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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Perkin,
Annet, rouge d’excitation, dame Philippa et un certain nombre de badauds.
    Le sentiment d’extase qu’éprouvait Ralph disparut, laissant
place à la douleur. Son nez blessé se mit brusquement à le faire souffrir mille
morts. Il ne pouvait plus respirer que par la bouche, un goût de sang
emplissait sa gorge. « Cet animal m’a frappé au nez ! » Sa voix
résonna à ses oreilles comme celle d’un homme enrhumé.
    « Eh bien, il sera puni », déclara John.
    Deux hommes arrivèrent sur ces entrefaites. Le père et le
frère aîné, se dit Ralph en notant leur ressemblance avec Wulfric. Sous ses
yeux furibonds, ils aidèrent le blessé à se remettre sur ses pieds.
    Perkin prit la parole. C’était un homme corpulent, au visage
sournois. « L’écuyer l’a frappé en premier, dit-il.
    — Il m’avait délibérément bousculé ! riposta
Ralph.
    — L’écuyer avait insulté la future épouse de Wulfric.
    — Qu’importe ce que l’écuyer a pu dire ou faire !
On ne porte pas la main sur un homme du comte Roland, Wulfric devrait le
savoir ! s’exclama John. J’imagine que le comte lui réservera le sévère
traitement qu’il mérite. »
    Le père de Wulfric éleva la voix à son tour :
« John, y aurait t-il une loi que j’ignore qui dise qu’un homme portant
les couleurs du comte peut agir à sa guise ? »
    Un murmure d’approbation parcourut la petite foule de
badauds. Souvent à l’origine des problèmes, les écuyers échappaient
généralement à toute punition sous prétexte qu’ils portaient les couleurs de
tel ou tel baron. Cette coutume était difficilement supportée par ceux qui
respectaient la loi, qu’ils soient marchands ou paysans.
    « Je suis la belle-fille du comte, intervint dame
Philippa. J’ai assisté à toute la scène. » Elle avait parlé d’une voix
mélodieuse et sans hausser le ton, pourtant tout le monde fut conscient de son
autorité. « Je suis au regret de dire que la faute incombe entièrement à
l’écuyer. Il a caressé cette jeune fille de la façon la plus
outrageante. »
    Persuadé qu’elle allait prendre sa défense, Ralph fut
consterné de s’entendre condamner.
    « Je vous remercie pour votre témoignage, ma
dame », dit le sergent de ville. Puis il s’entretint brièvement avec elle
à voix basse : « Je pense que le comte préférerait voir le paysan
puni. »
    Elle hocha la tête pensivement. « Évitons que cette
affaire ne dégénère en une longue dispute. Placez ce jeune homme au pilori
pendant vingt-quatre heures. Ça ne lui fera pas grand mal, à son âge, et tout
le monde saura que justice a été faite. Le comte sera satisfait, j’en réponds
pour lui. »
    John hésitait. Visiblement, il répugnait à appliquer des
consignes émanant d’une autre autorité que celle dont il dépendait
légitimement, à savoir le prieur de Kingsbridge. Ralph, pour sa part, aurait
souhaité voir le paysan condamné au fouet, mais il commençait à comprendre
qu’il ne sortait pas grandi de cette aventure et il ne voulait pas aggraver son
cas en réclamant un châtiment plus sévère. D’autant que la décision de Philippa
était de nature à satisfaire toutes les parties. Au bout d’un moment John
acquiesça : « Très bien, dame Philippa. Si vous êtes disposée à en
prendre la responsabilité...
    — Je le suis.
    — Parfait. » John saisit Wulfric par le bras et
l’entraîna au loin. Le jeune homme avait récupéré rapidement. Il pouvait
marcher sans l’aide de personne. Son père et son frère le suivirent. Peut-être
lui apporteraient-ils à boire et à manger pendant les heures qu’il passerait au
pilori et veilleraient-ils à ce qu’il ne lui soit pas fait de mal.
    « Comment te sens-tu ? demanda Merthin à son
frère.
    — Très bien. Au mieux de ma forme ! »
répondit Ralph, qui souffrait atrocement. Il avait l’impression d’avoir le
visage gonflé comme une outre ; il n’avait plus les yeux en face des trous
et il parlait du nez.
    « Fais-toi examiner par un moine !
    — Non. » Ralph avait les médecins en horreur. Il
détestait subir une saignée ou se faire exciser un furoncle. « Une bolée
de vin fort, voilà ce qu’il me faut ! Conduis-moi à la taverne la plus
proche.
    — Bien, dit Merthin sans bouger de place.
    — Qu’est-ce qui t’arrive ? s’étonna Ralph en
remarquant le regard étrange de son frère.
    — Tu n’as pas changé. »
    Ralph haussa les épaules.

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