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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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échange véhément lui parvint du fond de l’église.
    « Le seigneur prieur désire être seul », tempêtait
Philémon. Et Saül d’insister : « Qu’il me le dise en personne !
    — Justement, il m’a chargé de vous le faire
savoir. »
    Saül haussa le ton : « Personne ne me mettra à la
porte de ma propre église, et toi moins que quiconque !
    — Ferez-vous violence au sous-prieur de
Kingsbridge ?
    — Si tu me barres le chemin, je te prends par la peau
du dos et je te balance dans la fontaine ! »
    Godwyn intervint. Il aurait préféré tenir Saül dans
l’ignorance de ses activités, mais le sort en avait décidé autrement.
« Laisse, Philémon ! »
    Celui-ci s’écarta. Saül entra dans le sanctuaire. Apercevant
les bagages, il en ouvrit un derechef, sans s’inquiéter d’y être autorisé.
« Par mon âme ! hurla-t-il en extirpant une burette en argent. Que
signifie tout cela ? »
    Godwyn faillit lui rétorquer qu’il n’était pas habilité à
questionner ses supérieurs. Saül, qui croyait aux vertus de l’humilité, se
soumettrait probablement. Il préféra lui expliquer qu’il avait apporté avec lui
les trésors de la cathédrale. Cela, pour ne pas instiller de soupçons dans son
esprit.
    Le prieur de l’ermitage eut une moue de dégoût. « Je
comprends que ces babioles aient leur place dans une grande cathédrale, mais
elles n’ont pas la leur ici, dans cet humble cloître de la forêt.
    — Tu n’auras pas à les contempler, car elles seront
dissimulées aux regards. Il n’y a pas de mal à ce que tu connaisses la
cachette, quand bien même j’avais songé à t’épargner le poids d’un tel
secret. »
    Saül le dévisagea d’un air méfiant. « Pourquoi les
avoir apportées, alors ?
    — Pour les sauvegarder en lieu sûr. »
    Saül demeurait dubitatif. « Je m’étonne que l’évêque
t’ait autorisé à les emporter. »
    Godwyn, qui n’avait requis aucune permission, se garda de
l’avouer. « En ce moment, les choses vont si mal à Kingsbridge qu’il était
hasardeux de les laisser au prieuré.
    — Ils y auraient été plus en sécurité qu’ici, où nous
sommes entourés de hors-la-loi. Grâce à Dieu, vous n’en avez pas rencontré en
chemin.
    — Dieu nous protège.
    — Ses joyaux aussi, j’espère. »
    L’attitude de Saül frisait l’insubordination. Godwyn,
toutefois, ne le réprimanda pas. Une réaction exagérée de sa part risquait de
révéler sa culpabilité. Il nota toutefois que l’humilité de Saül avait ses
limites. Finalement, peut-être avait-il conscience d’avoir été manipulé douze
ans plus tôt.
    Godwyn déclara : « Demande aux moines de rester au
réfectoire après le souper. Dès que j’en aurai fini ici, j’irai leur
parler. » Façon comme une autre de renvoyer Saül.
    Celui-ci ne se rebiffa pas et quitta les lieux. Godwyn
enterra les objets précieux, les chartes du prieuré, les reliques de saint
Adolphe et la presque totalité de l’argent. Les moines comblèrent le trou.
Ayant tassé la terre, ils remirent l’autel à sa place et allèrent jeter dehors
le surplus de terre. Quand ils eurent fini, ils se rendirent tous au
réfectoire.
    Les vingt moines de Kingsbridge s’entassaient tant bien que
mal dans la petite pièce. Debout derrière un lutrin, un moine lisait un passage
de l’Évangile selon saint Marc. Il s’interrompit à l’entrée de Godwyn.
    Le prieur lui désigna une place dans la salle et vint le
remplacer au lutrin. « Dieu nous a envoyé ce terrible fléau pour nous
punir de nos péchés. Nous sommes venus dans cette sainte retraite pour nous
laver de ces péchés loin de l’influence corrompue de la ville.
    — De quels péchés plus particulièrement, père
Godwyn ? » l’interrompit Saül d’une voix forte.
    Et Godwyn, qui n’avait pas eu l’intention d’entamer un débat
sur ce thème, se vit contraint d’improviser : « L’autorité de la
sainte Église de Dieu est l’objet de contestations ; les femmes sont
devenues lascives ; les moines ont failli à établir une séparation totale
avec elles ; les religieuses sont tombées dans l’hérésie et la
sorcellerie.
    — Combien de temps cela prendra-t-il de nous laver de
ces péchés ?
    — Quand la peste aura disparu, nous saurons que nous
avons remporté la victoire sur le démon. »
    Un autre moine de Saint-Jean prit la parole, un homme de
haute taille aux mouvements désordonnés et au regard

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