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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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quelles que
soient les raisons de votre visite.
    — Cela va sans dire, lâcha Godwyn sèchement, furieux de
s’être justifié.
    — Je me demande comment caser tout le monde pour
dormir, reprit Saül d’un air pensif.
    — J’en déciderai le moment venu, répliqua Godwyn,
soucieux de rétablir son autorité. Vous pouvez me faire visiter l’ermitage
pendant que la cuisine nous prépare à dîner. » Il descendit de cheval sans
l’aide de personne et pénétra dans le monastère.
    Saül fut bien obligé de le suivre.
    L’aspect dénudé et récuré de l’ermitage montrait combien son
prieur plaçait haut le vœu de pauvreté. Pour l’heure, Godwyn s’intéressait
surtout à la façon la plus rapide d’interdire l’accès des lieux aux gens de
l’extérieur. Fort heureusement, l’amour de l’ordre et de l’organisation avait
incité Saül à construire des bâtiments pourvus d’un petit nombre d’ouvertures.
Le prieuré ne possédait que trois accès : par la cuisine, par l’écurie ou
par l’église. Chacun d’eux était fermé par une porte massive que l’on pouvait
barricader à l’aide d’une barre.
    Conçu pour une dizaine de moines, le dortoir était
petit ; le prieur n’avait pas de chambre séparée. Seule l’église pouvait
accueillir vingt moines supplémentaires. Ils dormiraient à même le sol en terre
battue.
    Godwyn songea à récupérer le dortoir pour lui seul, mais la
pièce ne recelait aucun meuble où remiser les trésors de la cathédrale, et il
tenait à les garder à portée de main. En revanche, l’église était flanquée
d’une petite chapelle munie d’une porte ; il décida d’y établir ses
quartiers. Les moines de Kingsbridge répandirent de la paille sur le sol humide
de la nef et s’organisèrent du mieux qu’ils le pouvaient.
    Les vivres et le vin furent transportés dans la cave et
Philémon se chargea de disposer les ornements sacrés dans la chapelle.
    De ses discussions avec les moines de Saint-Jean, le
sous-prieur avait déjà tiré certaines informations qu’il s’empressa de
rapporter à Godwyn : « Saül dirige les choses à sa manière. Il exige
obéissance à Dieu et à la règle de saint Benoît. D’après les frères, il ne se
place pas lui-même sur un piédestal. Il dort dans le dortoir, mange la même
nourriture que tout le monde et ne s’octroie quasiment aucun privilège. Inutile
de dire qu’ils l’aiment pour ces raisons. Cependant, un moine attire les
punitions, un certain frère Jonquille.
    — Je me souviens de lui. À Kingsbridge, du temps de son
noviciat, il avait déjà toutes sortes de problèmes : retard, négligence,
paresse et cupidité. Il était incapable de se contrôler. Il avait probablement
choisi la vie monastique dans l’espoir de se voir imposer des limites qu’il
était incapable de se donner lui-même. Je doute qu’il nous soit d’une grande
aide.
    — Il saura se dégager du lot, pourvu qu’on lui en offre
l’occasion, dit Philémon, mais il n’a pas de poids, personne ne le suivra.
    — Ils n’ont rien à reprocher à Saül ? Se
réveille-t-il tard, impose-t-il des tâches pénibles, garde-t-il le meilleur vin
pour lui ?
    — Apparemment pas.
    — Hmm. » Saül professait la même rigueur qu’autrefois.
À défaut d’en être surpris, Godwyn en était marri.
    Pendant l’office du soir, il s’étonna de la gravité et de la
discipline manifestées par les moines de Saint-Jean. Lui-même s’était attaché
tout au long des années passées à débarrasser le prieuré de Kingsbridge des
moines qui posaient des problèmes – les révoltés, les malades mentaux, ceux qui
doutaient des enseignements de l’Église ou s’intéressaient aux idées hérétiques
– en les expédiant à l’ermitage. Saül ne s’était jamais plaint d’aucun d’entre eux
et n’en avait jamais renvoyé un. Il avait le don de changer les insoumis en
moines exemplaires.
    Après l’office, Godwyn ordonna aux moines de Kingsbridge de
se rendre au réfectoire pour souper, ne conservant auprès de lui que Philémon
et deux solides gaillards. Quand tout le monde eut quitté l’église, il pria
Philémon de se poster à la porte donnant sur le cloître, puis ordonna aux deux
moines de déplacer l’autel de bois sculpté et de creuser un trou dessous.
    Lorsque le trou fut assez profond, Godwyn apporta les
ornements de la petite chapelle pour les y enterrer. La tâche n’était pas
achevée quand un

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