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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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puisqu’ils avaient couché tous deux avec
Gwenda à l’époque de la conception. On ne saurait jamais la vérité en toute
certitude.
    Néanmoins, l’idée que Sam puisse être son fils le glaçait
d’effroi. Allait-il envoyer au gibet la chair de sa chair ? Ce serait
s’infliger à lui-même l’atroce châtiment qu’il réservait à Wulfric.
    La nuit était déjà tombée. L’heure n’était plus aux
tergiversations. L’exécution était prévue à l’aube.
    Il s’empara du bougeoir. Il était entré dans cette petite
chambre pour y assouvir un désir charnel ; il en ressortait hébété par les
révélations qu’il venait d’entendre.
    Il se rendit au quartier des prisonniers, de l’autre côté de
la cour. Les bureaux du shérif occupaient le rez-de-chaussée du bâtiment.
    « Je veux voir le meurtrier Sam Wigleigh, déclara-t-il
au garde de faction.
    — Très bien, mon seigneur. Je vais vous conduire à
lui. »
    Lesté d’une lanterne, il précéda le visiteur dans la pièce
voisine. Une odeur nauséabonde stagnait sur les lieux.
    Ralph jeta un coup d’œil à travers la grille qui servait de
plancher. À neuf ou dix pieds en dessous de lui se trouvait une cellule aux
murs de pierre et au sol en terre battue, dépourvue de tout mobilier. Sam était
assis par terre, adossé à la paroi, un pichet d’eau près de lui. Un petit trou
servait de latrines. Sam releva les yeux un instant, puis se détourna avec
indifférence.
    « Ouvre ! » ordonna Ralph.
    Le geôlier déverrouilla la grille et la rabattit sur son
axe.
    « Je veux descendre. »
    Le garde, surpris, ne se risqua pas à contrarier un comte.
    S’étant emparé d’une échelle appuyée au mur, il
l’introduisit dans l’ouverture. « Soyez prudent, mon seigneur,
balbutia-t-il, inquiet. Ce coquin n’a rien à perdre. »
    Le comte descendit dans la cellule, sa chandelle à la main.
L’odeur était infecte, mais il n’en avait cure. Arrivé en bas, il se retourna.
    « Que voulez-vous ? » grogna le jeune
meurtrier.
    Ralph le regarda fixement. Il s’accroupit et approcha la
bougie du visage de Sam. Ressemblait-il à l’image que son miroir lui renvoyait
le matin ?
    « Qu’y a-t-il ? » lâcha le prisonnier,
effrayé par l’intensité du regard de son visiteur.
    Ralph ne répondit pas. Ce garçon serait-il son fils ?
C’était possible. Très possible même. Sam était un beau garçon et lui-même
avait eu la réputation d’être très séduisant avant que Wulfric ne lui casse le
nez. Il fouilla sa mémoire, cherchant à retrouver le nom de la personne que ce
jeune homme lui rappelait. Son nez droit, ses prunelles sombres, cette épaisse
tignasse que les filles devaient lui envier faisaient renaître en lui
l’impression ressentie au tribunal.
    Mais oui !
    C’était à dame Maud que Sam ressemblait ! À feu ma
mère, se dit Ralph, et il ne put retenir un gémissement. Seigneur !
    « Quoi ? marmonna Sam d’une voix chevrotante. Qu’y
a-t-il ?
    — Ta mère...», commença Ralph, comprenant qu’il devait
dire quelque chose. Las, pas un son ne sortait de sa gorge nouée par l’émotion.
« Ta mère, reprit-il, a plaidé ta cause avec une rare éloquence. »
    Le comte se moquait de lui ! Méfiant, Sam préféra
garder le silence.
    « Quand tu as frappé Jonno avec ta pelle, avais-tu
l’intention de le tuer ? Parle en toute franchise ; de toute façon,
tu n’as plus rien à perdre !
    — Et comment que je voulais le tuer ! Je voulais
sa peau ! Il essayait de me ligoter.
    — J’aurais eu la même réaction », admit Ralph.
    Il se tut et scruta le visage du jeune homme. « Oui,
j’aurais eu la même réaction », répéta-t-il encore.
    Il se releva et se dirigea vers l’échelle. Après une
hésitation, il revint poser sa chandelle aux pieds de Sam avant de gravir les
barreaux.
    Le geôlier remit la grille en place et la verrouilla.
    « Il n’y aura pas d’exécution demain, annonça Ralph. Le
prisonnier sera gracié. Je vais l’annoncer au shérif de ce pas. »
    À peine eut-il quitté la salle que le garde éternua.

 
85.
    Merthin et Caris rentrèrent à Kingsbridge pour découvrir que
Lolla avait disparu.
    Le couple de serviteurs attachés à leur service depuis des
lustres les attendait, piqués devant le portail, comme s’ils n’en avaient pas
bougé de la journée. À la vue de ses maîtres, Em éclata en sanglots
incohérents. Ce fut donc Arn qui se chargea d’annoncer

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