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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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aurais été moins désolé si ça t’avait plu ?
    — Bien sûr que non ! s’écria Merthin, consterné de
voir Caris interpréter de travers tout ce qu’il disait.
    — Qu’est-ce qui t’a pris ?
    — Elle pleurait.
    — Oh, pour l’amour du ciel ! Tu fais ça avec
toutes les filles qui pleurent devant toi ?
    — Mais non ! J’essayais seulement de t’expliquer
comment ça s’est passé. Sans vraiment que je le veuille. »
    Mais cela ne fit qu’augmenter le mépris de Caris. « Ne
dis pas de bêtises, riposta-t-elle. Si c’est arrivé, c’est parce que tu l’as
bien voulu.
    — Écoute-moi, je t’en prie, dit-il, agacé. C’est elle
qui a insisté. J’ai refusé. Elle s’est mise à pleurer. Je l’ai entourée de mon
bras pour la réconforter et...
    — Épargne-moi ces détails écœurants, je n’ai pas envie
de les connaître. »
    L’irritation commençait à le gagner. Il avait mal agi,
certes, et méritait qu’elle soit fâchée, mais il ne s’attendait pas à un mépris
aussi cinglant. « Très bien », lâcha-t-il, et il se renferma.
    Mais Caris n’avait pas envie qu’il se taise. Le regardant
bien en face, elle demanda d’un air bougon : « Quoi
d’autre ? »
    Il haussa les épaules. « À quoi ça sert que je
parle ? Tu accueilles par le mépris tout ce que je dis.
    — Je n’ai pas envie d’entendre des excuses pathétiques.
Mais je sens bien que tu ne m’as pas tout avoué. »
    Il soupira. « Elle est enceinte. »
    Une fois de plus, la réaction de Caris le surprit. Toute
colère la quitta. Son visage, jusqu’alors crispé d’indignation, s’effondra.
Seule demeura sa tristesse. « Un bébé ! Griselda va avoir un bébé de
toi.
    — Ça n’arrivera peut-être pas. Parfois...»
    Caris secoua la tête. « Griselda est en bonne santé et
mange à sa faim. Il n’y a aucune raison pour qu’elle fasse une fausse couche.
    — Non pas que je le souhaite, dit-il sans le penser
véritablement.
    — Qu’est-ce que tu vas faire ? Ce sera ton enfant,
tu l’aimeras, même si tu détestes sa mère.
    — Je vais devoir l’épouser. »
    Caris s’ébahit. « Te marier ! Mais ce sera pour
toujours !
    — J’ai fait un enfant, je dois en prendre soin.
    — Et passer ta vie entière avec Griselda ?
    — Je sais.
    — Non, tu n’es pas obligé ! lâcha-t-elle avec
détermination.
    Prends Élisabeth Leclerc : son père n’a jamais épousé
sa mère !
    — Il était évêque.
    — Et Maud Roberts, de la rue de l’Abattoir. Elle a
trois enfants et pas de mari. Et tout le monde sait que leur père, c’est
Édouard le Boucher.
    — Il est marié et il a déjà quatre enfants avec sa
femme.
    — Ce que je veux dire, c’est qu’on ne force pas
toujours les gens à se marier. Tu peux continuer à vivre comme maintenant.
    — Non, c’est impossible. Elfric me flanquerait à la
porte. » Elle demeura pensive. « Autrement dit, tu as déjà parlé à
Elfric ?
    — Parlé ? s’exclama Merthin en portant la main à
sa joue meurtrie. J’ai cru qu’il allait me tuer.
    — Et sa femme, ma sœur ?
    — Elle m’a crié dessus.
    — Donc elle sait.
    — Oui. C’est elle qui a dit que je devais épouser
Griselda. De toute façon, elle n’a jamais voulu que je sois avec toi, je ne
sais pas pourquoi.
    — Parce qu’elle te voulait pour elle-même »,
murmura Caris. Merthin tomba des nues. Que la fière Alice puisse être attirée
par un modeste apprenti lui semblait incroyable. « Elle ne me l’a jamais
montré.
    — Parce que tu ne l’as jamais regardée avec attention.
C’est pour ça qu’elle s’énerve tellement contre toi. Elle a épousé Elfric par
dépit. Tu as brisé le cœur de ma sœur et, à présent, tu brises le mien. »
    Merthin détourna les yeux. Il avait quelque difficulté à se
voir en séducteur. À quel moment les choses étaient-elles allées de
travers ?
    Caris s’était enfermée dans le silence. Il continua à
regarder couler l’eau d’un air abattu. Son regard suivit le cours de la rivière
jusqu’au pont.
    La foule s’était immobilisée, semblait-il. Une carriole
lourdement chargée de sacs de laine bloquait la sortie du pont, au sud. Une
roue cassée, probablement. La charrette à laquelle Nell était attachée s’était
arrêtée aussi, ne pouvant doubler l’autre. La foule entourait les deux
attelages, plusieurs personnes avaient escaladé les sacs de laine pour avoir
une meilleure

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