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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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les mêmes questions, le
cœur empli d’espoir, et, chaque fois, Ralph lui causait la même déception.
    Griff était une jeune monture, utilisée pour la chasse.
N’étant qu’écuyer, Ralph ne méritait pas de se voir attribuer un coûteux cheval
de bataille. Mais il aimait sa bête et celle-ci répondait avec fougue à ses
coups d’éperons. L’activité déployée autour de lui excitait l’animal, impatient
de s’élancer. « Doucement, mon beau jeune homme, lui murmura son maître à
l’oreille. Bientôt, tu pourras étirer tes jambes. » Au son de la voix de
son maître, Griff s’apaisa immédiatement.
    « Sois constamment en alerte et prêt à satisfaire les
désirs du comte, conseillait sieur Gérald à son fils, et il se rappellera de
toi quand il y aura un poste à pourvoir. »
    Tout cela, c’était très bien, pensait le jeune homme
par-devers lui, mais les vraies occasions survenaient surtout à la guerre.
Enfin, il n’était pas impossible qu’elle soit plus proche aujourd’hui qu’elle
ne l’était la semaine précédente. La guilde, présumait-il sans avoir assisté
aux réunions entre le comte et les lainiers de Kingsbridge, ne devait pas
s’être opposée à l’idée de prêter de l’argent au roi Édouard à condition qu’il
prenne des mesures radicales à l’encontre de la France en représailles aux
attaques des Français contre les ports de la côte méridionale du pays.
    Ralph désirait ardemment se distinguer et retrouver le
statut perdu par sa famille voilà dix ans. Et cela pas seulement pour son père,
mais pour sa propre fierté.
    Griff piaffa, jetant la tête en l’air. Pour le calmer, Ralph
entreprit de le promener, accompagné par son père. Sa mère resta à l’écart. Le
nez cassé de son fils ne laissait pas de l’inquiéter.
    Ralph et son père s’avancèrent vers dame Philippa. En
prévision de la longue randonnée à venir, celle-ci portait une tenue ajustée
qui mettait en valeur sa poitrine pleine et ses longues jambes. Occupée à
converser avec son époux, elle tenait sa fougueuse monture par la bride. Ralph
était toujours à l’affût d’un prétexte pour lui adresser la parole. Hélas, il
n’était jamais que l’un des nombreux membres de l’entourage de son beau-père et
elle ne lui adressait pas la parole, à moins d’y être forcée.
    En la voyant réprimander le seigneur William d’une petite
tape sur la poitrine assortie d’un sourire, Ralph fut empli de ressentiment.
Pourquoi n’était-ce pas avec lui qu’elle partageait cet instant d’amusement ?
Nul doute qu’il se serait trouvé à la place de William s’il avait été comme lui
le seigneur de quarante villages. Mais sa vie n’était qu’une suite de souhaits
inassouvis. Quand réaliserait-il enfin quelque-chose ?
    Accompagné de son père, il parcourut toute la longueur de la
cour. Il s’en revenait lorsqu’il aperçut un moine manchot sortant de la cuisine
et traversant la cour. Son air familier le frappa. Il lui fallut un moment pour
se rappeler qu’il s’agissait de ce chevalier qui avait tué les deux hommes
d’armes dans la forêt, dix ans auparavant, avant d’entrer au monastère.
Contrairement à Merthin qui était souvent en rapport avec lui en raison des
réparations à effectuer sur les bâtiments du prieuré, Ralph ne l’avait pas revu
depuis ce fameux jour. Frère Thomas avait beau se cacher sous une large tonsure
et la robe de toile bise des religieux, il avait beau présenter un début de
bedaine, il conservait son maintien de guerrier.
    « Tiens ! Le moine-mystère ! » lança
Ralph sur un ton anodin. Le seigneur William réagit avec brusquerie. « Que
veux-tu dire ?
    — Je parle de frère Thomas. Il était chevalier
autrefois. Personne ne sait pourquoi il est entré au monastère.
    — Que diable sais-tu de lui ? » s’écria
William d’une voix où transperçait une colère incompréhensible, car Ralph ne
s’était nullement montré blessant. Mais peut-être William était-il de méchante
humeur malgré les sourires affectueux de sa belle épouse.
    Ralph regretta d’avoir entamé la conversation. « Je
revois encore le jour où il est arrivé à Kingsbridge », dit-il et il
marqua une hésitation, se remémorant le serment qu’il avait prêté dans la forêt
avec les autres enfants. L’agacement inexpliqué de William ne l’incitait
d’ailleurs pas à en raconter davantage.
    « Quand il est arrivé en ville, il perdait son

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