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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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brutale. « Si je comprends bien, vous
étiez son bras droit, comme Caris est celui d’oncle Edmond ? »
    Elle eut un rire désabusé. « Oui. Sauf qu’Edmond n’a
pas eu à escalader la montagne. Nous nous en étions déjà rendus maîtres, mon
père et moi, quand il a pris la tête des affaires.
    Nous étions les notables les plus importants de la ville.
Edmond n’a eu qu’à redescendre dans la vallée par le versant opposé. »
    Ils furent interrompus par Philémon, entré dans la cathédrale
par le cloître, armé d’un balai, car il était préposé au nettoyage. C’était
maintenant un échalas de vingt-deux ans, au cou décharné, qui marchait à petits
pas sautillants, comme un moineau. « Frère Godwyn ? Je vous
cherchais, justement, s’exclama-t-il d’un air excité.
    — Bonjour, Philémon, le coupa Pétronille sans se
soucier de sa hâte évidente. Dis-moi, tu n’as toujours pas prononcé tes
vœux ?
    — Je viens d’une famille humble, dame Pétronille. Il ne
m’est pas facile de rassembler la somme nécessaire pour la donation. .
    — Le prieuré se passe de donation pour les novices
particulièrement dévots, c’est bien connu. De plus, tu travailles au prieuré
depuis des années sans toucher de salaire régulier.
    — Frère Godwyn a avancé ma candidature, mais des moines
parmi les plus âgés s’y sont opposés.
    — Frère Carlus, le moine aveugle, ne peut pas souffrir
Philémon, expliqua Godwyn. Je ne sais pourquoi.
    — J’en toucherai un mot à mon frère, promit Pétronille.
Il devrait passer outre ses objections. Tu es un bon ami de mon fils.
J’aimerais te voir progresser.
    — Merci, maîtresse.
    — Bien. À l’évidence, tu meurs d’envie de faire part à
Godwyn d’une chose qui ne peut être prononcée devant moi. Par conséquent, je
vous laisse. » Ayant embrassé son fils, elle ajouta : « N’oublie
pas ce que je t’ai dit.
    — Non, mère. »
    Godwyn se sentit soulagé de son départ, comme si l’orage
était passé au-dessus de sa tête pour aller éclater plus loin, sur une autre
ville.
    « C’est à propos de l’évêque Richard », déclara
Philémon, sitôt que Pétronille se fut éloignée.
    Godwyn haussa les sourcils. Philémon avait le don de
découvrir les petits secrets des gens. « De quoi s’agit-il ?
    — Il est à l’hospice en ce moment, dans l’une des
salles privées de l’étage. Avec sa cousine Margerie ! »
    Fille d’un des frères cadets du comte Roland et d’une des
sœurs de la comtesse de Marr, Margerie était une jolie fille de seize ans,
confiée à la garde de son oncle depuis la mort de ses parents. Son prochain
mariage avec l’un des fils du comte de Monmouth devait considérablement
renforcer la position politique du comte de Shiring et faire de lui l’un des
nobles les plus puissants du sud-ouest de l’Angleterre. « Et que
font-ils ? s’enquit Godwyn, bien qu’il ne faille pas être devin pour le
savoir.
    — Ils s’embrassent ! répondit Philémon en baissant
la voix.
    — Comment le sais-tu ?
    — Je vais vous montrer. »
    Il quitta la cathédrale par le transept sud, traversa le
cloître réservé aux moines et monta au premier étage, Godwyn sur les talons.
Là, il entra dans le dortoir. Cette salle toute simple, meublée de deux rangées
de lits en bois recouverts d’une paillasse, était mitoyenne de l’hospice.
Philémon se dirigea vers l’armoire aux couvertures, qu’il déplaça non sans mal
pour révéler une pierre descellée dans le mur. Comment Philémon avait-il
découvert ce trou secret ? se demanda Godwyn. À moins qu’il ne l’ait
creusé lui-même pour y cacher des objets interdits. Philémon retira la pierre
en veillant à ne pas faire de bruit. « Regardez vous-même ! »
    Godwyn hésita. Il voulut d’abord l’interroger. « Tu as
surveillé d’autres visiteurs à partir d’ici ? chuchota-t-il.
    — Je les surveille tous ! » répondit Philémon
sur un ton d’évidence.
    Godwyn n’était pas pressé de voir le spectacle qui allait
sans nul doute s’offrir à ses yeux. Qu’un novice regarde les ébats d’un évêque,
passe encore ! Mais lui ! C’était l’acte honteux d’un homme mû par la
ruse. Cependant, la curiosité le taraudait. Que lui conseillerait donc sa
mère ? Il lui suffit de se poser la question pour connaître la réponse.
    Le trou étant situé presque à hauteur de son œil, il n’eut
qu’à se pencher un peu en

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