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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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fou. Godwyn reconnut en
lui frère jonquille. « Et vous-même, comment vous en
laverez-vous ? »
    Que les moines de Saint-Jean se permettent d’interroger leur
supérieur aussi librement stupéfia Godwyn. « Par la prière, la méditation
et le jeûne.
    — Le jeûne, c’est une bonne idée, fit remarquer frère
jonquille, parce que nous n’avons pas grand-chose à partager, question nourriture. »
    Sa repartie suscita de petits rires.
    Inquiet de ne plus tenir son auditoire, Godwyn réclama le
silence par des coups frappés sur son lutrin. « Dorénavant, les visiteurs
seront éconduits. Toute personne étrangère au monastère est un danger pour
nous. Je veux que toutes les portes soient barricadées, de jour comme de nuit.
Aucun moine ne doit sortir sans mon autorisation expresse. Laquelle ne sera
accordée que dans des cas d’urgence. Nous allons nous enfermer jusqu’à la fin
de cette terrible épidémie.
    — Mais si...», intervint frère jonquille.
    Godwyn lui coupa la parole. « Je n’ai pas requis tes
commentaires, mon frère ! » Il promena sur l’assemblée un regard
impérieux. « Vous êtes moines. Vous me devez obéissance. Et maintenant,
prions. »
    *
    Godwyn s’inquiétait. Son autorité risquait fort de se voir
battue en brèche avant longtemps. Son discours avait pris tout le monde au
dépourvu. Sur le moment, personne ne s’était rebellé ; les moines lui
avaient obéi d’instinct, comme à leur supérieur. Mais le jour viendrait où des
décisions seraient à prendre. Que se passerait-il alors ?... Dieu merci,
l’heure de vérité ne sonnerait pas de si tôt, se disait-il pour tenter de se
rassurer.
    Hélas, elle survint dès le lendemain, alors qu’ils
chantaient le premier office de la nuit dans la petite église. Ankylosé par le
froid glacial, le prieur souffrait de courbatures après une nuit inconfortable,
loin de son lit douillet et des multiples cheminées de son palais. Les fenêtres
laissaient filtrer la lumière grise de l’aube hivernale quand un coup violent
fut frappé à la porte de l’église qui donnait sur le monde extérieur.
    Godwyn se tendit. Quelle guigne de ne pas avoir disposé d’un
jour de plus pour asseoir son pouvoir !
    Il fit signe aux moines de continuer à chanter. Le coup fut
suivi de cris. Comme Saül se levait avec l’intention de gagner la porte, Godwyn
lui intima l’ordre de s’asseoir d’un geste de la main. Non sans marquer une
hésitation, le prieur des lieux obtempéra.
    Godwyn était résolu à tenir bon, convaincu que l’intrus
partirait si son appel demeurait sans réponse. Las, qu’il était difficile de
forcer les gens à ne rien faire ! Distraits, les moines ne se
concentraient plus sur les Psaumes. Ils chuchotaient entre eux en jetant des
coups d’œil par-dessus leur épaule. Les chants perdaient de leur pureté et de
leur cadence. Ils finirent par se taire complètement. Seule s’élevait encore la
voix de Godwyn.
    La colère ne tarda pas à le saisir. Si les moines l’avaient
imité, ils n’auraient pas été interrompus maintenant ! Agacé par leur
faiblesse, il finit par quitter sa place et descendit la courte nef jusqu’à la
porte, qui était fermée. « Qu’y a-t-il ? Demanda-t-il d’une voix
forte.
    — Laissez-nous entrer ! répondit une voix
assourdie.
    — C’est impossible, s’écria Godwyn. Allez-vous-en ? »
    — Saül apparut à ses côtés. « Que fais-tu ?
s’exclama-t-il, horrifié. Les chasserais-tu de l’église ?
    — Je l’ai dit : pas de visiteurs ! »
    Les coups recommencèrent de plus belle. « Laissez-nous
entrer !
    — Qui êtes-vous ? » s’enquit Saül.
    Il y eut une pause, puis la voix reprit : « Des
hommes de la forêt !
    — Des hors-la-loi ! piailla Philémon.
    — Des pécheurs comme toi-même ! le corrigea Saül
sur un ton de mépris. Et des enfants de Dieu tout autant !
    — Ce n’est pas une raison pour qu’ils nous assassinent !
    — Peut-être faudrait-il d’abord s’enquérir de leur
intention ! »
    Saül se dirigea vers la fenêtre à droite de la porte.
L’église était un bâtiment bas et le rebord de la fenêtre se trouvait juste
au-dessous du niveau de ses yeux. Les ouvertures n’avaient pas de vitres, elles
étaient protégées du froid par des tentures de lin translucide. Saül les
écarta. Se dressant sur la pointe des pieds, il demanda. « Pour quelle
raison frappez-vous à notre porte ?
    — L’un de

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