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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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de ne pouvoir entendre ses
paroles. Thomas lui répondait vigoureusement, et sa hardiesse lui rappela la
combativité qui l’animait à son arrivée au monastère, malgré sa blessure... Ce
jour-là, c’était avec le frère cadet de William qu’il s’était entretenu.
Richard n’était pas encore évêque de Kingsbridge à l’époque. Sans raison,
Godwyn se plut à imaginer que la dispute d’aujourd’hui portait sur le même
sujet qu’il y a dix ans, et il se demanda lequel. Pouvait-il exister entre un
moine et un noble un sujet de discorde d’une telle gravité qu’il persiste dix
années plus tard ?
    William tourna les talons et s’éloigna d’un pas irrité.
Thomas rejoignit maître Elfric.
    La dispute qui avait opposé dix ans plus tôt Thomas à
Richard s’était résolue par l’admission du chevalier au prieuré, Richard
s’étant engagé à accorder une donation au monastère. Donation qui n’avait
jamais plus été évoquée par la suite, et Godwyn subitement s’interrogea :
cette promesse avait-elle été tenue ?
    Tout au long de ces années, nul n’avait appris grand-chose
sur le passé de Thomas. C’était curieux car les moines colportaient volontiers
des ragots. La vie communautaire faisait qu’ils connaissaient presque tout les
uns des autres, et ils n’étaient guère que vingt-sept en tout. Quel seigneur
Thomas avait-il servi jadis ? De quel coin du pays venait-il ? Les
chevaliers, pour la plupart, régnaient sur quelques villages dont ils tiraient
des revenus leur permettant de subvenir aux frais d’entretien de leurs chevaux
et de leur armement. Thomas avait-il eu une épouse, des enfants ? Si oui,
qu’étaient-ils devenus ? Personne ne le savait.
    Excepté le mystère entourant son existence passée, Thomas
était dévot et assidu à la tâche. La vie de moine semblait lui convenir
parfaitement. Il y avait en lui, comme d’ailleurs chez un grand nombre de
moines, une douceur féminine mal assortie à la violence de son ancienne vie. Il
était très proche de frère Matthias, un moine d’une grande délicatesse, plus
jeune que lui de quelques années. S’ils se livraient ensemble au péché
d’impureté, c’était avec une discrétion remarquable car aucune accusation
n’avait jamais été portée à leur encontre.
    Le service touchait à sa fin. Jetant un regard vers la nef
plongée dans l’obscurité, Godwyn aperçut sa mère, seule et altière sous le
rayon de soleil qui éclairait ses mèches grises, plus immobile que le pilier
près duquel elle se tenait. Depuis combien de temps l’attendait-elle ? Car
elle était forcément venue tout spécialement pour lui parler ; les laïcs
n’étaient pas encouragés à assister aux offices pendant la semaine. Un
sentiment qu’il connaissait bien, mélange de plaisir et d’appréhension, envahit
Godwyn. Il savait que sa mère ferait n’importe quoi pour lui. Elle le lui avait
prouvé en vendant sa maison et en devenant l’intendante de son frère afin qu’il
puisse aller étudier à Oxford. Pour une femme aussi fière, c’était un immense
sacrifice et il ne pouvait y penser sans que des larmes de gratitude ne lui
montent aux yeux. Pourtant, à peine en sa présence, il était saisi d’une
angoisse indicible, comme si elle s’apprêtait à le réprimander d’avoir désobéi.
    Profitant que les moines et les religieuses quittaient l’église,
Godwyn se glissa hors du cortège pour aller la rejoindre. « Bonjour,
mère. »
    Elle posa ses lèvres sur son front. « Tu as l’air
amaigri, dit-elle avec une inquiétude maternelle. Tu manges à ta faim ?
    — Du poisson salé et du gruau, c’est tout, mais en
abondance.
    — Je te sens bouillonner à l’intérieur. »
    Elle avait toujours su décrypter ses humeurs. Il lui parla
du Livre de Timothée et conclut : « Je songe à lire ce passage
à la réunion du chapitre.
    — Y aura-t-il des moines pour soutenir tes propositions ?
    — Théodoric et d’autres aussi, parmi les plus jeunes.
Ils sont nombreux à être gênés par la présence des femmes. Nous les côtoyons à
toute heure du jour, alors que nous sommes censés mener une vie communautaire
entre hommes exclusivement. »
    Elle hocha la tête d’un air approbateur. « Excellent.
Ça te place en position de chef.
    — Et puis ils m’aiment bien, à cause des pierres
chaudes.
    — Des pierres chaudes ?
    — Cet hiver, j’ai proposé que, les nuits de gel, il
nous soit donné une

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