    — Il t’en a fallu du temps pour me le dire. Ça fait six
ans et demi que je vis sous votre toit.
    — Ce n’est pas facile, tu sais, d’aller à l’encontre
des opinions de sa famille.
    — Qu’importe ! Explique-moi plutôt pourquoi il est
toujours aussi mauvais avec moi.
    — C’est parce que, de ton côté, tu crois toujours en
savoir plus long que lui et que tu ne le caches pas.
    — Peut-être que j’en sais plus, en effet.
    — Tu vois ? C’est exactement ce que je voulais
dire ! »
    Il éclata de rire. C’était bien la première fois de sa vie
qu’elle le faisait rire.
    Elle se rapprocha de lui et pressa sa cuisse contre la
sienne. Comme tous les hommes en ce temps-là, Merthin portait une tunique de
toile élimée qui lui descendait à mi-cuisses et un caleçon court. La robe de
laine de Griselda n’offrait pas un barrage suffisant à la chaleur de son corps.
Quelle mouche l’avait piquée ? se demanda-t-il en levant sur elle un
regard ébahi. Elle avait des yeux sombres et des cheveux bruns et brillants.
Son visage un peu poupin était attirant. Sa bouche semblait faite pour les
baisers.
    Elle ajouta : « C’est bon d’être à l’intérieur
quand la tempête fait rage. On a encore plus l’impression d’être au chaud et en
sécurité. »
    Se sentant bizarrement attiré par elle, il préféra
s’écarter. Que penserait Caris si elle entrait dans la pièce maintenant ?
Las, les efforts qu’il faisait pour étouffer son désir ne faisaient que
l’exacerber.
    Il reposa les yeux sur Griselda. Elle se tendait vers lui et
ses lèvres, humides, étaient légèrement entrouvertes. Il y posa les siennes.
Immédiatement, elle introduisit sa langue dans sa bouche. Cet acte aussi intime
que soudain le fit frémir. Il y répondit avec une violence qu’il n’y avait pas
dans ses baisers avec Caris.
    Cette pensée l’immobilisa sur-le-champ. Il recula et se
leva. « Qu’est-ce qui t’arrive ? » s’écria Griselda.
    Ne voulant pas lui dire la vérité, il déclara :
« Je croyais que tu ne pouvais pas me supporter. »
    Elle parut gênée. « Je te l’ai dit : je suis bien
obligée de faire attention à mon père.
    — Tout de même, c’est plutôt inattendu. »
    S’étant levée à son tour, elle s’avança vers lui. Il fit un
pas en arrière et se retrouva acculé contre le mur. Elle saisit sa main et la
plaqua contre sa poitrine. Elle avait des seins ronds et lourds. Il ne put
résister à la tentation de les caresser. Elle murmura : « Tu as déjà
fait ça avec une fille ? En vrai, je veux dire...»
    Il répondit d’un hochement de la tête, incapable de parler.
« Tu l’as déjà fait avec moi en pensée ?
    — Oui, parvint-il à articuler.
    — Tu peux le faire pour de vrai, si tu veux.
Maintenant, pendant qu’ils sont sortis. On peut monter au premier et s’allonger
sur mon lit.
    — Non. »
    Elle pressa son corps contre le sien. « Le fait de
t’embrasser m’a rendue toute chaude et glissante à l’intérieur.
    — Laisse-moi tranquille, je te dis ! » Il la
repoussa plus fortement qu’il ne l’avait escompté. Elle bascula en arrière et
atterrit sur son arrière-train.
    Ce n’était peut-être pas exactement le fond de sa pensée,
mais elle le prit au mot. « Que le diable t’emporte ! »
jura-t-elle. S’étant relevée, elle quitta la pièce en tapant des

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