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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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la triste nouvelle.
    « Lolla est introuvable. Nous n’avons pas la moindre
idée de l’endroit où elle est.
    — Elle sera de retour pour le souper, répondit Merthin.
Em, ressaisis-toi !
    — Elle n’est pas rentrée hier soir, insista Arn. Ni la
nuit d’avant. »
    À ces mots, la terreur s’empara du père. Un froid glacial
l’envahit. Il eut l’impression que son cœur avait cessé de battre. Pendant un
moment, tout raisonnement l’abandonna. La seule chose dont il était capable,
c’était de se représenter sa fille de seize ans, ses yeux sombres au regard
intense, sa bouche sensuelle héritée de sa mère et son attitude de joyeuse
assurance.
    Une jeune fille qui n’était plus une enfant sans être encore
une adulte.
    Lorsqu’il reprit ses esprits, il s’interrogea. Où avait-il
fait erreur ? Depuis qu’elle avait cinq ans, il la laissait souvent aux
soins de ses domestiques, parfois plusieurs jours d’affilée, et il n’y avait
jamais eu le moindre souci. Que s’était-il passé ?
    À bien y réfléchir, il se rendit compte qu’il lui avait à
peine adressé la parole depuis ce fameux dimanche de Pâques, quinze jours plus
tôt, où il l’avait empoignée par le bras devant l’auberge du Cheval blanc et
ramenée de force à la maison, l’arrachant à une bande d’amis à la réputation
douteuse. À l’heure du dîner, elle était restée bouder dans sa chambre. Elle
n’en était même pas descendue quand Sam avait été arrêté. Plus tard, lorsque
Caris et Merthin lui avaient dit adieu avant de partir pour Shiring, elle leur
battait toujours froid.
    À présent, Merthin se fustigeait, rongé par le remords. En
étant trop dur avec Lolla, il l’avait éloignée de lui. Le fantôme de Silvia le
méprisait-il pour cet échec dans son rôle de père ?
    Se rappelant les fréquentations de sa fille, il
déclara : « Il y a du Jake Riley derrière tout ça. L’as-tu vu,
Arn ?
    — Non, maître.
    — Je ferais mieux d’aller le trouver sans tarder.
Sais-tu où il loge ?
    — Près de la poissonnerie, derrière l’église
Saint-Paul.
    — Je t’accompagne, Merthin », annonça Caris.
    Ils traversèrent le pont. Entrés en ville, ils prirent à
l’ouest.
    La paroisse Saint-Paul était un quartier industriel le long
des quais où étaient regroupés des abattoirs, des tanneries, des scieries et
des manufactures, notamment des teintureries qui avaient poussé comme des
champignons depuis l’invention de l’écarlate de Kingsbridge. Merthin mit le cap
sur la tour trapue de l’église Saint-Paul qui dominait les toits voisins. Se
guidant à l’odeur, il découvrit la poissonnerie et frappa à la porte du
bâtiment voisin, une grande maison délabrée.
    Salle Scieur, pauvre veuve d’un charpentier mort de la
peste, lui ouvrit.
    « Je ne l’ai pas vu depuis huit jours, messire le
prévôt. Jake va et vient à sa guise. Tant qu’il paie son loyer, je n’ai pas de
remarques à lui faire.
    — Lolla était-elle avec lui quand il est parti ?
s’enquit Caris.
    — Je ne suis pas portée à médire, répondit Sal avec
réticence en jetant un coup d’œil en coin au père de la jeune fille.
    — Je vous en prie, insista celui-ci, dites-nous ce que
vous savez, je n’en prendrai pas ombrage.
    — C’est vrai qu’elle traîne souvent avec Jake. Elle
fait ses quatre volontés, mais je n’en dirai pas plus. Si vous trouvez ce
garçon, vous la découvrirez juste à côté.
    — Avez-vous une idée de l’endroit où il a pu
aller ?
    — Il ne m’avise jamais de ses déplacements.
    — Connaissez-vous quelqu’un qui serait au
courant ?
    — À part Lolla, il n’amène point d’amis ici, mais je
crois savoir qu’ils vont souvent à l’auberge du Cheval blanc. »
    Merthin hocha la tête. « Merci, Sal. Nous essaierons de
nous renseigner là-bas.
    — Ne vous inquiétez pas. C’est juste une phase de
rébellion.
    — J’espère que vous avez raison. »
    Ils revinrent vers la fameuse taverne, près du pont. Merthin
se remémora l’orgie dont il avait été témoin au plus fort de l’épidémie de
peste, quand David le Cheval blanc, à l’article de la mort, distribuait sa
bière gratuitement. L’établissement avait ensuite fermé plusieurs années avant
de connaître à nouveau la prospérité. À quoi tenait donc la popularité de cette
taverne ? se demandait souvent Merthin. Les salles y étaient exiguës et
crasseuses, des bagarres y éclataient

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