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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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derrière les tentures de certaines croisées. La nuit tomba.
Il restait à peine douze heures avant l’aube. Au fond de son cachot souterrain,
Sam devait grelotter. À cette pensée, les larmes vinrent aux yeux de Gwenda.
    Elle tenta de se persuader que tout n’était pas fini, mais
son courage faiblissait un peu plus à chaque minute.
    Une haute silhouette occulta la lumière de la torche la plus
proche. Redressant la tête, elle reconnut Alan. Son cœur bondit dans sa
poitrine.
    « Suis-moi ! »
    En un instant elle était debout et marchait déjà vers le
porche. « Pas par là ! »
    Elle s’immobilisa, décontenancée.
    « Tu voulais le rencontrer en privé, n’est-ce pas ?
Il ne va pas te recevoir dans la chambre qu’il partage avec la
comtesse ! »
    Il l’entraîna vers une petite porte à côté des écuries.
Après avoir traversé plusieurs salles et grimpé un escalier, il ouvrit une
porte et la fit passer devant lui, refermant le battant sur elle sitôt qu’elle
eut franchi le seuil.
    C’était une pièce exiguë et basse de plafond, presque
totalement occupée par un lit. Ralph se tenait près de la fenêtre, en simple
chemise. Ses bottes et le reste de ses vêtements s’entassaient par terre. Sous
l’effet du vin, son visage s’était empourpré. Malgré son impatience, son
discours demeurait clair et sensé.
    « Ôte ta robe, ordonna-t-il avec un sourire.
    — Non. »
    Il la dévisagea, quelque peu étonné.
    « Je n’ai pas l’intention de me déshabiller.
    — Alors pourquoi as-tu dit à Alan que tu voulais me
voir seule à seul ?
    — Pour vous faire croire que je coucherais avec vous.
    — Si tel n’est pas le cas, que fabriques-tu ici ?
    — Je suis venue vous prier de solliciter auprès du roi
la grâce de mon fils.
    — Sans que tu t’offres à moi ?
    — Pourquoi le ferais-je ? jeta-t-elle avec dédain.
Vous me rejoueriez le même tour que l’autre fois quand je me suis donnée à vous
et que vous n’avez pas accordé ses terres à mon mari ! Vous n’avez pas
plus d’honneur que mon père. »
    Le visage de Ralph vira au grenat. Déclarer à un comte qu’il
n’était pas digne de confiance était une insulte, et c’en était une plus grande
encore que de le comparer à un paysan sans terre qui subsistait en prenant au
piège des écureuils dans la forêt.
    « Si tu crois me persuader ainsi ! grommela-t-il,
furieux.
    — Je n’ai aucun doute. Je sais que vous obtiendrez la
grâce de Sam.
    — Pourquoi ?
    — Parce que c’est votre fils. »
    Ralph scruta ses traits un moment avant de lâcher sur un ton
supérieur : « Et je devrais te croire !
    — C’est votre fils, se contenta-t-elle de répéter.
    — Tu peux le prouver ?
    — Non, mais j’ai couché avec vous à La Cloche, neuf
mois avant sa naissance. J’ai partagé aussi le lit de Wulfric, c’est vrai, mais
il suffit d’ouvrir les yeux pour savoir qui est le père ! En vingt-deux
ans, Sam a eu le temps de s’approprier les gestes et les attitudes d’un homme
qu’il côtoyait tous les jours, mais détaillez ses traits ! »
    Ralph ne la contredisait pas. Elle comprit qu’elle avait
choisi le bon angle d’attaque. Elle insista.
    « Et son caractère ! Le procès a démontré son
impulsivité. Sam ne s’est pas contenté de repousser Jonno. Il ne lui a pas
flanqué une raclée pour ensuite lui tendre la main et l’aider à se relever.
Wulfric l’aurait fait, car il a le cœur tendre. Sam, non. Il ne s’est pas
contenté de porter à Jonno un coup qui aurait assommé n’importe qui. Il est
reparti de plus belle contre un adversaire sans défense. Avant que son corps
inerte ne touche le sol, il avait déjà cogné une troisième fois. Si les paysans
de Vieille-Église ne l’avaient pas retenu, il se serait acharné sur lui avec sa
pelle jusqu’à faire de son crâne une bouillie sanglante. En fait, il voulait le
tuer ! »
    Gwenda essuya du revers de sa manche les larmes qu’elle ne
pouvait retenir.
    Ralph la fixait, horrifié.
    « D’où lui vient cet instinct meurtrier ? Regardez
au fond de votre cœur, il est tout aussi noir. Sam est bien votre fils !
Et le mien aussi, Dieu me pardonne ! »
    *
    Gwenda partie, Ralph s’assit sur le lit de la petite chambre,
les yeux rivés à la flamme de la bougie. Sam serait-il son fils ? On ne
pouvait pas se fier à la parole d’une mère, naturellement. Sam pouvait autant
être son fils que celui de Wulfric,

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