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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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marchandise
reine ; les milliers d’acheteurs qui se pressaient dans les allées du marché
recherchaient plutôt l’étoffe écarlate qui faisait désormais la renommée de
Kingsbridge.
    Le samedi soir, au banquet d’inauguration, la guilde rendit
un vibrant hommage à Caris. Si la ville de Kingsbridge n’avait pas totalement
échappé à la peste, elle avait beaucoup moins souffert que les autres cités et
bon nombre d’habitants imputaient leur survie aux précautions mises en place
par leur bienfaitrice. Aux yeux de tous, elle était une héroïne. Les membres de
la guilde tinrent à souligner son exploit. Madge la Tisserande mit en scène une
cérémonie au cours de laquelle Caris se vit offrir une clé d’or, symbolisant
celles de la ville. Merthin rayonnait de fierté.
    Le lendemain, dimanche, Merthin et Caris se rendirent à la
cathédrale. Comme les moines étaient encore réfugiés à Saint-jean-des-Bois, la
messe fut célébrée par le père Michael, de la paroisse Saint-Pierre. Dame
Philippa, comtesse de Shiring, y assistait.
    Merthin ne l’avait pas revue depuis les funérailles de
Ralph. Sa mort, faut-il le dire, ne leur avait pas arraché beaucoup de larmes.
Le comte aurait dû reposer dans la cathédrale de Kingsbridge. La ville étant
fermée, il avait été enseveli à Shiring.
    Les circonstances de sa mort demeuraient obscures. Il avait
été découvert, le corps transpercé par une épée, dans une chaumière qu’il
utilisait au cours de ses parties de chasse. Alan Fougère gisait non loin de
lui, lardé de plusieurs coups de couteau. Les deux hommes semblaient avoir dîné
ensemble, car les reliefs d’un repas traînaient encore sur la table. Il y avait
des signes évidents de lutte, mais comment savoir si Ralph et Alan s’étaient
entre-tués ou si un troisième larron était impliqué ? Rien n’avait été
dérobé : on avait retrouvé de l’argent sur les cadavres, leurs belles
armes étaient abandonnées près d’eux et leurs chevaux de prix paissaient dans
la clairière. Autant de circonstances qui faisaient pencher le coroner de
Shiring pour un règlement de comptes entre les deux victimes.
    D’un autre côté, il n’y avait pas vraiment de mystère.
Pourquoi s’étonner que Ralph, homme violent par excellence, ait trouvé une fin
violente ? « Ceux qui prendront l’épée périront par l’épée »,
disait Jésus, quoique, sous le règne d’Édouard III, les prêtres citent rarement
ce verset-là. Le plus remarquable était qu’un homme ayant survécu à tant de
campagnes militaires, à d’effroyables batailles et aux assauts de la cavalerie
française, puisse trouver la mort à quelques lieues de chez lui, au cours d’une
vulgaire dispute.
    À sa grande surprise, Merthin avait pleuré pendant l’enterrement
et il s’était interrogé sur les causes de sa tristesse. D’un naturel méchant,
Ralph avait semé le malheur autour de lui ; sa mort était une bénédiction.
Depuis le meurtre de Tilly, Merthin avait pris ses distances avec lui. Que
regrettait-il finalement ? Après réflexion, il se dit qu’il pleurait la
disparition de l’homme que Ralph aurait pu être : un homme capable de
maîtriser sa violence au lieu de s’y adonner, un homme dont l’agressivité
aurait été guidée par le sens de la justice et non par une soif inextinguible
de gloire personnelle. Oui, Ralph aurait pu devenir un tel homme. À cinq et six
ans, quand ils s’amusaient tous les deux à faire naviguer leurs bateaux en bois
sur une mare boueuse, son frère n’était ni cruel ni dominé par le désir de vengeance.
Voilà pourquoi Merthin avait versé des larmes.
    Ce dimanche-là, Philippa était accompagnée de ses deux
garçons. Ils avaient également assisté aux obsèques de leur père. L’aîné,
Gerry, était le fils de Ralph et de Tilly. Le cadet, que tout le monde croyait
né de l’union de Philippa et de Ralph, était en réalité le fils de Merthin. Par
bonheur, il n’avait pas hérité de sa chevelure flamboyante, ni de son air
primesautier. Tout portait à croire qu’il aurait la prestance de sa mère et
serait, comme elle, élancé.
    Il serrait contre son cœur une petite sculpture qu’il offrit
solennellement à Merthin. C’était un cheval en bois. L’oncle la jugea plutôt
réussie pour un garçonnet de dix ans. La plupart des enfants auraient
représenté l’animal planté sur ses quatre pattes. Roley, quant à lui, l’avait
sculpté en mouvement,

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