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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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bâtiments réservés à leur seule utilisation.
Restaient la cathédrale et d’autres lieux encore où il ne pouvait faire
autrement que de les croiser. Comme cette bibliothèque, par exemple, où, en ce
moment même, une jeune et jolie religieuse du nom de sœur Mair était en train
de consulter un ouvrage illustré consacré aux herbes médicinales, et cela à
quelques pas de lui. Et la situation était bien pire à la cuisine et à
l’hospice où des filles de la ville aux vêtements ajustés et aux coiffures
aguichantes venaient livrer des provisions ou visiter un malade.
    À n’en pas douter, comparé à l’époque de Philippe, un grand
laisser-aller régnait au prieuré. Et c’était bien la preuve, se disait Godwyn,
que son oncle Anthony avait laissé s’instaurer un déplorable relâchement. Mais
peut-être tout n’était-il pas perdu ?
    La cloche carillonna, appelant les religieux à l’office de
six heures. Il referma son livre. Sœur Mair l’imita et ses lèvres rouges lui
adressèrent un sourire plein de douceur. Détournant les yeux, il se hâta de
sortir.
    Le temps s’améliorait, bien qu’il demeure encore très
perturbé. Le soleil brillait entre deux averses et, dans l’église, les vitraux
étincelaient et s’assombrissaient tour à tour. Une agitation similaire au
mouvement chaotique des nuages dans le ciel avait envahi l’esprit de Godwyn. Le Livre de Timothée soulevait en lui maintes pensées qui l’empêchaient de
prier et il s’interrogeait sur la meilleure façon d’utiliser ce texte pour
susciter un même désir de renouveau parmi la congrégation. Il décida d’évoquer
le sujet au chapitre, la réunion quotidienne durant laquelle les moines
débattaient de toutes sortes de questions.
    Les réparations entreprises dans le chœur depuis
l’effondrement du dimanche précédent progressaient rapidement, nota-t-il. Les
blocs de pierre avaient été dégagés et la partie dangereuse délimitée par une
corde. Des pierres minces et légères s’amoncelaient dans le transept. Les
maçons n’interrompirent pas leur tâche quand les moines commencèrent à chanter
– les offices étaient si nombreux que les travaux s’en seraient trouvés
gravement retardés. Merthin Fitzgerald s’activait dans le bas-côté sud. Il
avait temporairement abandonné sa sculpture du portail pour se consacrer à la
fabrication de l’échafaudage sur lequel se tiendraient les maçons pour
reconstruire la voûte éboulée – un ouvrage compliqué fait de cordages, de
barrières et de claies. Frère Thomas, qui avait pour tâche de diriger les
ouvriers, se tenait dans le transept sud en compagnie de maître Elfric et
désignait la voûte. À l’évidence, ils discutaient du travail de Merthin.
    Homme de décision, Thomas était un chef de chantier
efficace, qui ne se laissait pas dépasser par les événements. Le matin, lorsque
des maçons manquaient à l’appel, il se rendait en personne chez eux et les
sommait de s’expliquer. S’il avait un défaut, c’était sa trop grande
indépendance : il informait rarement Godwyn de l’avancement des
travaux et ne sollicitait pas toujours son avis. Il conduisait son travail
comme s’il était son propre maître et non son subalterne. Godwyn le soupçonnait
de douter de ses capacités – non pas à cause de leur différence d’âge car, avec
ses trente et un ans, il n’avait que trois ans de moins que lui, mais parce
qu’il était apparenté au prieur. Thomas devait estimer qu’Anthony le favorisait
à la demande de sa sœur Pétronille. Oh, il se gardait de manifester le moindre
ressentiment. Il se contentait d’agir comme bon lui semblait.
    Tout en marmonnant les répons, Godwyn vit que la
conversation entre Thomas et Elfric s’était interrompue. Le seigneur William de
Caster venait de faire son entrée dans la cathédrale.
    De haute taille et portant barbe noire, il était bien le
fils de son père ; il en avait d’ailleurs la dureté, même si l’on disait
que dame Philippa, son épouse, savait parfois l’adoucir. S’étant approché de
Thomas, il chassa maître Elfric d’un geste de la main. Le moine se tourna vers
lui pour lui faire face. Son attitude rappela à Godwyn que c’était un ancien
chevalier. Il revit en esprit le jour où Thomas était arrivé au prieuré, le
bras gauche tailladé par un coup d’épée.
    Penché en avant, le seigneur William s’exprimait avec
agressivité en pointant un doigt. Godwyn regretta

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