Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
charrette
chargée de sacs de laine qui bloquait le passage à une carriole tirée par un
bœuf. Gwenda devait à tout prix arriver à la maison de Caris. Elle la voyait
presque, en haut de la grand-rue. « Laissez-moi passer ! »
hurla-t-elle, accompagnant ses cris de grands coups d’épaule dans la foule. Une
seule personne tourna la tête : Philémon ! Il ouvrit la bouche,
frappé de stupeur. Pris de panique, il tenta d’avancer vers elle, mais la foule
lui opposait la même résistance qu’à sa sœur.
    Gwenda tenta de se faufiler le long des deux bœufs attelés à
la charrette de laine, mais l’un d’eux projeta sa tête massive sur le côté et
l’envoya bouler. Elle perdit pied. Au même instant, une main puissante la
rattrapa par le bras. Elle sut alors qu’elle avait échoué.
    « Je te tiens, salope ! » éructa Sim, hors
d’haleine. L’attirant vers lui, il la frappa de toutes ses forces en pleine
figure. Elle n’avait plus la force de résister. Skip aboyait en vain aux pieds
du colporteur. « Tu ne m’échapperas plus », dit-il.
    Elle fut anéantie. Séduire Alwyn, le tuer, parcourir des
milles au pas de course, tout cela n’avait servi à rien. Elle était revenue à
son point de départ, prisonnière de Sim.
    Et soudain, le pont vacilla.

 
13.
    De là où il se trouvait, Merthin vit le-pont plier.
    Subitement, tel un cheval au dos brisé, le tablier fléchit à
hauteur de la pile centrale, qui se trouvait de son côté. En sentant
brusquement le sol bouger sous leurs pieds, les personnes qui s’ingéniaient à
tourmenter Nell chancelèrent et s’agrippèrent les unes aux autres pour tenter
de se retenir. L’une d’elles bascula par-dessus le parapet et tomba dans le
fleuve ; d’autres suivirent, puis d’autres encore. Les cris et les
sifflets lancés à l’encontre de Nell se muèrent en hurlements perçants et mises
en garde emplies d’effroi.
    « Mon Dieu ! s’exclama Merthin.
    — Que se passe-t-il ? » cria Caris.
    Ils vont mourir ! De tous ces gens parmi lesquels nous
avons grandi, ces femmes qui ont été bonnes envers nous, ces hommes que nous
avons détestés, ces mères et ces fils, ces oncles et ces nièces, ces maîtres
cruels, ces ennemis jurés et ces amants éplorés, il ne restera rien !
Voilà ce que Merthin aurait voulu lui dire, mais il ne put proférer un son.
    Le temps d’un soupir, il espéra que la structure
parviendrait à se stabiliser. Hélas, le pont pliait de plus en plus. Les
poutres entrecroisées donnaient de la gîte et sortirent de leurs logements. Les
planches posées en long et servant de plancher à tout ce peuple se libérèrent
des chevilles qui les retenaient ; les traverses qui soutenaient le
tablier se tordirent hors de leurs encoches et les croisillons de fer cloués
par Elfric au-dessus des fissures s’arrachèrent du bois.
    La pile centrale, qui se trouvait en amont par rapport à la
rivière et était donc visible à Merthin, s’affaissa. La charrette de laine
bascula et les personnes assises ou debout sur les sacs furent projetées dans
la rivière. Les grosses poutres du soubassement jaillirent de leur emplacement,
tuant quiconque se trouvait sur leur trajectoire. Le parapet, qui n’en était
plus un, s’effondra complètement et la charrette glissa lentement en arrière
dans les meuglements terrifiés de bœufs impuissants à la retenir. Elle traversa
les airs avec une lenteur cauchemardesque et heurta les flots dans un bruit de
tonnerre. Soudain, des gens par douzaines tombèrent ou sautèrent d’eux-mêmes dans
les flots ; puis ce fut la foule tout entière qui vint s’abattre sur eux,
suivie de peu par les poutres désagrégées, les unes réduites en tronçons, les
autres encore entières, monumentales. Les chevaux avaient basculé eux aussi,
avec ou sans leurs cavaliers. À présent, les chariots dégringolaient sur leurs
têtes.
    La première pensée de Merthin fut pour ses parents. Ni l’un
ni l’autre n’avait assisté au procès de Nell. Ils n’auraient pour rien au monde
suivi son châtiment : sa mère considérait ce genre de spectacle indigne de
sa position et son père ne s’y intéressait pas, la condamnée étant une pauvre
folle. Ils avaient préféré se rendre au prieuré faire leurs adieux à Ralph.
    Et Ralph, justement, se trouvait sur le pont.
    Merthin le voyait essayer de retenir son cheval qui s’était
cabré et battait des sabots. « Ralph ! » hurla-t-il en vain.
Puis

Weitere Kostenlose Bücher